MARCHE DU JEUDI 1er JUILLET 2004

LES BATAILLES DES FRONTIERES


UN EXEMPLE, LA 3e D.I.C. DE LA 4e ARMÉE, LE 22 AOÛT 1914

 

Cette première étape de la commémoration du 90ème anniversaire de la 1ère Bataille de la Marne, est consacrée à l'évocation des "batailles des frontières" qui furent des échecs français. La bataille pour Neufchâteau.

 

 

Quelles en sont les causes ? Le Général Langle de Cary qui commandait la 4ème Armée en donne quelques unes.

 

Extrait de "Souvenirs de Commandement 1914-1916", général de Langle de Cary, Payot, Paris-1935

 

" Le plan d'opérations est l'œuvre entière du général Joffre et de son Etat-Major. Il n'a pas été soumis à l'examen et l'appréciation du conseil supérieur de la guerre. La plupart des Commandants d'Armée, moi entre autres, nous ne connaissions que la zone de concentration de nos armées ; nous ne savions rien des intentions du général en chef. C'est sa méthode d'agir avec le seul concours de son entourage intime, sans consulter ses commandants d'armée, sans même les mettre au courant, autrement que par les instructions et les ordres qu'il leur envoie. Je ne critique pas, mais je crois préférable la méthode qui est fondée sur la collaboration et la confiance. Elle ne diminue en rien l'autorité du chef suprême auquel seul, appartient la décision.

L'offensive en Belgique a échoué pour d'autres motifs que celle de Lorraine. Là, nous nous sommes trouvés en présence d'une supériorité numérique notable, qui a permis aux Allemands leur grand mouvement enveloppant par la Belgique jusqu'à la mer.

Nous pouvions , il est vrai, percer en son milieu l'énorme arc de cercle formé par leurs armées de droite et du centre. Mais pour réussir cette offensive, deux conditions étaient nécessaires : la priorité de l'attaque et un terrain propice.

La priorité de l'attaque, nous ne l'avions pas eue du côté de notre Ve armée (Général Lanrezac) ni du côté de l'armée anglaise qui ne s'est pas trouvée prête à entrer en ligne à la date espérée, et c'est l'ennemi qui nous a attaqué (Charleroi).

De mon côté et du côté de la IIIe armée (du mien surtout) nous avons été lancés à l'offensive dans un terrain d'une difficulté inouïe : la forêt des Ardennes, véritable coupe-gorge, traversée par la Semoy qui formait barrage devant nous. L'ennemi était installé dans la forêt depuis plusieurs jours et à l'abri de ce masque il avait préparé une organisation défensive à laquelle se sont heurtés plusieurs de nos corps d'armée, le 17e notamment. Ce n'était pas un terrain d'attaque, surtout pour une armée. Aborder l'ennemi avec un pareil masque devant soi, s'était s'exposer aux plus graves mécomptes, malgré la valeur des troupes. Il eût fallu au moins sonder cette forêt en premier lieu ; mais le Général en Chef m'avait interdit d'y envoyer autre chose que de la Cavalerie. Il voulait en effet attaquer par surprise, et j'ai du m'incliner. La surprise a été pour nos troupes qui ont trouvé dans la forêt du fils de fer et des mitrailleuses habilement dissimulées. Ceci n'excuse pas les fautes commises de notre côté. Ainsi le 17e corps a été engagé en pleine forêt sans que les précautions les plus élémentaires aient été prises. Le corps colonial dont les excellents régiments n'étaient pas suffisamment rompus aux nécessités de la guerre continentale, surtout en face de l'armée allemande, s'est portée de l'avant avec un entrain magnifique, mais une imprudence absolue. Incomplètement protégée à sa droite par le 2e Corps , qui était en retard et qui, d'ailleurs, devait marcher en échelon refusé, il n'a pas su utiliser les renseignements fournis par les habitants, ni se faire couvrir par le régiment de cavalerie qui lui était affecté : de là une surprise terrible qui malgré le dévouement héroïque des officiers et le courage de la troupe, a causé la perte de près des deux tiers de la 3e Division Coloniale". "

 

Parmi les batailles des Frontières celle de Neufchâteau, dite également bataille de Rossignol mérite d'être étudiée car elle est l'illustration d'une mauvaise préparation ,d'un excès de confiance et des effets concrets de la doctrine de " l'attaque à outrance ", sur un terrain qu'on ne connaît pas et qui ne permet aucun déploiement. La 3e Division Coloniale y était anéantie. Au soir de la bataille, cette troupe d'élite laissait sur le terrain une dizaine de milliers de morts, blessés et prisonniers, dont ses trois généraux.

Parmi les combattants tombés lors de cette bataille, Ernest Psichari, Officier d'Artillerie Coloniale, écrivain connu, amie de Péguy qu'il précède dans la tombe de deux semaines ....


LA BATAILLE DE ROSSIGNOL, VUE PAR DES ANCIENS DE "LA COLONIALE"


POUR EN SAVOIR PLUS SUR LA 3ème D.I.C. A ROSSIGNOL


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