Dragon


 

EXPOSES EFFECTUES, EN 1999, SUR LE TERRAIN

En 1999, trois "Samedis de l'histoire de la Bataille de la Marne" ont eu lieu.

Samedi 29/5/99 : Les durs et âpres combats entre le Bois de Courton et le Bois du Roi

Samedi 19/6/99 :  Cote 240, verrou ouest du 1er Corps d'Armée Colonial

Samedi 11/9/99 : Percée allemande sur la rive sud de la Marne, de Dormans en Direction d'Epernay

Randonnée du 29 Mai 1999

Marche du 29/5/99

Randonnée du 29 Mai 1999

- Circuit d'environ 16 km

0. départ pour La Croix du Balai

1. Exposé à La Croix du Balai : 40ème division, composition, dispositif de défense. Bataillon du 161ème R.I.- 15 Juillet 1918

2. Attaque du 18 Juillet : 82ème RI, 4ème RI, 54 BTS - 20 Juillet : 44 BTS - 26 Juillet : 82ème RI, 329ème RI + chars

3. Lisière de la forêt de Courton et du Bois du Roi, en 12 jours huit divisions interviennent dans ce secteur

4. Attaque par le 53ème BTS appuyé par lance-flammes d'une section du génie le 26 Juillet

5. La Poterne - jonction du 5ème CA avec 2ème CAit, 52ème RIC avec 52ème RIit et plus encore avec des Sénégalais

6. Un peloton du 161ème RI tient cette position durant 3 jours avant d'être relevé (cote 242)

7. Paradis - Les violents combats pour tenter de reprendre ce hameau les 18-20, 23-26 Juillet

8. La Grand Mare - arrêt casse-croûte

9. Cimetière Britannique (Ecossais)

10. Assauts allemands le 15 Juillet avec des chars sur les lignes françaises et italiennes, liaison 5ème CA et 2ème CAit

11. Champlat - 1 ère position depuis le 1er Juin 1918 et retour sur Cuchery par les lisières de la Cohette

Résumé des exposés de Monsieur Jean Vedovatti

EXPOSES DE LA RANDONNEE DU SAMEDI 29 MAI 1999

N° 1 - Croix du Balai

Après avoir envahi, en août, la Belgique, le 3 septembre 1914, les armées allemandes arrivent dans notre région refoulant nos troupes vers le sud. Le 6 septembre nos soldats s'arrêtent, font face et à la surprise la plus complète passent à la contre offensive.

A leur tour les Allemands se replient, s'arrêtent et s'installent défensivement sur une ligne allant de Ville Tourbe, nord de Reims, nord de Soissons. La première Bataille de la Marne est terminée. La guerre de tranchées commence.

Notre région est libérée au cours des journées des 10 et 11 septembre et désormais, pendant près de quatre ans, va vivre sous le bruit des canonnades et des mouvements continuels de troupes.

Le 27 mai 1918, les Allemands lancent une très violente offensive sur la ligne située de Reims à Soissons (Chemin des Dames). Le dispositif de défense assurée par les troupes françaises et britanniques est enfoncé. Soissons tombe, Reims est presque encerclé, Château-Thierry est aux mains des Allemands ainsi que la rive nord de la Marne entre Château-Thierry et l'amont de Dormans, la rive sud reste aux mains des Alliés.

C'est dans ce contexte que notre 40ème Division d'Infanterie intervient dans la région dès le 30 mai, après de très durs combats dans les bois de Courmont, Bonval et la Cohette, afin de stopper le mouvement ennemi vers la Montagne de Reims, l'avance allemande est enrayée le 1er juin 1918. Les régiments de la 40ème D.I. sont répartis comme suit : le 161ème R.I. tient la ligne Champlat, La Neuville au Larris, lisières nord-est du Bois de la Cohette, le 150ème R.I. tient Cuchery et le Bois de la Cohette, le 251ème R.I. Cuisles, Baslieux et Le Rodemat. En plus de ses trois R.I., la 40ème D.I. est renforcée par les 6ème, 54ème et 77ème Bataillons de Tirailleurs Sénégalais, elle est commandée par le Général Laignelot.

A nouveau les combats d'infanterie cessent en dehors de quelques coups de mains. Afin de reconnaître de part et d'autre les positions d'avant postes mais aussi de tenter de capturer des prisonniers pour en tirer des renseignements. C'est ainsi que plusieurs de nos patrouilles de nuit sont accueillies près de Boujacourt, dans le Bois de la Cohette, au Moulin de Jonquery, au Moulin de l'Etau par des coups de fusils et des rafales de mitrailleuses. Les tirs d'artillerie plus ou moins violents continuent, très loin, sur les arrières. L'artillerie à longue portée peut tirer jusqu'à 27 kilomètres.

Il est évident qu'à partir de cette ligne de front, résultant de l'offensive allemande du 27 mai, d'autres batailles sont inévitables :

- Les Français peuvent attaquer sur les deux flancs de la poche, dans le but de la réduire;

- Les Allemands par une attaque sur la montagne de Reims et franchissement de la Marne, d'une part et attaque sur le front des Monts de Champagne, d'autre part, dans le but de faire tomber Reims, y capturer la Vème Armée qui en assure la défense et la couverture.

De cette hauteur de la Croix du Balai, cote 223, nous dominons le vallon du ru de Belval. Au fond, vers l'ouest, Cuchery, avec sur les hauteurs nord ouest le Bois de la Cohette, en haut sur le rebord du plateau, au nord, la Neuville au Larris Puis le hameau de Paradis au nord est, la ferme de la Charmoise dans le fond à l'est, le hameau d'Orcourt tout près à 500 ou 600 mètres au sud.

La 40ème Division, depuis son arrivée dans la région, fin mai, tient le secteur. En 1918, un bataillon d'infanterie est composé, en général, de 600/650 hommes répartis en 3 compagnies et d'une compagnie de mitrailleuses avec 8 pièces. Chaque compagnie dispose d'une dizaine de fusils mitrailleurs. Un régiment d'infanterie est formé de 3 bataillons et d'une compagnie de commandement et services (C.H.R. Compagnie Hors Rang). Un bataillon du 150ème R.I. assure la défense du Bois de la Cohette. Un bataillon du 161ème R.I. tient les lisières nord de la Cohette et la Neuville au Larris. Un bataillon du 150ème R.I. tient Orcourt et les bois au sud de ce hameau. Un bataillon du 161ème R.I. tient les hauteurs boisées situées tout de suite à l'est de la cote 223 et dominant toute la tête de ravin du ru de Belval.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, les Allemands passent à l'offensive tout d'abord par un formidable pilonnage d'artillerie qui dure plusieurs heures puis, au lever du jour c'est l'infanterie qui passe à l'assaut. Très rapidement les défenseurs de la Cohette et de la Neuville au Larris, rescapés du bombardement, sont infiltrés, puis encerclés. Les Allemands continuent leur progression, descendent les pentes de la Cohette arrivent à Cuchery et se regroupent.

Sur ses positions le 1er Bataillon du 161ème R.I. a pour mission de tenir à tout prix. Les hommes sont à leur poste de combat prêts à faire feux. Dès 7 heures, sous la protection d'un barrage roulant les Allemands gravissent les pentes du Calvaire, immédiatement après les fusils, les fusils mitrailleurs et les mitrailleuses du bataillon les prennent sous leurs feux. L'assaillant est décimé et se replie.

D'autres éléments qui progressent vers la Charmoise subissent le même sort. Plus tard les assaillant s'infiltrent dans le ravin d'Orcourt ils sont fauchés par une section de mitrailleuses qui a pris position à La Fortelle.

A 14 h 50, des mitrailleuses allemandes et un canon de 77 qui ont réussi à prendre position au Calvaire sont contre-battus par nos mitrailleuses. A 17 h 30, le Commandant reçoit l'ordre de se replier sur la 2ème position aux environ de Grand Pré. Le mouvement s'effectue à partir de 17 H 30. Le repli se fait avec une couverture de protection successive dans un ordre parfait, les blessés sont évacués, les armes et munitions récupérées. Le bataillon passe sous les ordres du 52ème R.I.C. et occupe les premières lignes de la seconde position, qui est devenue première position. Il est le dernier bataillon du 5ème Corps d'Armée a s'être replié.

Du 15 au 19 juillet, ce bataillon a perdu : 7 officiers, 11 sous officiers et 143 hommes.

N° 2 - Plateau de la Cote 247

Sur ce plateau de la Cote 247 (247 sur les cartes d'Etat Major françaises de 1918, 245 sur les cartes I.G.N. actuelles) nous arrivons au contact des avants postes de la deuxième position française d'avant l'attaque allemande du 15 juillet. Un réseau de fils de fer barbelés protège ce plateau orienté sud ouest, nord est, plus particulièrement dans la zone de pâturage située au sud de la route Orcourt - Grand Pré. En fin d'après midi du 15 juillet, les groupes de combats allemands arrivent au contact de notre deuxième position et s'y installent défensivement, en prévision de marches en avant ultérieures. Les bosquets, chemins, lignes de laies sont occupées, des mitrailleuses y sont installées.

Nous voici donc ici dans les premières lignes, ne pas confondre première position et première ligne. La première position, à cette période, est une zone de combat organisée sur une profondeur de 5 à 6 kilomètres, alors que la première ligne est là où l'on se trouve au contact des éléments avancés adverses. Sur cette première ligne de furieux combats vont se dérouler durant une dizaine de jours.

Les 16 et 17 juillet les Allemands continuent leurs assauts en direction d'Epernay mais pas sur ce plateau où ils subiraient de trop grandes pertes. Leurs attaques se situent au nord du Hameau de la Poterne en s'infiltrant dans la forêt de Courton et sud ouest par le Bois du Roi et la Ferme des Savarts. Ici seulement des accrochages entre patrouilles et éléments de reconnaissance. Au soir du 17 l'avance des Allemands est définitivement enrayée sur l'ensemble du front.

Le 18 juillet, la 9ème Division française, qui est composée des 4ème, 82ème et 329ème R.I., complétée par les 35ème, 44ème et 53ème Bataillons de Tirailleurs Sénégalais, commandée par le Général Gamelin, est arrivée la veille en secteur, passe à l'attaque.

Au nord de la route Orcourt - Grand Pré, le 4ème R.I., mais plus particulièrement un détachement de Sénégalais parvient à s'emparer du petit bois situé à environ 250 mètres au sud est de la cote 247. Le 82ème R.I. attaque au sud de la route. Il débouche des lisières ouest du Bois du Roi. A peine sorti il se heurte au réseau de barbelés dans lequel aucune brèche n'a été pratiquée, il est pris sur ce terrain absolument plat, par des feux rasants, de flancs et de face des mitrailleurs allemands. Après avoir subi de lourdes pertes il se replie à l'intérieur des bois.

Le 20 juillet la 9ème Division reprend son attaque, toujours le même secteur pour le 82ème R.I.. Des brèches ont bien été pratiquées dans les réseaux de barbelés malheureusement ces travaux ont été repérés par les Allemands qui se sont empressés d'y braquer leurs mitrailleuses. Quand l'attaque se déclenche, à nouveau, c'est sous un tir extrêmement violent et meurtrier effectué par les "Maxim". Une fois encore le 82ème R.I. se replie. Mais pouvait-il en être autrement. Quatre ans de guerre n'ont pas encore suffit à modifier le comportement de certains.

Le 44ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais a pour mission d'attaquer à cheval sur la route Grand Pré - Orcourt, de conquérir la cote 247 puis de s'avancer en direction de la Croix du Balai, cote 223. Il a été mis à sa disposition un canon de 37 avec 80 obus, dont 20 sont utilisés afin de détruire au préalable un nid de mitrailleuses. Les 60 autres devant être employés à neutraliser les mitrailleuses qui se révèlent pendant l'attaque.

A 8 heures, l'assaut est donné, les groupes de combat franchissent les brèches réalisées dans les réseaux de barbelés. Les mitrailleuses allemandes crépitent, malgré les pertes les Tirailleurs avancent et se font décimés. Le canon de 37 a, à peine, épuisé sa dotation d'obus, qu'il est pris sous un tir de 77 qui détruit la pièce et tue ses servants. Quelques Tirailleurs atteignent la cote 247. Ils sont hachés par les mitrailleuses.

Une cinquantaine d'Allemands débouchant des bosquets de la tête de ravin de la Fortelle passent à la contre attaque, une vingtaine de Sénégalais commandés par le Sous Lieutenant Belfis entrent en lutte avec eux et les massacrent presque tous.

Ne recevant pas de soutien, ne pouvant se replier, le 44ème B.T.S. continue à se faire hacher en épuisant ses munitions même celles récupérées sur les morts et les blessés. Dans le début de l'après-midi, l'aumônier protestant de la 9ème D.I., venu soigner le Sous Lieutenant Belfis qui était blessé, repart en arrière et revient chargé de musettes de cartouches.

Dans la nuit seulement, les débris, trop avancés, du 44ème B.T.S. pourront se replier, sous un bombardement !

Les pertes : Officiers Européens "Indigènes"
Tués 2 19 133
Blessés 5 34 190
Disparus 1 8 89
Total 8 61 412

Les disparus sont ou bien prisonniers, pour certains, ou tués, pour la plus part. Le total global de ces pertes n'est pas celui d'une division ! Non ! Simplement un bataillon !

N° 3 - Hameau de Grand Pré

Au hameau de Grand Pré, nous sommes a un point extrême de l'avance allemande.

Le 15 juillet, l'assaillant en est arrivé aux abords. Il faudra pas moins de 11 jours de combats pour le repousser et atteindre Belval qui est à moins de 800 mètres, ce qui laisse entrevoir l'âpreté des combats

Sur le plateau, en direction de Fleury-la-Rivière, vers le sud, se trouve le Bois du Roi, vers le nord ouest, le Bois de Courton. Sur ce glacis, qui s'étant de la Marne jusqu'au Bois des Eclisses pas moins de 12 divisions alliés sont intervenues en 12 jours.

Au sud, de la route en direction de Fleury-la-Rivière : la 8ème Division, la 7ème Division, la 1ère Division de Cavalerie et même un régiment de la 168ème Division (le 37ème R.I.)

A cheval sur la route : la 10ème Division Coloniale, la 9ème Division, la 40ème Division

Au nord de la route jusqu'à l'Ardre : la 8ème Division Italienne, la 120ème, la 14ème Division, la 51ème Division écossaise, la 62ème Division Britannique ont participé à ces combats.

A partir du 18 juillet, ne pouvant plus progresser, les Allemands effectuèrent de violents bombardements au gaz sur le Bois du Roi, le Bois de Fleury et le Bois de Nanteuil, qui n'est pas celui qui figure sur les cartes I.G.N. actuelle, sur les cartes d'Etat Major de 1918, c'est la partie de la forêt située au nord ouest du Bois de Fleury et sud est de la Poterne. Une forte proportion de nos troupes y furent soumise et le nombre d'évacuations, pour intoxication, considérable.

N° 4 - Le 53ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais

Le 26 juillet, le bataillon a pour mission de donner l'assaut aux Allemands qui occupent, depuis le 15 juillet, le village de Belval-sous-Châtillon et de reconquérir cette localité. Ce bataillon a déjà donné l'assaut, le 18 juillet, vers la Ferme des Savarts contre des éléments de la 1ère Division de la Garde, sa furia fut telle que des éléments de cette unité d'élite, complètement épouvantés, furent recueillis vers Montigny et Baslieux puis renvoyés dans les lignes, pourtant ils n'en étaient pas à leurs premiers combats.

L'attaque sur Belval est faite avec l'appui de 8 lance-flammes Schilt, le 329ème R.I. encadre le bataillon en attaquant les pentes ouest et est du village. Dans un premier temps le 53ème B.T.S. qui occupe le "Point du Jour" et les bois au sud est de Belval se recule, quelque peu afin de ne pas être atteint par le tir de neutralisation d'artillerie qui précède l'attaque. A l'heure "H", les Sénégalais s'élancent, "coupe coupe" à la main, pour certains, grenades pour d'autres, les hommes du Génie interviennent au lance flammes, ensemble ils enlèvent le premier pâté de maisons.

Les mitrailleuses allemandes crépitent particulièrement celles installées derrière le mur parallèle au mur sud du cimetière et celles de la pente abrupte, 200 mètres est de l'église que le 329ème n'a pas pu atteindre. Ils atteignent quelques autres maisons, sont repoussés à la grenade, repartent à l'assaut. La lutte est sanglante et sans merci, par trois fois l'assaut est donné. D'un côté comme de l'autre on ne fait pas de prisonniers. Puis chacun se retranche derrière des pans de murs à quelques dizaines de mètres d'intervalle. Le 53ème y passe la nuit, les Allemands, discrètement, abandonne le village.

Au cours de cette journée, le 53ème B.T.S. a perdu : 50 tués, 71 blessés et 35 disparus. Le 18 sur la Ferme des Savarts, ses pertes furent de 32 tués, 132 blessés et 15 disparus.

Dans le cimetière communal de Belval-sous-Châtillon une vingtaine de soldats y sont inhumés dont quelques Tirailleurs Sénégalais. Les tombes sont disposées le long du mur ouest. Les hommes qui y reposent ont été tués avant le 15 juillet 1918. Leur mort est due soit à des tirs de harcèlement de l'artillerie allemande, soit d'accident ou de maladie.

N° 5 - Hameau de la Poterne

C'est aux abords du Hameau de la Poterne que se situe, pour la deuxième position, la liaison entre le 5ème Corps Français et le 2ème Corps Italien. Cette liaison est assurée, les 15 et 16 juillet, c'est à dire lors des journées les plus critiques de la bataille par notre 52ème Régiment d'Infanterie Colonial, d'une part, et par le 52ème Régiment d'Infanterie Italien, d'autre part. De quoi assurer un maximum de confusion dans la transmission des ordres et informations. Les Allemands feront un effort particulier sur ce point sensible.

A noter que le 52ème Régiment d'Infanterie Coloniale appartenait à la 10ème Division Coloniale, 5ème C.A., Vème Armée, et que cette division, à gauche de son front, région de Troissy, avait installé son 33ème Régiment d'Infanterie Coloniale avec le 33ème Régiment d'Infanterie "métropolitain", 51ème D.I., 3ème C.A., VIème Armée. Curieux raisonnement de l'Etat Major ou bien inconscience ?

N° 6 - Nord de la Poterne

Le 15 juillet, le Hameau de la Poterne est sur la première ligne de la deuxième position dont la défense est assurée par le 52ème R.I.C.. Devant l'assaut allemand les rescapés des unités de la première position, tenue par la 40ème Division, se replient derrière la 2ème position. Toutefois des éléments du 161ème R.I., mis aux ordres du 52ème R.I.C. au cours de son repli, sont placés en avant du 52ème à 250 mètres, au nord ouest de la localité. Pratiquement encerclés, isolés, sans aide, ils tiendront jusqu'au 17 au soir avant d'être relevés.

N° 7 - Le Hameau de Paradis

Dans la matinée du 15 Juillet, les Allemands s'emparent de cette petite localité tenue par les Italiens. Ce hameau n'est ni sur la ligne de résistance principale, ni sur la ligne de seconde position, il n'est donc que faiblement pourvu d'organisation défensive et de garnison. Pourquoi ?

Dès que l'état-major allemand prend conscience de son échec offensif (17 Juillet) le hameau de Paradis est organisé défensivement. Sa résistance et celle de la croupe Croix du Balai - Grand Pré vont bloquer toutes nos contre attaques dans la haute vallée du ru de Belleval.

Depuis ces hauteurs les Allemands ont des vues excellentes sur tous nos mouvements dans les têtes de ravin. Les nids de mitrailleuses peuvent s'apporter mutuellement des appuis latéraux par des tirs d'interdiction.

Les combats pour la possession de ce petit hameau vont être acharnés. Ainsi du 15 Juillet au 27 Juillet 1918, si l'on se réfère au Journal des marches et opérations de l'infanterie divisionnaire de la 9ème division, il a été pris et repris 9 fois dont cinq fois pour la seule journée du 20 Juillet.

Ce 20 Juillet, la 9ème division doit s'emparer du hameau avec en première ligne le 35ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais, à sa gauche dans les pentes un bataillon du 4ème R.I., à sa droite dans le Bois de Courton des éléments écossais de la 51ème D.I.W. (Division Britannique) et en soutien un autre bataillon du 4ème R.I..

Presque aussitôt qu'il a quitté sa base de départ, le 35ème B.T.S. est pris de très violents feux de mitrailleuses et ses pertes sont lourdes. Il est alors dépassé par le bataillon de soutien du 4ème R.I. (Bataillon Charlent) qui, d'assaut, s'empare de Paradis en y capturant la garnison. Dans l'après-midi une contre-attaque allemande le rend aux Allemands, à 18 heures 30 le Bataillon Charlent le reprend et dans la soirée les Allemands en reprennent possession.

Le 21, le 4ème R.I. attaque, encore une fois, le village, pour cela il a l'aide d'une compagnie de lance-flammes. A 9 heures 50, les Français sont maîtres de Paradis mais en sont presque immédiatement rejetés.

Le 22, la 9ème D.I. veut en finir avec la prise de Paradis. Malgré les difficultés d'acheminement des pièces et des munitions une batterie d'Artillerie de Tranchée de 58 est mise en position. Les mortiers de tranchée de 58 N° 2 (Crapouillots) envoient des projectiles de 35 à 40 kg avec une charge d'explosif d'environ 10 kg, la portée est d'environ 500 m, les effets destructeurs et démoralisants de ces bombes sont terribles.

Cette batterie d'Artillerie de Tranchée et une batterie d'Artillerie Lourde doivent écraser le village avant l'attaque d'infanterie. De 15 heures à 17 heures, deux heures durant, les bombes et les obus de gros calibres tombent. Puis le tir destructeur cesse, l'infanterie française sort de ses trous de protection et tente de se lancer mais déjà les mitrailleuses allemandes rescapées du bombardement sortent des caves étayées et fauchent nos fantassins. L'attaque a échoué.

Les 23, 24 et 25 Juillet, il n'y a pas de tentative d'attaque, quelques patrouilles s'approchent prudemment en reconnaissance vers les ruines. Elles sont aussitôt prises sous le feu des mitrailleuses et tirs de barrage d'Artillerie.

Le 27 juillet, Les 35ème et 60ème R.I. de la 14ème D.I., qui ont relevé la veille, dans ce secteur, la 9ème D.I., passent à l'attaque de la position. Dans la nuit du 26 au 27 les Allemands ont quitté le hameau pour se replier sur Ville-en-Tardenois. Paradis est réoccupé conjointement par ces deux régiments. Seules quelques brèves rafales de mitrailleuse provenant des hauteurs boisées situées à 250 m à l'ouest sont envoyées par des retardataires pour couvrir leur décrochement.

N°8 - Aire de pique nique de la Grande Mare, sur la route Paradis - La Neuville-aux-Larris.

Cet endroit est le 14 Juillet 1918 la limite entre le 5ème Corps d'Armée Français commandé par le Général Pellé pour le coté sud et le 2ème Corps d'Armée Italien pour la partie nord. Le 54ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais occupe les pentes coté sud. Dans la journée du 15 Juillet, fortement bousculés par le mouvement offensif allemand, les Français et les Italiens se replient sur La Poterne.

N° 9 - En arrivant à La Neuville-aux-Larris, venant du hameau de Paradis, un cimetière militaire côtoie le cimetière communal.

Il s'agit d'une nécropole britannique parfaitement entretenue.

Dans les derniers jours de Mai 1918, notre front du Chemin des Dames ayant cédé devant l'offensive allemande, la 19ème Division Britannique est envoyée, précipitamment, dans la région de Ville-en-Tardenois pour soutenir les divisions françaises et tenter de stopper l'avance allemande.

Dans un premier temps, prise dans la tourmente, elle doit aussi se replier. Puis à partir du 1er Juin notre front se stabilise et la 19ème Division s'établit défensivement sur la rive gauche de l'Ardre : Montagne de Bligny - Bois des Eclisses.

Avant d'être relevée par la 8ème Division Italienne elle subit plusieurs attaques allemandes dont un assaut particulièrement brutal le 6 Juin.

Les tombes dont les plaques signalent la mort de soldats en Mai ou Juin sont des sépultures de soldats de la 19ème D.I.W. décédés au cours de ces combats ou dans des sections médicales installées à La Neuville-aux-Larris.

Toutefois, la majorité des sépultures sont datées des 20, 22, 24 Juillet 1918. Plus particulièrement du 20. Vers la mi-Juin, la 19ème D.I.W. est donc relevée par la 8ème D.I.It. du 2ème C.A.It., qui, lui, prend position sur les deux rives de la vallée de l'Ardre, depuis les abords de La Neuville jusqu'au nord-ouest de Sainte Euphraise. Ce C.A. va subir le choc de l'offensive allemande et devra se replier sur la 2ème position jalonnée par La Poterne - Pourcy - Courmas après avoir subit des pertes considérables.

Le 20 Juillet les Italiens sont relevés par le 22ème C.A.W. qui est composé de la 62ème D.I.W. et de la 51ème D.I.W.. Cette dernière est la célèbre division écossaise. Le 20 Juillet, l'entrée en ligne de ce corps d'armée se fait en donnant directement l'assaut par dépassement des lignes : la 62ème sur la droite de l'Ardre, la 51ème sur la gauche, à partir d'une ligne : Pourcy - La Poterne.

L'assaut donné par les Ecossais est impétueux, les défenses allemandes bousculées. Dans leur élan les groupes de combats de la 51ème D.I.W. parviennent jusqu'aux lisières nord-ouest du Bois de Courton devant La Neuville et à Nappes; mais à sa droite la 62ème D.I.W. est stoppée devant Marfaux et à sa gauche la 9ème D.I. (Française) qui attaque aussi ne parvient pas à reprendre Paradis. Les Ecossais sont trop en flèche et sous les contre attaques allemandes sont contraints de se replier sur une ligne nord-est de Paradis - est d'Espilly. Leurs pertes sont lourdes.

D'autres assauts donnés le 22, 24 et 26 Juillet leur occasionnent de nouvelles pertes. Ainsi la majorité des sépultures de ce cimetière sont celles de ces soldats écossais tués aux combats dans les Bois de Courton. On peut remarquer le jeune âge de ces hommes du : Gordon Iglanders, Seafort Iglanders, Black Watch et autres.

N° 10 - Sur ce plateau nous sommes encore à un point de liaison du 5ème Corps Français et du 2ème Corps Italien.

Dans la matinée du 15 Juillet l'infanterie allemande y a donné l'assaut appuyée par des chars d'assaut.

Il est possible que ces chars fussent de fabrication britannique ou même française. Durant la 1ère guerre mondiale, les Allemands n'ont fabriqué que très peu d'engins. Par contre lors de leurs offensives du printemps 1918 ils s'emparèrent de nombreux chars qu'ils ont utilisés sur différents secteurs. Notamment sur le fort de La Pompelle (Tanks britanniques)

N° 11 - A Champlat, là, se situe la 1ère ligne le 14 Juillet 1918.

En effet depuis le 1er Juin 1918, l'offensive allemande du 27 Mai est venue s'échouer ici sous les feux de notre 161ème R.I. et de quelques éléments disparates d'autres unités dont quelques groupes de la 19ème D.I.W..

Les Allemands sont à Boujacourt. Le fond du vallon qui courre vers le nord est la ligne de no man's land. Sur chacune des pentes, chacun s'y installe défensivement avec quelques avant postes et réseau de fils barbelés.

Dans le courant du mois de Juin un tir d'obus incendiaires effectué par l'artillerie française sur le Bois Bourquet (2000 m au nord de Champlat) met le feux et en chasse, provisoirement les Allemands qui le quittent en s'enfuyant sous le regard des soldats du 161ème.

Quelques jours seulement avant le 15 Juillet, par ordre de notre 5ème Armée (Général Berthelot), le 2ème C.A.It. étend son front sur sa gauche, le 161ème est relevé à Champlat par des éléments du 19ème R.I.It., qui, comme pratiquement toutes les unités de première ligne, seront anéantis ce 15 Juillet. Champlat est réoccupé par la 14ème D.I. (Française) le 27 Juillet.

Randonnée du 19 Juin 1999

- Circuit d'environ 11/12 km, assez accidenté. Un itinéraire en voiture est possible à partir de Coulommes - Cote 182 - pour les personnes qui ne pourraient pas faire la marche

- Départ de la Coopérative de Janvry - Germigny.

- Il y a environ 3 heures de marche à temps plein auxquelles il faut ajouter le temps du casse-croûte et des exposés, variante possible suivant l'état du terrain

Itinéraire de la marche avec exposés
historiquesdu 19 Juin 1999

0 - Départ pour la Cote 204

1 - Situation de Janvry - Germigny - Rosnay - Muizon pendant la guerre et en 1918

2 - Entre la cote 204 et 211

Vue sur le massif de St. Thierry et la vallée de la Vesle

L'attaque du 27 mai

Le front anglais au nord de Jonchery

L'avance allemande entre Loivre - St. Thierry et Gueux

La situation autour de Reims

3 - Cote 208

Les combats de la vallée du Noron et de la vallée de l'Ardre

Développements de l'avance vers Ville en Tardenois et Courton - Bois de Beneuil

- Bois des Eclisses - Bois des Dix Hommes

4 - Cote 240

Un front non construit mais une position stratégique aménagée et défendue remarquablement

Le corps d'Armée Colonial

Les combats autour de la cote 240

5 - Le Ravin de Coulommes

Son rôle, la défense de Reims au sud-ouest, dans la plaine

6 - Au dessus de Vrigny

Rappels du front de Champagne en 1917, prolongement du Chemin des Dames, Courcy - La division Russe)

7 - Cote 211

La contre-attaque de Juillet à l'ouest de Reims

Le front de Champagne à l'est de Reims

La reprise du massif de St. Thierry en Septembre 1918

8 - Retour à la Coopérative

Randonnée du 19 Juin 1999

Résumé des exposés de Monsieur Jean Claude Carnoye

SITUATION DES VILLAGES DE JANVRY, GERMIGNY, ROSNAY, MUIZON, VRIGNY PENDANT LA GUERRE 1914 - 1918

En Septembre 1914 la guerre de mouvement a vu passer les Allemands, ils sont repassés quelques jours plus tard. Le 12 Septembre des combats relativement violents se déroulent entre Vrigny, Gueux et Thillois; les 39ème, 74ème et 274ème R.I., régiments normands, subissent des pertes. L'artillerie française, par ailleurs, cause de nombreuses pertes dans les tranchées de Thillois occupées par les Allemands.

Pendant 4 ans, les villages cités seront des villages de l'arrière du front, situé à environ 15 km, allant du nord de Bétheny au Chemin des Dames. Bien souvent des régiments y viennent au repos. L'artillerie sur voie ferrée est dissimulée dans les bois des Boyers entre Rosnay et Muizon, les bois de la Garenne de Gueux sont aussi occupés par l'artillerie à longue distance.

Muizon est la dernière gare avant Reims. Son quai de débarquement (et d'embarquement) est utilisé constamment par les troupes et le matériel qui sont dirigés vers le front de Reims. Un train sanitaire partait pratiquement chaque jour de Muizon en direction de Paris à certaines périodes.

L'aviation avait installé dès 1914 un camp à Muizon puis à Rosnay sur le plateau de Moulin à Vent. Des documents montrent que Muizon, au début, était survolé par de nombreuses "saucisses" d'observation. C'est aussi entre Muizon et Jonchery que s'est déroulé le premier combat aérien de la guerre, le 5 Octobre 1914. Le Capitaine Jobit, dans ses carnets, a rapporté de façon précise le combat entre le "Voisin V89" de Frantz, le pilote et Quenault, le mitrailleur avec l'"Aviatik 281". Les deux aviateurs allemands moururent carbonisés.

Le terrain d'aviation de Rosnay a vu passer de nombreuses escadrilles de chasse avec les pilotes aux noms célèbres mais aussi des escadrilles de bombardement ou de missions spéciales. Le premier bombardement de nuit français est parti de Rosnay vers la gare de Laon dans la nuit du 1er au 2 Juillet 1916 - quatre avions "Voisin" sous le commandement du Capitaine Thèbault ont lâché chacun : 5 obus sur les installations ferroviaires !

LA PRÉPARATION DE L'ATTAQUE ALLEMANDE DU 27 MAI 1918

Du 25 avril au 26 mai Ludendorff prépare activement l'offensive :

- l'infanterie est minutieusement entraînée

- l'armement est augmenté (5 voire 6 mitrailleuses par compagnie, grenade à fusil de modèle nouveau, fusil contre les tanks).

- la nourriture est améliorée en quantité et qualité

- la discipline est raffermie

- les précautions les plus méticuleuses sont prises pour dissimuler les mouvements et les concentrations de troupes (secret des itinéraires, des stationnements et des unités voisines). L'aviation française n'a pratiquement rien vu.

Le front d'attaque est reparti en 3 zones :

- de Reims à Berry au Bac (3 divisions sur 10 km)

- de Berry au Bac à Leuilly (Laon) (15 divisions sur 45 km)

- de Leuilly à Manicamp (2 divisions pour 20 km)

avec des divisions de réserve.

LA PRÉPARATION ALLEMANDE DANS LE SECTEUR DE REIMS

Le groupement Brimont est commandé par le Général Ilse. Son rôle est de s'emparer du Massif de Saint Thierry , de déborder Reims par l'Ouest et d'atteindre une ligne allant de Reims à Ormes pour cela :

- la 242ème D. attaquera entre Bétheny et Tinqueux,

- la 213ème D. entre Tinqueux et Vrigny,

- la 33ème D. entre Vrigny et Janvry-Germigny,

- la 86ème D. attaquera entre Janvry et Poilly,

- la 232ème D. entre Poilly et Chambrecy.

Ces divisions connaissent le terrain. Dans les zones d'attaque principale, chaque division occupe un front de 2 à 3 km ; dans les deux zones secondaires, la zone d'action varie entre 3 et 4 km. Les divisions comportent 2 régiments en première ligne, 1 régiment en réserve.

45ème D.I.

Le dispositif de la 45ème D.I. française dans le massif de St-Thierry et le dispositif de la 21ème D.W. anglaise le 27 mai lors de l'attaque. Le dispositif français a été contourné par l'ouest.

Dans chaque régiment de tête, 2 bataillons accolés en première vague d'assaut, 1 bataillon en soutien. Les bataillons de première ligne sont échelonnés en profondeur: 2 compagnies à l'avant, 1 en soutien, 1 en réserve, séparées de 200 m.

Chaque division comporte en plus des sections d'assaut, des compagnies lance-flammes, un détachement mitrailleur et des compagnies cyclistes (pour les liaisons). Chaque régiment dispose d'une batterie d'accompagnement pour lutter contre les défenses locales.

Le groupement Brimont comprend 60 batteries d'artillerie IKA et AKA chargées les unes de neutraliser les points d'appui et les positions ennemies, les autres de réduire au silence les batteries ennemies. Il dispose en plus de groupes d'action lointaine chargés de bombarder les localités, les camps, les PC, les observatoires, les ponts d'un groupement d'artillerie à longue distance (fort de Brimont) et des compagnies de lance-bombes.

Les directives allemandes montrent que tout est prévu avec une précision remarquable, par exemple, les dépôts de munitions préalables sont camouflés en plein champ mais on a labouré autour pour effacer toutes traces avec interdiction d'y accéder de jour comme de nuit avant l'arrivée des pièces au dernier moment.

Entre Courcy et Leuilly on dénombre a peu près 1 500 batteries, en moyenne 30 batteries au kilomètre, la plus forte proportion enregistrée depuis le début de la guerre.

LE DISPOSITIF FRANÇAIS LE 26 MAI

Le front passe au Nord de Loivre, au Nord de Courcy, au Nord de Bétheny, au Linguet, au Nord de la Pompelle.

- La IVème Armée tient le front de Champagne Reims inclus (Général Gouraud)

- La VIème Armée (Duchêne) tient un front de 90 km de Reims à l'Oise avec le Chemin des Dames dégarni, secteur calme. Le PC est à Belleu près de Soissons, mais cette armée ne comprend que 2 corps d'armée, le 11ème français vers Soissons et le 9ème Corps Britannique dont le PC est à Jonchery.

Les liaisons sont difficiles et vulnérables. Duchêne d'autre part, couvert par Franchet d'Esperey, a refusé d'appliquer la tactique Pétain qui sera exécutée efficacement par Gouraud sur le front de Champagne un peu plus tard.

Il existe des "trous énormes" sur ce front ; c'est là que les Allemands vont porter leur premier effort rendu plus facile par la situation.

Le 26 mai la Vème Armée (Micheler) est dans l'Ouest, elle ne sera reformée sur Reims que le 29 mai. Reims est tenu par le 1er C.A.C., (corps d'Armée Colonial) il comprend la 3ème D.I.C., la 2ème D.I.C. et le 134ème R.I. qui défend la ville elle-même.

La 45ème D.I. qui défend le massif de Saint Thierry est isolée et dépend de la VIème Armée. (Le 27 mai elle sera intégrée à la 4ème Armée et le 29 mai à la 5ème Armée)

CONTOURNEMENT PAR L'OUEST DU MASSIF DE SAINT THIERRY

Attaque Allemande

DE LA COTE 208 - VUE DU COTE DE LA VALLEE DE L'ARDRE

On peut de cette position situer les lignes de front du 4 Juin au 5 Août 1918.

La ligne de front du 4 Juin, date à partir de laquelle le front de la vallée de l'Ardre et de la face ouest de la cote 240 s'est stabilisé. Du Bois Planté de Vrigny, la falaise de Ste Euphraise, le Bois de la Vallote, la pointe nord du Bois des Dix Hommes, le village des Bligny, la montagne de Bligny, le nord du Bois des Eclisses. Le front partait ensuite vers le sud-ouest vers Dormans.

Les Italiens occupent ce secteur à partir du 12 Juin entre la zone de la Cote 240, tenue par la 2ème Division Coloniale et la zone tenue par la 19ème Division Britannique à l'ouest du massif des Eclisses.

La 3ème D.I. Italienne tenait la partie est de ce front, la 8ème D.I. Italienne la partie ouest et la 120ème D.I. Française, intégré au 2ème C.A. Italien, tenait la partie centrale un peu plus en arrière, (des bataillons italiens sont passés sous le commandement de la 120ème D.I. et des bataillons français sont passés à la 3ème D.I.I. et à la 8ème D.I.I.). L'artillerie italienne et française était concentrée au sud et à l'est du secteur.

Après l'attaque du 15 Juillet

Le front s'est effondré et le 18 Juillet il a pivoté du Bois Planté à la Forêt de Courton, visible à l'horizon. Tous le secteur visible situé au nord, à l'ouest et vers le sud était allemand.

La contre-attaque du 18 Juillet

La contre-attaque se développe dans le Bois de Courton, mais elle est différée à cause des unités qui ont subi de fortes pertes et le 2ème C.A. Italien doit être remplacé par le 22ème C.A.W. (Britannique) qui comprend deux divisions 51ème D.I.W. et la 62ème D.I.W.. La 120ème D.I. Française est intégrée au 22ème C.A.W.. Les deux divisions britanniques sont peu expérimentées, elles ont subi de lourdes pertes sur la Somme et celles-ci ont été compensées par l'incorporation de très jeunes soldats.

Les cimetières britanniques du secteur : Courmas, Bouilly, Marfaux, Chambrecy, La Neuville-aux-Larris, Jonchery ... en témoignent. La 51ème division perdra 2200 hommes du 20 au 22 Juillet et la 62ème : 2800, pour la même période.

D'autres unités comme la 77ème D.I. seront appelées en renfort pour la contre-attaque. La progression et la libération des villages continuera jusqu'au 4 Août, date à laquelle le front se stabilise le long de la Vesle. La Vesle est atteinte le 3, il ne reste qu'une poche le 4 Août à Muizon, vraisemblablement pour "récupérer" les éléments isolés

Du 4 Août au 30 Septembre, le front est stabilisé le long de la Vesle.

Du 1er Octobre au 5 Octobre

Le massif de St Thierry est libéré. La traversée de la Vesle s'est effectuée au niveau de Jonchery pour contourner le massif par l'ouest, en direction du nord, les Allemands décrochent ensuite de tout le massif.

LA COTE 240, JUIN, JUILLET 1918

La cote 240 culmine à l'ouest de Reims au dessus des communes de Vrigny, Gueux, Janvry, Méry-Prémecy. Ce sommet domine au nord la vallée de la Vesle entre Reims et Jonchery, à l'est la plaine de Reims, à l'ouest le plateau de Janvry, Germigny, Rosnay, au sud-ouest une partie de la vallée de l'Ardre.

Sur ce point stratégique un fort devait y être construit dans les années 1880 (plans Serré de Rivière), le projet a été définitivement abandonné en 1888.

De la cote 211 on peut voir presque tous les forts de la ceinture de Reims. Sur trois faces, la "Cote 240" a été l'objet de combats sanglants causant la perte d'innombrables vies françaises, "coloniales", italiennes, anglaises et allemandes. La prise de cette position aurait permis de prendre Reims, par l'arrière, ville trop bien défendue pour être attaquée de front. Ce sont les éléments de la 213ème D.I. Allemande et de la 33ème D.I., intégrées à l'aile de la 1ère Armée Allemande qui étaient chargées de l'opération.

31 mai à partir de 8 heures, le village de Vrigny est attaqué par 3 régiments après une violente préparation d'artillerie. L'attaque est perturbée par l'artillerie française, située vers Les Mesneux et Bézannes, guidée par l'aviation. Le 74ème R.I. pénètre dans le village mais doit se retirer sous l'effet des bombardements. A 14 heures 30 une manoeuvre d'encerclement complet échoue, comme l'attaque de la Cote 240 par l'ouest.

1 juin : à 9 heures l'infanterie attaque le village de Vrigny après un violent bombardement, à 12 heures l'attaque est repoussée par les Tirailleurs Algériens. Le 364ème R.I. a également échoué en attaquant à partir de Gueux.

à 20 heures l'attaque est renouvelée "succès manqué pour les deux divisions sur le village", "la Cote 240 a été attaquée par trois fois, avec des pertes énormes occasionnées par les Coloniaux Français". (doc. allemand)

9 juin : attaque du village et de la Cote 240 par l'ouest, le Bois Planté, le terrain est repris par le 43ème R.I.C..

13 juin : violent bombardement de Vrigny occupé par les Sénégalais, "tout homme qui se découvre est "ajusté" par une mitrailleuse, un fusil ou un mortier français", l'attaque de la face ouest, vers 13 heures est repoussée.

16 Juillet : vers 20 heures nouvelle attaque de la face ouest défendue efficacement par les Sénégalais.

23 juillet : puissant feu roulant sur la Cote 240 et les espaces boisés situés à l'arrière

25 juillet : dernière attaque par le nord-ouest repoussée.

LA DEFENSE DE REIMS

Le 1er C.A.C. dispose dans Reims et ses faubourgs de la 134ème D.I. (Général Petit dont le PC est à Bézannes). La stratégie est la suivante : si une première partie des positions est submergée le commandement a prévu 3 régions d'arrêt et 3 réduits pour dissocier et briser l'attaque. Les réduits sont :

- le "Bled" de Reims

- le réduit englobant la cote 240 et la Chapelle Saint Lié (Vrigny - Villedommange)

- le Fort de la Pompelle

Ces points d'appui permettent aux réserves de se rétablir sur les premières lignes. Même enveloppés ils doivent tenir en tant que places fortes comme La Pompelle a déjà tenu plusieurs fois. Il faut préciser qu'avant il n'existait pas de positions de repli en arrière du front de Reims. C'est le 34ème Corps d'Armée (Nudant) qui organisera les arrières après le 28 mai. De durs travaux seront effectués de jour et de nuit entre Bezannes et la Montagne de Reims. Les jeunes de la classe 1918 ont été intégrés en "bataillons de marche" à cet effet.

LE PLAN DE DEFENSE DE LA VILLE DE REIMS

Cette défense comprend :

- 1 "parallèle de surveillance" (1ère couverture qui est connue, seule, de l'ennemi)

- 1 parallèle "principale" (la zone située entre les deux sera évacuée rapidement en cas d'attaque)

- 1 parallèle de "soutien"

- 1 parallèle "de réduit" étalée sur toute la partie Nord du canal, avec en soutien supplémentaire dans certaines rues : 1 bataillon de territoriaux et 8 compagnies de mitrailleuses. Ces régiments sont incrustés dans les ruines bien souvent ou dans les terrains des jardins publics (Saint Nicaise, Parc Pommery, etc.) 1 bataillon est en réserve à Tinqueux.

4 régiments tiennent en profondeur ces parallèles : 63ème R.I., 65ème R.I., 100ème R.I., 22ème R.I.C.

63ème R.I. 65ème R.I. 100ème R.I. 22ème R.I.C. parallèle de surveillance
parallèle principale
parallèle de soutien
parallèle de réduit

arrières

Le service de transmission a été établi par l'officier Debenoist, toutes les lignes sont reliées aux P.C. des colonels par les égouts - elles ne craignent rien en cas de bombardement (ce qui n'est pas le cas en rase campagne, malheureusement). Un plan antichar est prévu avec des barrages de mines, des coupes de toutes les routes et la destruction éventuelle des ponts. Les manoeuvres de l'artillerie sont remarquables avec des pièces "baladeuses" qui font croire à des dispositions de batteries. L'ennemi n'a jamais su leurs positions et leur nombre. L'artillerie "antitank" comprend des pièces isolées à la périphérie. L'artillerie comprend 4 groupes d'appui direct, 1 groupe de 75, 2 groupes de 155 courts plus l'artillerie permanente : 90 - 95 - 120 et 155 longs.

L'ORGANISATION DE L'ARRIERE

Elle comprend 3 positions :

- 1ère position avec 5 quartiers jalonnés de tranchées de Champigny à Murigny.

a) Cote 114

b) Mont Saint Pierre

c) Les Gréviaires

d) Le cimetière Ouest

e) Murigny

- 2ème position : La Garenne de Gueux, Thillois, Bezannes, la route d'Epernay.

- 3ème position : la Cote 112, Ormes, Les Mesneux, la Cote 122.

Ces organisations se prolongent d'une part à l'Est vers Trois Puits - Champfleury - Montbré, à l'Ouest vers Gueux - Janvry - Rosnay et au Sud vers Vrigny - Coulommes - Pargny - Jouy.

Les Allemands en fait n'attaquent pratiquement pas Reims de front, mais essayent de contourner la ville par la Pompelle, la Vallée de l'Ardre ou Gueux. Ils connaissaient vraisemblablement les lignes enchevêtrées de réseaux de fils de fer barbelés, de nids de mitrailleuses, de chevaux de frise à travers lesquels il était impossible de passer sans subir des pertes effroyables.

"L'ingéniosité du plan de défense va créer un véritable réduit de défense au coeur même de la ville en ruines. Ce ne sera pas une forteresse de Vauban mais une véritable forteresse souterraine".

C'est la raison pour laquelle, le général Petit, couvert par Micheler, refusera d'appliquer les ordres de Franchet d'Esperey, général commandant le Groupe d'Armées du Nord (G.A.N.), qui voulait évacuer la ville, les 29 et 30 mai; alors que les Allemands menacent dangereusement Reims par le sud. (Micheler et Franchet d'Esperey seront sanctionnés le 11 Juin par Clémenceau, Petit est passé dans les oubliettes de l'histoire.)

1917 AU NORD DE REIMS, RAPPEL, VUE SUR BRIMONT

L'offensive dite du "Chemin des Dames" s'est déroulée jusqu'au Nord de Reims : de Berry au Bac à l'est de Brimont.

Dans le secteur Courcy - Brimont, une des trois brigades russes la B.R.S. (Brigade Russe Spéciale) a été engagée. Commandée par le général Lohvitzky, elle était basée dans les Monts de Champagne, (région de Prunay - Saint Hilare au Temple). Après une période d'instruction dans le secteur de Ville-en-Tardenois, où le terrain est semblable à celui de Courcy, elle arrive en position dans la nuit du 11 au 12 mars 1917, jour de la destitution du Tsar.

100 000 hommes sont en position entre les Cavaliers de Courcy et l'écluse de La Neuville. L'attaque est prévue le 16 avril à 6 heures du matin. Pendant les huit jours précédents, l'artillerie française pilonne la Butte de Brimont. Mais la veille de l'attaque, un coup de main allemand, d'une violence peu commune, avec des torpilles et des lance-flammes, enfonce le front sur 5 km à l'ouest de Brimont, 800 soldats français sont mis hors de combat et les plans de l'attaque française dans le secteur tombent aux mains de l'ennemi !

Le plan d'attaque de la B.R.S. consiste à s'emparer du village de Courcy, d'un secteur de la voie ferrée Reims-Laon et d'enlever la verrerie de Courcy. Les Français avaient prévu d'assécher le canal pour le traverser mais les Allemands avaient refait un barrage. Le canal n'est donc pas asséché, partiellement vidé il sera difficile à traverser.

Dès le début de l'offensive le 1er bataillon, du 1er régiment perd les 2/3 de ses effectifs. Le 2ème bataillon subit aussi des pertes énormes. Le 2ème régiment progresse normalement vers le canal.

Le 19 avril, la B.R.S. composée de 2 régiments à 3 bataillons de 1300 hommes, soit environ 8000 hommes, perd 65 % de ses effectifs (5183 hommes). Coucy, le Château, la rive du canal bordant les pentes sud de Brimont sont repris aux Allemands, mais le fort n'est pas repris.

Les 1ère et 3ème Brigades Russes, compte tenu des événements de Russie, sont considérées comme inutilisables. On peut imaginer l'état d'esprit de ces hommes avant l'attaque et après, dans le contexte politique.

LA LIBERATION DE LA VALLEE DE L'ARDRE ET LA REPRISE DU MASSIF DE SAINT THIERRY

La contre-attaque a été amorcée dès le 18 Juillet 1918, c'est ce jour là qu'une inversion s'est produite dans le déroulement de la bataille, les Allemands n'avanceront plus. Mais le 2ème Corps d'Armée Italien étant décimé, il faudra attendre son remplacement par le 22ème C.A.W. (Britannique).

Des combats très meurtriers, verront la difficile progression des unités alliées renforcées à l'ouest, derrière le Bois des Eclisses par des bataillons sénégalais et à l'est par les unités du 1er C.A.C. (D'autres unités comme la 77ème Division et des bataillons de Chasseurs prendront part aux combats).

Les cimetières de Marfaux, de Bligny pour les Français et les Allemands, de Bligny, aussi, pour les Italiens et les six cimetières anglais cités précédemment témoignent des pertes subies.

Bouilly et Courmas sont libérés les 20 et 21 juillet. Le front est resté une semaine entre les deux parties du village de Ste Euphraise et Clairizet. Les combats de la forêt de Courton ont duré une semaine. Chaumuzy sera libéré le 27, Bligny le 28, Chambrecy le 30, ensuite la progression sera générale et constante les 2 et 3 août. La dernière poche allemande au sud de la Vesle, à l'ouest de Muizon sera occupée le 4 août.

Le 31 juillet les Britanniques sont, à leur tour, relevés par les Français. A titre d'exemple, la 51ème D.I.W. a perdu en 11 jours 173 officiers et 3690 hommes dont beaucoup de jeunes nouvellement incorporés, les tombes en témoignent aussi : 18 ans, 19 ans, 20 ans .....

Le front s'est stabilisé ensuite le long de la Vesle jusqu'au 30 septembre. La rivière sera franchie, ce jour-là, à l'ouest de Jonchery dans des conditions particulières, les hommes étant debout dans la rivière portant des échelles à bout de bras, pour faire passer les unités, dont un bataillon sénégalais.

La tactique a été identique à celle des Allemands le 27 mai, on contourne le massif par l'Ouest pour forcer les Allemands à décrocher du massif du 1er au 5 octobre. Il faut préciser que l'attaque de la IVème Armée du général Gouraud à l'est de Reims a contribué aussi repli allemand du massif de St Thierry.

DATES DE LIBERATION DES VILLAGES

Dates de libération des villages

Randonnée du 11 Septembre 1999

- Circuit d'environ 15 km.

- Départ de Port à Binson.

Itiniéraire de la marche du 11/9/99

LES EXPOSES

1 - 9 heures, rappel du mouvement offensif allemand du 15 juillet 1918, sur la Marne, et plus particulièrement sur la rive sud .

2 - La 10ème Division de LANDWER et la défense d'Oeuilly.

3 - Intervention le 16 juillet des automitrailleuses du Corps de Cavalerie.

4 - Stèle du Sous-Lieutenant de Rohan Chabot à Montvoisin. Prise et reprise du village.

5 - Plateau de la Cense Carrée. Combats du 41ème R.I. et reprise du village d'Oeuilly.

6 - Arrêt Casse Croûte

7 - Combats pour le Bois du Crochet, le Bois des Châtaigniers et mort du Commandant de Surian sur la crête de Huche Perdrix.

Retour vers Port-à-Binson

Résumé des exposés de Monsieur Jean Vedovatti

EXPOSES DE LA RANDONNEE DU SAMEDI 11 SEPTEMBRE

Le 27 Mai 1918, les Allemands lancent une formidable offensive contre nos positions du Chemin-des-Dames, tenues par notre VIème Armée. Notre front cède et le 31 Mai ils occupent la rive nord de la Marne depuis Château Thierry jusqu'à Verneuil et de ce village la ligne de front se dirige sur les abords ouest de Reims.

Pendant un mois et demi les deux armées se font face et s'organisent défensivement et offensivement.

N° 1

Dans le but de faire tomber Reims par un mouvement convergent, en tenaille, les Allemands lancent dans la nuit du 14/15 Juillet 1918 une formidable offensive. Sur la partie attaquée du front allant du fort de La Pompelle à La Main de Massiges, dès la fin de la journée du 15, l'attaque allemande est stoppée par notre IVème Armée, commandée par le Général Gouraud. Sur la partie du front allant de Sainte-Euphraise à Crézancy il n'en est pas de même, ils enlèvent toute notre première position sur la Montagne de Reims, franchissent la Marne dans le secteur de Dormans et s'avancent à 6 km au sud au contact de notre deuxième position.

Constatant l'échec devant notre IVème Armée, le haut commandement allemand va porter tous ses efforts sur Epernay en progressant par la vallée de la Marne et couper nos voies de communication en direction de Reims.

Partant de la même réflexion l'état-major français diligente des divisions réservées pour bloquer le mouvement offensif.

Le 16 après de violents combats Reuil, Oeuilly tombent, Tincourt et Montvoisin sont atteints. De durs affrontements ont lieu sur le plateau de La Cense Carré et dans le Bois du Roi.

Le 17, les Allemands tentent désespérément de progresser mais sont définitivement arrêtés à l'issue de cette journée, ils prévoient le repli de leurs divisions avancées au sud de la Marne. Leur offensive pour faire tomber Reims a échoué.

Ce parcours se situe donc sur la rive sud de la rivière et à l'avancée extrême de la poussée allemande.

N° 2 - Le pont de Port à Binson et la 10ème Division Territoriale Allemande

Pour avancer sur les rives de la Marne en direction d'Epernay, les Allemands disposent de plusieurs divisions parmi lesquelles :

la 2ème Division de la Garde en direction de Châtillon - Mareuil-sur-Ay, sur la rive nord

la 113ème Division qui traverse la Marne à hauteur de Troissy en direction de Leuvrigny - Epernay sud

et la 10ème Division Territoriale, entre les deux, avec tout d'abord une seule brigade. Cette dernière doit s'avancer par la rive nord, dans le sillage de la 2ème de la Garde et de la 113ème. Elle traversera la Marne à Port-à-Binson et doit s'emparer des coteaux rive sud en direction d'Epernay par Oeuilly - Montvoisin - Boursault.

La traversée de la Marne doit se faire par bateaux, pontons et passerelles, bien sûr, mais il est aussi prévu que les Allemands doivent tenter de s'emparer du pont de Port-à-Binson intact.

En prévision de l'offensive, le Génie français a miné le pont et le 15 Juillet les fourreaux sont déjà installés. Un détachement du Génie est en place pour tout faire sauter, quand les premiers détachements allemands seront en vue.

Assez tôt dans la matinée, l'artillerie allemande soumet les abords du pont, sans toutefois viser directement celui-ci, a de violents tirs. Peut être dans le but d'en anéantir ou d'en chasser les sapeurs-mineurs. Un dépôt de munitions d'artillerie est situé à côté du pont, le bombardement allemand l'atteint et le fait exploser. Les explosions déclenchent celles des fourreaux des mines du pont et entraînent sa destruction. La 10ème Division Territoriale Allemande ne pourra l'utiliser. Elle traversera néanmoins la rivière dans l'après-midi et sera au soir du 15 Juillet devant Oeuilly au contact de notre deuxième position.

N°4 - Montvoisin - Stèle de Rohan-Chabot

Le 16, au matin, les Allemands donnent l'assaut aux coloniaux du 53ème R.I.C. qui assurent la défense de notre deuxième position à Oeuilly. Malgré leur héroïsme ils sont rapidement débordés et l'assaillant continue sa progression sur Montvoisin.

Pour stopper l'avance allemande en direction d'Epernay, dès le 15 au soir, notre 1er Corps de Cavalerie est dirigé dans la région. En particulier la 1ère Division de Cavalerie avec sa 2ème brigade de Cuirassiers qui a formé un bataillon à pieds. Les chevaux sont laissés en arrière et les cavaliers deviennent fantassins.

Le bataillon est sous le commandement du Commandant Domenech, il est ainsi formé :

1ère Cie du 2ème Cuir, Capitaine de Lupel

2ème Cie du 2ème Cuir, Capitaine Mertz

3ème Cie du 1er Cuir, Capitaine Clouet des Pesruches

Les Sous-Lieutenant de Rohan-Chabot et de Vieljeux sont à la compagnie Clouet des Pesruches

Ce matin du 16 Juillet la compagnie Clouet qui vient d'arriver sur le champs de bataille a reçu pour mission d'aller tenir la ligne Cote 175 à la Marne et soutenir ainsi le 53ème R.I.C..

Au cours de la progression et bien avant d'arriver à la Cote 175 (700 mètres sud est de l'église d'Oeuilly, cote 174 sur l'actuelle carte IGN 2713 Epernay), elle est surprise et se heurte à Montvoisin aux Allemands qui sont en plein assaut. Des brefs mais violents combats s'engagent, le Sous-Lieutenant de Rohan-Chabot y trouve la mort.

Sous la violence de l'attaque la compagnie Clouet, fortement décimée, est contrainte de se replier sur Villesaint. Au cours de la journée le Bataillon Domenech a perdu 10 tués, 25 blessés et 9 disparus.

Le 17, Le bataillon à pieds de la 5ème Brigade Légère et le bataillon Perceval (3ème et 8ème Hussards) tentent mais sans succès de reprendre Montvoisin

Le 18, dans la soirée le bataillon Perceval avec le soutien des 9ème et 29ème Dragons attaquent et reprennent Montvoisin. Une patrouille de la 3ème Cie du 1er Cuir, commandée par le Sous-Lieutenant de Vieljeux et qui accompagne le Capitaine Clouet des Pesruches prend part à l'attaque et récupère le corps du Sous-Lieutenant de Rohan-Chabot. La stèle commémorative est située à 350 mètres au sud de la coopérative viticole de Montvoisin elle marque l'emplacement où cet Officier trouva la mort. Elle figure sur la carte IGN 2713 Epernay.

Le front le 18 Juillet 1918, au matin.

Le Front le 18 Juillet 1918

N°5 - Le 41ème R.I., La Cense-Carrée, Oeuilly

Le 41ème R.I. est le régiment de Rennes. Son recrutement est plus particulièrement breton.

Le 16 Juillet 1918, il est diligenté, comme toute la 131ème D.I. à laquelle il appartient avec le 7ème R.I. et le 14ème R.I., sur le champ de bataille au sud de la Marne pour stopper, puis repousser le mouvement offensif allemand qui, au cours de cette journée, s'est emparé du plateau de la ferme de la Cense-Carrée.

Le 17 Juillet, la 131ème D.I. a pour mission de reconquérir le plateau. Le 41ème R.I. doit reprendre la Cense-Carrée et les bois situés au nord. Il a à sa droite des Cavaliers à pieds et à sa gauche le 14ème R.I..

Nos lignes sont faiblement tenues par le 33ème Colonial, des Sénégalais et quelques éléments de la 77ème D.I.. Tous sont fortement éprouvés par 48 heures de combat. L'ennemi occupe Le Chêne-la-Reine, les cotes 239 et 235 (234 sur les cartes IGN actuelles), la Cense-Carrée et se prolonge jusqu'à la Marne à l'est du Chêne-Fendu.

A 11 heures, les premiers groupes d'assaut du 41ème R.I. débouchent et sont très rapidement soumis à des tirs de mitrailleuses installées cotes 239 et 235, ainsi qu'à la Cense-Carrée. Les fusils-mitrailleurs et mitrailleuses du 41ème ripostent. Sur ce plateau, dégagé comme un billard, les tirs sont particulièrement meurtriers. Devant la difficulté de cette attaque frontale, le Chef du 1er Bataillon, qui opère à droite, effectue un mouvement enveloppant et ses groupes de combat atteignent la lisière des bois situés au nord-est de la ferme. Chez les défenseurs allemands de la Cense-Carrée, il y a, à ce moment, un certain flottement. Les Français en profitent pour donner l'assaut et enlèvent la position en y capturant 12 prisonniers avec 6 mitrailleuses. Très rapidement les Allemands se ressaisissent et leurs pièces installées sur la cote 235 arrêtent toutes tentatives de progression. Le 2ème Bataillon qui est à gauche, n'a pu pousser sa ligne que 300 m en avant du Bois Brûlé. Au soir quelques éléments du 1er Bataillon sont parvenus à s'infiltrer dans les bois au sud de Montvoisin. Ce dernier est toujours aux mains des Allemands.

Le 18 Juillet, dès le matin, l'attaque par le 41ème est reprise sur la cote 235 où les Allemands ont renforcé la position en mitrailleuses. Toutefois, le 1er Bataillon parvient à gagner quelques centaines de mètres dans les bois au sud de Montvoisin.

A 18 h 30, le Commandant Jouanneau qui commande provisoirement le 41ème est aux abords de la Cense-Carrée avec le Capitaine Richard, commandant le 1er Bataillon et le Capitaine Knecht commandant le 3ème Bataillon pour leur donner les instructions pour une nouvelle attaque qui doit s'effectuer à 19 heures sur les cotes 239 et 235 avec à sa droite le soutien du 7ème R.I.. A cet instant, un obus allemand s'abat, explose et tue net les 8 officiers.

L'attaque a quand même lieu et dans la soirée les positions des cotes 239 et 235 sont à nous. A droite, les Cavaliers ont repris Montvoisin. Dans la nuit nos patrouilles envoyées sur Oeuilly sont reçues par de violentes fusillades et subissent des pertes.

Le 19 Juillet, les attaques du 41ème R.I. pour reprendre Oeuilly se poursuivent par les bois au nord de la cote 235 et par les coteaux, mais sous les violents feux des mitrailleurs allemands, le 41ème est contraint de s'arrêter à 200 m du village.

Le 20 Juillet, nouvelle attaque sur Oeuilly, au départ des groupes de combat pas un coup de feu. Surprise ! Dans la nuit du 19 au 20 Juillet, les Allemands ont discrètement abandonné le sud de la Marne pour se replier au nord. Oeuilly est repris, l'arme à la bretelle.

Dans ces violents combats des 17, 18 et 19 juillet les pertes du 41ème R.I. sont terribles :

133 tués dont 9 officiers

445 blessés dont 17 officiers

Bretons pour la plus part.

N°7 - Croupe du Bois des Châtaigniers et croupe de Huche-Perdrix

Depuis les hauteurs du lavoir source de Fontaine des Nonnes au Chêne-la-Reine une vue tout à fait remarquable, sur la vallée du Flagot, s'offre à nous.

A 3000 mètres, à l'ouest, se dresse comme une forteresse, l'éperon boisé du bois des Châtaigniers. Ce bois est sur son coté ouest limité par les Pâtis de Cerseuil qui n'était pas en 1918, comme aujourd'hui, plantés de résineux. Il s'agissait alors d'un plateau de pacage pour animaux.

En Juillet 1918, ce bois se trouve être le premier point, pour ce secteur, à ce situer sur notre 2ème position, au delà vers l'ouest et le nord ouest se trouve notre 1ère position.

Le 56ème Bataillon de Chasseurs à pieds a pour mission d'en assurer la défense. Devant lui, sur la 1ère position, le 33ème R.I.C. de notre 10ème Division Coloniale défend le Bois du Crochet, Troissy, Cerseuil, Mareuil-le-Port, Port-à-Binson.

En fin d'après-midi, le 15 Juillet, toutes nos premières positions sont tombées aux mains des Allemands. Des éléments du 33ème R.I.C. et du 66ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais qui tenaient le Bois du Crochet se sont repliés et se sont joints aux défenseurs des Châtaigniers ainsi que d'autres éléments assez disparates.

Dans la soirée plusieurs tentatives d'attaques allemandes sont repoussées. En début de nuit nouvelles attaques venant de Cerseuil et des environs du Moulin de Nantay. Quelques petits groupes d'Allemands parviennent à prendre pieds dans des fourrés des lisières de bois, une fusillade plus ou moins vive se perpétue. Sur le bois les artilleries ne tirent pas, aucune ne connaissant l'emplacement des lignes.

Dans la nuit, le 56ème B.C.P. et les éléments qui s'étaient joints à lui, reçoivent l'ordre de se replier en arrière. L'ordre d'abandonner le Bois des Châtaigniers a-t-il été donné à la suite de renseignements signalant une situation très dramatique ? Il serait intéressant d'en trouver la raison et par qui a-t-il été donné. L'ordre sera promptement exécuté, les Allemands occupent le Bois des Châtaigniers d'où ils pourront surveiller toute la vallée du Flagot.

Le 16 Juillet, tôt le matin, le 159ème R.I. Alpin reçoit l'ordre de reconquérir le Bois du Crochet, en prenant comme base de départ le Bois des Châtaigniers. Le régiment s'avance, prend ses dispositions de combats et apprend, alors, que le Bois des Châtaigniers est aux mains des Allemands.

Les 1er et 3ème Bataillon, à partir du fond du vallon de Festigny, montent à l'assaut du bois. Le 2ème Bataillon commandé par le Commandant de Surian est en soutien sur la crête de Huche-Perdrix. Il ne s'avancera que pour tenir le Bois des Châtaigniers après que les 1er et 3ème l'auront enlevé et partiront à l'assaut de celui du Crochet.

Depuis le lavoir, la crête de Huche-Perdrix est située à 2000 m, c'est cette crête boisée où passe la ligne à haute tension. Ce 16 Juillet 1918, à cet endroit, il y a du monde; outre le bataillon de Surian, il y a des éléments des 56ème B.C.P., 61ème B.C.P., des Cavaliers, des Coloniaux. De cette position on peut apercevoir nos soldats des 1er et 3ème Bataillon tenter de grimper la colline des Châtaigniers sous le feu des mitrailleuses qui les clouent au sol et finalement arrête toute progression. Sous ces feux meurtriers les Alpins sont contraints de renoncer à l'assaut.

Sur la crête de Huche Perdrix, les observateurs allemands ont remarqué cette concentration de troupes et brusquement la colline est prise sous un déluge de feux d'artillerie très meurtriers. C'est un véritable carnage.

Le Commandant de Surian est tué ainsi que 18 de ses hommes. Pour cette journée les pertes du 2ème Bataillon, en soutien, sont plus élevées que celles des 1er et 3ème dans l'assaut. Le bois des Châtaigniers sera repris le 20 Juillet après le repli allemand.

Une stèle, dans les broussailles, marque l'endroit où le Commandant de Surian a trouvé la mort. Cependant son corps repose au cimetière militaire de Dormans. Le 28 Juillet 1998, lors des cérémonies commémoratives du 80ème anniversaire de la 2ème Bataille de la Marne, le Colonel et un détachement du 159ème R.I.A., présents lui ont rendu les honneurs. Le lendemain, 29, ils se sont rendus sur la stèle, malgré les difficultés d'accès.


Nos promenades de 2000


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