12 septembre 2009 - Naissance de la 9e Armée Foch en septembre 1914

Merci à tous ceux qui ont participé à la journée du samedi 12 septembre 2009, à Auménancourt, consacrée à la naissance de la 9e Armée Foch en septembre 1914

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Notre ami Robert Clément nous a préparé une remarquable journée de promenade commentée pour le samedi 12 septembre 2009, à Auménancourt (51), en voici les détails :

Auménancourt est aujourd'hui une entité communale constituée depuis 1967 de Pontgivart, Auménancourt-le-Petit et Auménancourt-le-Grand.

Le rassemblement des participants se déroulera comme d'habitude de 8h à 9h à proximité de la Salle Polyvalente d'Auménancourt-le-Petit (sur la carte, voir le point de localisation). Là, nous serons accueillis par Monsieur le Maire de la commune.

Pour accéder, prendre la route la plus au sud, au niveau de l'intersection avec le village d'Orainville.

Si l'on arrive par le nord, traverser Pontgivart et prendre la dernière route à gauche.

Si l'on arrive par le sud, c'est-à-dire de Reims, tourner à droite à l'entrée du village.

La salle est située à environ 1,2 km.

A 9h, départ des marcheurs vers la cote 94 au sud de l'agglomération. A cet endroit, exposé sur la situation géographique et sur les sites caractéristiques aperçus à l'horizon.

Reprise de la marche, suivant le tracé et retour vers Auménancourt-le-Petit pour prendre ensuite la vallée de la Suippe en direction de la ferme Guerlet. A cet endroit, nouvel exposé sur la constitution du groupement Foch et de son arrivée dans le secteur le 28 août 1914..

Vers 10h15, reprise de la marche en traversant la rivière pour aboutir à l'entrée d'Auménancourt-le-Grand, avec une halte au Monument du 151e Régiment d'Infanterie de la 42e Division d'Infanterie qui a la caractéristique d'être intervenu en ces lieux à la fois en août 1914 et en juin 1940. Exposé sur les combats de cette brillante unité (éventualité de la présence d'un détachement de ce régiment qui existe encore de nos jours, et de l'association locale y afférent).

11h30, nous retrouvons Monsieur le Maire de la commune, et manifestation au Monument aux Morts situé à Auménancourt-le-Grand.

12h, retour vers la Salle polyvalente où sera servi le verre de l'Amitié, puis déjeuner en commun, avec nos pique-nique comme à l'habitude.

A 15h, chacun récupère son moyen de locomotion et nous nous dirigeons vers Brimont à proximité de la Salle des Fêtes (parking).

Exposé sur la reprise de Reims qui sera sous nos yeux les 12 et 13 septembre 1914, c'est-à-dire que nous serons exactement au 95e anniversaire, qui marquera la libération définitive de cette ville jusqu'à l'achèvement de la Grande Guerre.

Vers 17h, dissolution du groupe et RdV à la prochaine manifestation.

LE 151e R.I. ET LE DÉTACHEMENT D'ARMÉE FOCH

Texte de Robert Clément

ORDRE de BATAILLE 151e Régiment d'infanterie

au 5 août 1914

État Major :

- Colonel DEVILLE

- Capitaine Adjoint SEGOU

- 3 bataillons - 12 compagnies

1er bataillon = Chef de Bataillon de BOUTIN, Compagnies 1, 2, 3 et 4

2e bataillon = Chef de Bataillon PASCAL, Compagnies 5, 6, 7 et 8

3e bataillon = Chef de bataillon de BUGHAS, Compagnies 9, 10, 11, et 12

Effectifs :

57 Officiers - 3090 sous-officiers et hommes de troupe et 203 chevaux

Reims ville ouverte

Dans le moment général de retraite, les IVe et Ve Armées s'écartent dangereusement l'une de l'autre.

La Ve dans son axe principal de repli par VERVINS - LAON - FISMES.

La IVe par un axe essentiel CHARLEVILLE - VOUZIERS - SUIPPES - CHALONS.

Dès le 28 août, le Généralissime voit le danger. N'étant pas encore fixé sur la ligne qu'il va utiliser pour retourner la situation à son profit, il fait appel au Général FOCH pour constituer le "détachement d'Armée Foch" qui interviendra entre les Ve et IVe Armées.

Ce détachement sera constitué à la fois par des éléments dissociés de la IVe Armée et d'autres éléments de renfort venus de divers secteurs du front. C'est le cas de la 42e Division du Général GROSSETI que nous allons suivre au travers de l'un de ses régiments qui fait partie des plus prestigieux de l'Armée Française, le 151e Régiment d'Infanterie.

Le 30 août 1914

Ce jour-là, à quatre heures du matin, le Général FOCH, accompagné du Capitaine André TARDIEU et du Colonel WEYGAND part pour ATTIGNY, gros bourg des Ardennes (à 15 kilomètres, au nord de MACHAULT). Il place pour la journée son poste de commandement dans ce village afin d'être aussi en avant que possible et de ramasser au maximum ses effectifs. C'est un désordre sans nom que FOCH regarde d'un oeil sombre du balcon de la Mairie en mâchant un cigare éteint.

A l'heure de son départ ce matin, le 151e RI embarque en gare de Verdun à destination de la gare de Reims. C'est l'ensemble de la 42e DI qui converge vers cette région pour différents points de débarquement. REIMS - GUIGNICOURT - MUIZON. Le 151e RI débarque le soir entre 17 heures et 2 heures du matin à l'aube du 31.

Le 151e RI va cantonner à COURCY pour l'EtatMajor, le 1er et le 3e bataillons. Le 2e bataillon ira à LOIVRE. C'est ainsi que la guerre devient une réalité dans ce secteur. II faut préciser que l'ensemble de la population non mobilisée est toujours présente, notamment à COURCY.

Le 31 août

Le 31 août, le Général LANREZAC est remplacé à la tête de la Ve Armée par le Général FRANCHET d'ESPEREY. Le Général PÉTAIN prend le commandement de la 6e Division d'Infanterie. Son voisin de combat, MANGIN, en même temps, est nommé au commandement de la 5e Division d'Infanterie. Ils rejoignent le 3e Corps d'Armée, commandé par le Général HACHE qui vient lui-même de succéder au Général SAURET depuis le 25 août. Voilà notre tandem constitué. Nous les retrouverons bientôt.

L'ordre d'opération de la 42e DI pour cette journée donne des indications sur la nouvelle organisation de la Division. Rappelons qu'elle est aux ordres du Général GROSSETTI depuis hier. Son chef précédent, le Général VERRAUX a été promu à la tête d'un Corps d'Armée. La 42e DI va opérer à la gauche du détachement d'Armée FOCH en cours de constitution dans la mouvance de la retraite. Vaste programme à exécuter en quelques heures ! ...

La 84e Brigade à laquelle appartient le 151e RI reçoit l'ordre de se porter pour 10 heures sur la ligne SAINT-ETIENNE - BOULT-sur-SUIPPES - BAZANCOURT. En exécution de cet ordre, le Colonel Commandant la 84e Brigade prescrit au 151e RI de se porter à BOULT-sur-SUIPPES où son poste de commandement se trouvera à partir de 10 heures. Le 151e RI part de COURCY et de LOIVRE à 4 heures et arrive au sud de BOULT-sur-SUIPPES à 9h45. Il se forme en position d'attente dans les environs de la cote 89. En ce point, son Colonel reçoit les instructions de la 84e Brigade qui lui demande de pousser deux bataillons vers la ferme de l'ESPÉRANCE (à 4 kilomètres au nord-est de BOULT).

Il y aura lieu de placer des éléments avancés vers l'ECAILLE - ROIZY et à la lisière des bois plus au nord. Un bataillon sera maintenu au nord de BOULT entre ce village et la lisière sud des bois.

Les renseignements sur l'ennemi établissent la présence d'une colonne de toutes armes vers AVANÇON. Au reçu de cet ordre, le Colonel dirige les 1er et le 3e bataillons vers la ferme l'Espérance. Il les y établit en formation de halte gardée avec pour couverture une compagnie à l'ECAILLE et une compagnie à SAINT-REMI le PETIT.

La journée se passe sans incidents. Vers 16 heures, le Colonel accompagne le Général GROSSETTI et le Colonel commandant la 84e Brigade dans leur reconnaissance du terrain de la rive gauche de la Retourne que, d'après les ordres donnés, la 42e DI doit interdire à tout prix à l'ennemi.

Dans la répartition des secteurs de défense, la 84e brigade assure la défense de ROIZY (exclus) au CHATELET-sur-RETOURNE (inclus).

L'ordre du Colonel commandant la 84e brigade donné à 17 heures prescrit :

1° L'organisation défensive de SAINT-REMY et de l'ECAILLE (rive sud de la Retoume) par deux bataillons.

2° Un bataillon en deuxième ligne avec changement de pente (mi-distance entre la lisière des bois de la Retourne).

3° Direction générale de la retraite si nécessaire par la Ferme de l'Espérance et BOULT.

Cette organisation défensive doit se faire le 1er septembre dès la pointe du jour.

Les chefs de bataillons font la reconnaissance de leur secteur et, à 19 heures, occupent leurs cantonnéments. 2e bataillon et État major à BOULT - 1er bataillon à SAINT-REMY - 3e bataillon à l'ECAILLE.

A 21 heures, en raison de nouveaux renseignements, recueillis sur l'ennemi (forte colonne sur le flanc gauche), les dispositions arrêtées dans la journée par le Général sont modifiées en ce qui concerne le 151e RI de la façon suivante : il occupera le front (Ecaille inclus, route de REIMS-RETHEL incluse) : les 1er et 3e bataillons ne mettent que deux compagnies en ligne (défense de la ligne nord des villages et du ruisseau) et deux compagnies en repli défendent les intervalles. Le 2e bataillon étudiera la défense de BOULT (rive nord) et la défense de la lisière Nord des bois entre Retourne et Suippes vers les points cotes 91.103 et à l'est.

Le 1er septembre

L'ordre d'opération n°3 de la 42e DI en date du 31 août pour le 1er septembre confirme les instructions données la veille pour la défense de la ligne de la Retoume.

Les bataillons du régiment s'organisent dès le lever du jour sur leurs secteurs respectifs.

Dans la matinée, le dispositif est modifié pour le 2e bataillon (troupes réservées) vers le nord de BAZANCOURT. Le Général GROSSETTI ayant l'intention de défendre la ligne de la RETOURNE suffisamment pour retarder l'ennemi, mais, sans s'engager à fond : les trois groupes d'artillerie dont il dispose sont répartis sur le front de manière à créer, au moment voulu, un barrage de feux à l'abri duquel l'infanterie pourra battre en retraite à travers le bois. Les lignes de repli sont marquées pour le 3e bataillon (l'ECAILLE, par ISLES sur SUIPPES) pour le 1er bataillon (SAINT-REMY le PETIT par WARMERIVILLE).

Le poste du Colonel du 151e est à la ferme de l'Espérance jusqu'à 16 heures. Aucun mouvement de l'ennemi n'est signalé en avant d'AVANÇON. Une patrouille du 10e Chasseurs signale seulement quelques troupes paraissant glisser vers le sud-est.

A 16h15, un mouvement très prononcé de l'ennemi se manifeste en arrière des bois suivant la direction du chemin de St-LOUP - BERGNICOURT.

L'artillerie ouvre aussitôt le feu et oblige cette infanterie à parcourir de grands espaces découverts. Cette attaque est dirigée par essaims sur SAINT-REMY. Pendant 35 minutes, elle progresse avec peine sous le feu remarquablement réglé de notre artillerie. Vers 17 heures, la fusillade indiquant que le 1er Bataillon est au contact. Une batterie allemande ouvre le feu sur notre artillerie sans résultat et fouille le bois immédiatement au sud de l'ECAILLE et de la cote 103.

Grâce à l'efficacité remarquable des tirs de notre artillerie, le bataillon du commandant BOUTIN peut, en exécutant l'ordre formel du Général, effectuer son mouvement de retraite.

Le 3e bataillon (l'ECAILLE) qui n'a pas été attaqué se dérobe lentement vers les bois, laissant une compagnie en soutien de l'artillerie. A la nuit tombante, celle-ci file vers BOULT sans être inquiétée.

Les 1er et 3e bataillons sont dirigés sur le cantonnement de FRESNES et le 2e bataillon en position au nord de BOULT pour protéger la retraite des 1er et 3e bataillons, s'écoule à son tour vers le sud, prenant le bivouac au nord de FRESNES. Une compagnie à la Croix Godinot en liaison avec le 19e chasseur à POMACLE. Une compagnie entre la Croix Godinot et BOURGOGNE en liaison vers la Croix de la Mission avec le 162e RI. Les deux autres compagnies en cantonnement d'alerte comme réserve dans la partie nord de FRESNES. Le 1er bataillon, sur sa ligne de retraite, a rejoint finalement le 151e RI.

Le Général FOCH toujours au cœur du dispositif avait passé la journée du 31 août à BETHENIVILLE.

Il commence à prendre l'ensemble de ses unités en main et organise la retraite en bon ordre.

Les officiers de liaison commencent à arriver ainsi que quelques prisonniers. La situation continue à n'être pas très brillante. Il réfléchit face au Colonel WEYGAND. Il exprime sa pensée :

"Il faut se rétablir - c'est ce qu'on a fait - c'est ce qu on fait - quand JOFFRE frappera-t-il les trois coups ? Je n'en sais rien".

"Le seul ennui c'est que la limite de notre retraite MARNE, AUBE, SEINE ne dépend pas de nous et sera fixée en dehors de nous".

Le 2 septembre

Restant avec FOCH et André TARDIEU, ils vont visiter le détachement d'armée et les divisions. C'est d'abord au 9e Corps chez l'excellent et modeste Général DUBUIS à CERNAY lès REIMS : ensuite à BETHENY à la 42e DI qui, sous le gros et irrésistible GROSSETTI, n'a pas connu le délabrement de la retraite. En rentrant sur SILLERY à 15 kilomètres au sud-ouest où ils cantonnent le soir, FOCH montre l'horizon que forme REIMS.

"Regardez moi, dit-il au capitaine, ces positions magnifiques, Brimont, Berru, Nogent L'Abesse, la montagne de Reims - comme on eut pu facilement défendre tout cela !

C'est dur de penser qu il faudra reprendre demain, en se battant ces champs que nous lâchons sans nous battre". Il ne croyait pas si bien dire !

Retrouvons maintenant le 151e RI dans son mouvement de retraite - REIMS, la ville vient d'être déclarée ville ouverte, c'est-à-dire qu'elle ne sera pas défendue. Le régiment va prendre en arrière des cantonnements de repos. Le 151e RI est dirigé sur COURCY où il arrive à 10 heures (2e et 3e bataillons) et sur la verrerie de la NEUVILETTE (1er bataillon).

Les avants-postes sont établis sur la ligne des forts de REIMS et seront fournis par le 162e RI à BOURGOGNE et BRIMONT en liaison avec la Ve Armée au fort de SAINT-THIERRY.

Le 16e bataillon de Chasseurs à pied est à COURCELLES-lès-REIMS. L'état major du 151e RI cantonne à COURCY avec ses bataillons.

C'est une journée de repos, de nettoyage et de réorganisation. Le trajet parcouru a été de 7 à 10 kilomètres suivant la route.

Le 3 septembre

Au point du jour, les avant-postes qui sont des arrières-gardes stabilisées, poussent des éléments sur les crêtes et la cavalerie part à la recherche du contact avec l'ennemi.

Le détachement d'armée FOCH doit continuer son mouvement vers le sud de manière à amener son ensemble au nord de la montagne de Reims. La 42e DI forme deux colonnes. La 84e brigade entre dans la colonne de marche de l'ouest sur l'itinéraire COURCELLES - SAINT-BRICE - TINQUEUX - Route d'EPERNAY. Outre la brigade, la colonne comprend un demi-escadron, un groupe du 46e d'artillerie, 2 bataillons du 46e RIT (Infanterie Territoriale) et le bataillon des douaniers de Bourgogne.

L'artillerie, marche en queue du gros devant les douaniers : le 151e RI marche derrière les territoriaux qui forment le 1er élément de l'ensemble. Le 151e RI se présente au point n°1 - Pont de Vesle à SAINT-BRICE à 3 heures 30. Il a franchit à 2 heures 15 le pont du canal (300 mètres nord-ouest de la NEUVILETTE) par ordre les 1er , 2e et 3e bataillons. Par suite du retard des éléments de service, le 151e RI devra s'arrêter. Le stationnement en fin de marche est le suivant : État-major de la 84e brigade à VILLERS-ALLERAND - le 151e RI un bataillon à CHAMPILLON (3e ), un à MAGENTA et un à AY avec l'État-Major.

Dans le courant de la journée, l'Armée Allemande à la poursuite a traversé et occupé les villages de LOIVRE et COURCY avec l'ensemble de leurs positions.

Merci à Didier pour ces photos

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