Extrait de "Histoire de l'Armée Française" - Général Weygand - Flammarion - 1938

LA BATAILLE DE LA FRANCE - 1918

En mars 1918 les Allemands ont déjà cent quatre-vingt-douze divisions sur notre front, ce nombre atteindra deux cent huit en juillet. Mais ils ont été contraints, par la pénurie des effectifs, et bien que la classe 1919 soit déjà instruite, à constituer des " divisions de position " impropres aux attaques. Les Alliés leur opposent quatre-vingt-dix-neuf divisions françaises , cinquante-six britanniques (Sans compter six divisions françaises et quatre anglaises encore en Italie), douze belges, deux portugaises et six américaines encore à l'instruction au total cent soixante et onze divisions en état de combattre - Par contre la classe 1919 n'est pas appelée en France et l'Armée américaine grandit. Le commandement allemand est dans l'obligation de. se hâter, parce que son principal avantage, la supériorité du nombre, menace d'être éphémère. I1 se détermine donc à lancer, de la Scarpe à l'Oise, aussitôt que possible une large offensive qui percera le front, séparera Français et Britanniques, atteindra les ports de la Manche et acculera les Alliés à la paix.

Unis dans la volonté de vaincre, ceux-ci ont reculé devant la réalisation de l'unité de Commandement Les chefs militaires de l'Entente sont unanimes à penser qu'il leur faudra résister à un assaut. Les uns estiment opportun de rester sur le défensive en attendant le renforcement de l'Armée américaine. Foch pense que si cette attitude s'impose au début, il faut envisager d'en sortir par une " puissante offensive de dégagement, et par une offensive combinée à visée décisive si les circonstances favorables permettent d'en escompter le succès."

LA DÉFENSIVE.

Le 2I mars, soixante divisions allemandes se portent à l'attaque des IIIème et Vème Armées anglaises. La première résiste , mais l'autre, jointive à la gauche française, est submergée, et ses débris battent en retraite. Pétain remplit généreusement les conditions de son accord avec Haig ; toutes les forces françaises prévues, et d'autres après elles, accourent vers la brèche, encadrées par les Etats-Majors des Armées Humbert et Debeney. Mais le 24, l'avance allemande avait fait redouter une rupture complète entre Français et Anglais, et créé une situation si critique que la nécessité d'un Commandement Supérieur s'était imposée à tous. Le 26 mars, à Doullens, Foch est investi du pouvoir de " coordonner les actions des Armées Alliées."

Le sort de l'Entente est remis entre les mains d'un Chef qui joint aux talents d'un grand capitaine, une connaissance approfondie des causes de la grandeur et de la ruine des Etats, et qui unit la trempe du caractère à l'amour des responsabilités. Sans se préoccuper des insuffisances de la formule qui définit ses pouvoirs, il les exerce sur l'heure et dans leur plénitude, et prend en mains une bataille perdue qu'il va conduire de bout en bout pour en faire sortir la victoire. Ses premiers actes, ses premiers redressements contiennent toute la ligne de conduite qu'il ne cessera de pratiquer. Les Armées Alliées risquent d'être séparées, il lui faut donc à tout prix maintenir la liaison entre elles. Pour y arriver il est indispensable de " tenir " parce qu'un recul, même léger, peut donner à l'ennemi la possession de points stratégiques importants, qui consommeraient la séparation et la défaite. Mais pour atteindre ses fins, la défensive ne peut se dispenser de contre- attaquer; et, comme finalement il faut vaincre, à aucun moment l'idée et la préparation du retour à l'offensive ne doivent être abandonnées. Telle est la ligne de conduite fixée par la première directive de Foch, qui s'y tiendra avec une continuité et une volonté sans égales.

Les efforts combinés des forces françaises et anglaises entre Oise et Somme enrayent l'attaque allemande, qui s'éteint définitivement après une dernière tentative sur Amiens. " La grande bataille de France est finie ", mélancolique aveu de la déception du Chef des Armées allemandes. Mais si l'offensive a manqué son but, ses résultats partiels sont énormes: l'ennemi est à 14 kilomètres d'Amiens et à 50 d'Abbeville, les deux noeuds de notre liaison stratégique avec les Anglais. Les Français ont du faire intervenir un groupe de deux armées fortes de trente divisions, et augmenter de 95 kilomètres l'étendue de leur front.

Quelques jours après, le 9 avril, une nouvelle attaque allemande, visant les ports, repart dans les Flandres. Quatorze divisions renversent les deux divisions portugaises et pénètrent dans les lignes des Ire et IIème Armées britanniques. Foch doit faire appel de nouveau aux réserves françaises, et constituer à l'extrémité nord du théâtre d'opérations un détachement d'armée dont l'entretien, au cours d'une lutte acharnée de vingt jours impose à l'Armée Française un effort considérable L'ennemi n'a pas atteint son objectif, mais il a depuis le début de la bataille, causé aux Anglais des pertes si importantes, qu'ils ont dû dissoudre provisoirement neuf divisions. Le 12 avril, 1e Gouvernement britannique vote la conscription

L'articulation des réserves françaises, dont une partie importante a été engagée par Foch sur le front britannique ou maintenue à sa portée, inquiète Pétain. Foch n'hésite pas à faire courir ce risque à l'Armée Française pour se maintenir en disposition de donner à nos Alliés le soutien qu'il juge encore nécessaire de leur garantir. Ceux-ci d'ailleurs, croyant impossible de défendre à la fois les ports et Paris, insistent pour que Foch donne la priorité à l'un ou à l'autre de ces programmes, et Foch s'y refuse parce qu'il veut venir à bout de l'un et de l'autre en maintenant la liaison entre les deux armées. La situation de Foch entre les Commandants en Chef français et anglais, qui 1 un et l'autre s'estiment insuffisamment soutenus est sans doute 1a plus difficile et la plus cruelle de cette période défensive Dans ces journées dramatiques s'affirme à quel point était indispensable un Chef placé au-dessus des intérêts particuliers.

Pendant le répit que les Allemands leur laissent, les Alliés mettent tout en oeuvre pour augmenter leurs forces : une partie des divisions françaises et anglaises est rappelée d'Italie; Diaz nous envoie deux divisions italiennes. Le Président Wilson consent à accélérer, avec le concours du tonnage anglais, les débarquements de fantassins et de mitrailleurs américains : de 93.000 en avril, le nombre des soldats transportés atteint le chiffre de 240.000 en mai et de 280 000 en juin.

Chaque fois qu'il a attaqué, le commandement allemand a trouvé pour l'arrêter les Français venus à la rescousse. Sa prochaine offensive portera donc sur l'Armée Française afin de fixer et d'user ses réserves. Préparée en forces et en secret, cette offensive débouche 1e 27 mai sur tout le front de l'Armée Duchesne, en avant du Chemin des Dames. La surprise est à peu près complète; les résultats sont rapides et étendus. Pour briser ces attaques, dont il se rend maître da les premiers jours de juin, Pétain a dû engager trente-cinq divisions et deux corps de cavalerie Mais l'enfoncement est profond à l'ouest de Reims qui n'a pas cédé, les Allemands occupent le Tardenois, bordent la Marne de Dormans à Château-Thierry où ils coupent la ligne de Nancy et s'approche à 70 kilomètres de Paris. L'effet moral de cet échec est considérable dans les Armées Françaises comme dans les Armées Alliées. Le retentissement n'est pas moindre à l'intérieur. Le 4 juin, devant le Parlement, Clémenceau défend avec énergie le Haut Commandement violemment attaqué. Foch conserve une inébranlable confiance; il a rendu au Commandement français les réserves dont il pouvait se démunir, mais il en garde toujours une part à portée des Anglais.

Quelques jours après, le 9 juin, les Allemands entreprennent une nouvelle attaque au nord de l'Oise pour rectifier un front dont le tracé leur paraît présenter quelque danger. Ils se heurtent cette fois, à un adversaire prévenu, à une défensive qui commence à s'organiser selon de nouveaux principes, et n'obtiennent que des avantages sans portée. Le 11 juin, une contre-offensive de cinq divisions, ordonnée par Fayolle et montée par Mangin avec une prestesse sans égale, arrête définitivement l'attaque allemande. C'est notre premier succès important depuis le 21 mars; cette action improvisée, lancée par surprise et sans préparation d'artillerie, exalte les coeurs et les esprits.

Par bonheur, notre adversaire ne profite pas de l'usure qu'il vient d'imposer aux Français pour attaquer les Anglais, à qui depuis avril, il laisse le temps de se refaire. Une période d'attente s'ouvre, que Foch met à profit pour se préparer à faire face à toute nouvelle offensive ennemie, comme aussi pour saisir toute occasion d'attaquer lui-même. Quel parti Ludendorf va-t-il prendre, dans les Flandres, ou sur le front français ? Quoi qu'il fasse, Foch est orienté sur les avantages qu'il peut tirer de la situation des Allemands dans le Tardenois, où leurs flancs sont très vulnérables. Peu à peu se précise et s'étend son projet de contre offensive contre ce point faible. Pendant ce temps, les intentions allemandes ont été dévoilées: c'est encore contre les Français que sera déchaînée, de Château-Thierry à l'Argonne, une vaste offensive, le " friedensturm ", qui donnera au soldat allemand la joie de revoir bientôt son foyer. Le plan de Foch est arrêté : sur le front attaqué, la bataille sera défensive, tandis qu'une contre offensive débouchera par surprise dans le flanc Occidental du saillant allemand. La nouvelle tactique défensive, réglementée par Pétain, jusque-là imparfaitement appliquée, sera mise en oeuvre sur le front attaqué : sur la première ligne, où ne seront laissés que des avant-postes, l'attaque ennemie frappera dans le vide et ira s'écraser sous les feux de la ligne de résistance, choisie forte, continue et hors de portée des tirs de la préparation ennemie ; en arrière une position de barrage, dont les points principaux seront occupés, complétera la sécurité du dispositif. Gouraud appliquera cette méthode avec une perfection qui sera un grand facteur de la victoire. Quant à la contre offensive les Armées Mangin et Degoutte l'exécuteront avec vingt-quatre divisions, deux mille canons, cinq cent vingt chars légers; elle sera prête pour le I8 juillet, et partira à cette date " quoi qu'il arrive ".

L'OFFENSIVE.

Le 15 juillet, à l'heure attendue, l'offensive allemande se déclenche Elle remporte quelques avantages au sud de Reims et franchit la Marne. Son échec est complet devant Gouraud. A midi, Ludendorf n'espérant plus rien de décisif, arrête les attaques, sauf entre Ardres et la Marne, car il espère encore faire tomber Reims; puis croyant l'équilibre établi sur ce front, il se rend dans les Flandres pour régler sur place les conditions d'une attaque destinée à nous donner le coup de grâce. Le I8 juillet au matin l'irrésistible assaut des Armées Mangin et Degoutte surprend les Allemands, ouvre dans leur front une brèche de 50 kilomètres, profonde de 10, et capture nombre de prisonniers et de canons. Ludendorf revient précipitamment du Nord et hâte ses réserves vers le Tardenois. C'en est fait. Foch a pris l'initiative des opérations. Il ne l'abandonnera plus. A cette éclatante victoire de l'Armée Française, qui lui livrait 659 officiers, 27.000 hommes, 830 canons ou minenwerfer, avaient pu participer, grâce à un concours favorable de circonstances, des divisions anglaises, américaines et italiennes, dont la présence fut le symbole de 1'offensive générale à laquelle Foch allait entraîner toutes les Armées Alliées.

Tandis que les résultats tactiques de ce coup d'arrêt se poursuivaient jusqu'à la Vesle, Foch achève de monter le plan d'ensemble de sa bataille. Le 24 juillet, à Bombon, il en fait part aux Commandants en Chef alliés : la supériorité matérielle est maintenant à peu près acquise et la supériorité morale est tout entière de notre côté; le moment est venu de prendre et de poursuivre l'offensive jusqu'à la défaite ennemie; cette offensive débutera par une série d'attaques ayant pour objet de dégager la voie ferrée de Paris à Amiens, la voie ferrée de Paris à Avricourt dans les secteurs de Dormans et de Commercy, et les régions minières du Nord; ces opérations, tout en maintenant l'initiative de notre côté, rendront au Commandement sa liberté stratégique. Si ces résultats sont atteints en bonne saison, Foch se réserve d'entreprendre alors " une offensive d'importance de nature à augmenter nos avantages ". C'est le couronnement du programme auquel il n'a cessé d'être fidèle; au cours de la bataille défensive, il a profité de toutes les circonstances pour rappeler aux armées la nécessité de l'offensive, et sur quels terrains elles devaient prévoir leurs actions. Ses exigences ont pu paraître prématurées, et les initiatives allemandes se sont mises, pendant quatre mois, en travers de leur réalisation; mais grâce à cette préparation technique et morale, la première partie de ce programme offensif pourra être mise en oeuvre sans retard. D'ailleurs, au souffle de la victoire revenue sous nos drapeaux, les fatigues sont oubliées, et, pleines d'ardeur, les armées améliorent d'elles-mêmes leurs bases de départ.

Le 8 août, la Vème Armée britannique et l'Armée Debeney, réunies sous les ordres de Haig, en un Groupe d'Armées de circonstance, sont Lancées à l'assaut des positions allemandes du Santerre. Dès le premier jour, le succès des deux armées s'affirme sur tout leur front, la pénétration est profonde, les prisonniers affluent, des Etats-Majors de Division sont pris dans leur poste de commandement. " Jours de deuil pour l'Armée allemande ", écrit Ludendorf. Le 10, l'Armée Humbert à peine renforcée, entre en ligne et élargit au sud les résultats de la manoeuvre de Montdidier. Mais le I4, les Allemands ont pu reconstituer un front de feux continu; l'attaque arrive au point mort où les forces antagonistes s'équilibrent. Le résultat cherché, le dégagement d'Amiens, est obtenu. Foch va-t-il s'arrêter ? I1 y songe d'autant moins, que des symptômes de désorganisation ont été constatés pour la première fois dans les rangs ennemis, et que, d'autre part, Pershing a maintenant vingt-sept divisions en ligne.

La bataille va donc continuer mais comment ? Foch n'a jamais cru qu'à égale valeur combative, il était possible à l'un des adversaires d'obtenir une percée initiale susceptible d'ouvrir une irruption décisive en terrain libre. Il n'a cessé, depuis 1915, de lutter contre cette illusion et de préconiser des attaques progressivement étendues, de manière à saisir partout l'adversaire; c est, à son sens, seulement lorsque l'on en sera arrivé là que pourra se produire "l'événement" exploitable jusqu'à la victoire. Au moment où Foch décide le passage à l'offensive, l'accroissement des moyens de toute nature, divisions, canons, chars, avions, est arrivé à un point qui lui permet de mettre en pratique sa conception de la bataille générale. Aussi, dès qu'il est averti que la lutte arrive au point où elle va être bloquée, il ordonne l'entrée en ligne, de part et d'autre du front initial d'engagement, de nouvelles armées dont l'action va reporter en avant l'ensemble du corps de bataille ainsi renforcé, car il ne peut être question d'arrêter le mouvement des armées qui ont déjà pris leur départ. Le 20 août, Mangin débouche à la droite de Humbert, et le lendemain la IIIème Armée britannique à gauche de la IVème; puis Haig fait entrer en ligne sa Iére Armée. Ce sont maintenant six Armées Alliées qui attaquent en direction générale de l'Est sur un front de 130 kilomètres, d'Arras à Soissons. " L'offensive d'importance " a commencé le jour où Foch a ordonné cette extension de la bataille qui ne s'arrêtera plus que l'ennemi vaincu. C'est de cette décision qu'est sortie la possibilité d'atteindre la victoire en I9I8.

Les Armées Alliées renversent tous les obstacles, franchissent la Somme et repoussent les Armées allemandes jusqu'à la ligne Hindenburg, dont l'aile nord est même entamée. Les voici au contact d'une ligne puissamment fortifiée devant laquelle elles risquent de se voir arrêtées; un problème analogue se pose, Foch le résout par un élargissement encore plus étendu du front d'attaque. Tandis que les armées déjà engagées continueront à pousser en direction de l'est, un Groupe d'Armées comprenant, sous les ordres du Roi Albert, l'Armée belge, une Armée britannique et une Armée française (Boissoudy) attaquera en direction de Bruxelles, et, à l'aile sud une attaque franco-américaine, Armée Gouraud et IIème Armée américaine, sous la direction supérieure de Pétain, débouchera en direction générale de Mézières, afin d'y couper la voie ferrée de rocade, qui permet le jeu des réserves allemandes. Les 26 et 27 septembre, ces nouvelles offensives sont déclenchées (Entre temps, le 12 septembre, l'attaque américaine sur Saint-Mihiel a réussi; le dégagement de la voie ferrée de Nancy est achevé. D'autrepart, les Allemands ont abandonné d'eux-mêmes la région des Mines du Nord). Elles surprennent totalement le Commandement allemand. Douze Armées Alliées bousculent, sur un front de 350 kilomètres, s'étendant de la Mer du Nord à la Meuse, les armées ennemies. Ludendorf juge la partie perdue, et réclame le 28 septembre de son Gouvernement. la conclusion d un armistice. Le Groupe d'Armées de Belgique réalise du premier bond une avance profonde; au centre, les Britanniques et la Iére Armée française enlèvent de haute lutte la ligne Hindenburg; l'aile droite est ralentie par les difficultés que rencontre la jeune Armée américaine. A cette date, Franchet d'Esperey avait déjà cueilli, dans une exploitation poussée en direction du Danube, les fruits de sa foudroyante victoire qui mettait la Bulgarie hors de course et jetait à bas une des assises des Empires Centraux. En Italie se préparait la bataille de Vittorio Veneto.

Foch n'a plus qu'à assurer les directions de ses Armées, et à maintenir leur allure: " La bataille, leur dit-il, est dorénavant faite de la décision des Commandants de Corps d'Armée, de l'initiative et de l'énergie des Commandants de Division"- Ces qualités ne leur font certes pas défaut. Le Roi Albert aborde l'Escaut, de Tournay à Gand, et commence à le franchir. Les Armées britanniques, dégageant Lille, s'avancent d'un mouvement ininterrompu vers Mons et Avesnes. Les Français enlèvent, entre Oise et Aisne, toute la position Herrnann. Le désarroi des Armées allemandes grandit, leurs communications s'embouteillent tout leur devient difficile, la marche comme le combat; sur la ligne des détachements de braves mitrailleurs et artilleurs, reculent pas à pas, s'efforçant d'empêcher la rupture du front et de sauver l'honneur. Les Américains débouchent; l'attaque de Lorraine, confiée à Castelnau, peut être ordonnée: elle sera prête à partir du 14 novembre. L'Allemagne aura capitulé avant.

RETOUR VERS LE MENU DES GÉNÉRALITÉS SUR LA BATAILLE

RETOUR VERS LE MENU PRINCIPAL