LE 2ème CORPS D'ARMÉE ITALIEN PART VERS L'ARGONNE

Un énorme travail de traduction a été réalisé par Monsieur Angelo ZAMBON, avec l'aide du Colonel MAGLIOCCHETTI, Attaché Militaire Italien à Paris. Merci, à tous deux, pour ce travail .....

LE 2ème CORPS D'ARMÉE ITALIEN PART VERS L'ARGONNE, 25 JUILLET - 15 SEPTEMBRE

DANS LA ZONE DE ST OUEN, VANAULT-LES-DAMES ET DANS L'ARGONNE, 25 JUILLET - 15 SEPTEMBRE - PÉRIODE DE REPOS ET DE RÉORGANISATION - DEUXIÉME TOUR DE TRANCHÉE DANS L'ARGONNE

TRANSFERT DANS LA ZONE DE CHATEAU-THIERRY

Sur la base d'un ordre diffusé le 25 juillet par le général Maistre (Commandant la G.A.C.), le IIème corps italien à 0h. du 27 juillet passait aux dépendances de la 4ème armée

(Général Gouraud). Dans la bataille de la vallée de l'Ardre le corps d'armée italien avait perdu 282 officiers et environ 10.000 hommes de troupe, 2 pièces du regroupement P.C., 34 canons de 75, plus de 1000 quadrupèdes et une considérable quantité d'armes et matériel de toute sorte.

Toutefois, il était nécessaire qu'il se remit au plus tôt en condition de participer aux opérations en cours, qui prenaient des proportions toujours plus vastes et décisives.

Le général Pétain, dans un de ses ordres du 23 juillet, avait décidé en effet, que pour le 6 août le corps d'armée italien fût à nouveau en ligne sur le front de la deuxième armée en remplacement du XIIIème corps français.

En vérité, le temps qui était ainsi concédé à nos troupes pour se remettre en condition était par trop inférieur à celui strictement indispensable à la besogne, si on tient compte qu'une bonne partie des compléments et presque tout le matériel nécessaire devait venir d'Italie.

Au général Maistre, qui le 26 juillet demandait que le corps d'armée fût en mesure de pouvoir assumer un secteur pour le 3 août au plus tard, le général Albricci, par conséquent, était obligé de répondre qu'il aurait tout fait pour compléter le plus rapidement possible en premier une division (la 3ème) et puis l'autre, mais, même de cette façon il ne pensait pas possible de pouvoir préparer pour la date indiquée même pas une division.

Dès le 16 juillet le corps d'armée avait demandé, en effet, à l'Inspectorat général des T.A.I.F., que tous les militaires reconnus aptes aux fatigues de guerre dans les visites de révision en cours près des détachements, soient envoyés au 64ème régiment de marche; mais il n'en avait tiré seulement que 2000 hommes qui, depuis trop de temps n'étaient pas habitués aux armes et avaient besoin d'une période de formation et d'entraînement, avant de pouvoir être utilement transférés aux détachements de ligne. D'ailleurs, malgré tous les efforts faits pour maintenir le quorum des bataillons complémentaires et même le 64ème régiment de marche, il n'a été possible de tirer d'eux que 4000 hommes, lesquels, d'autre part, ne pouvaient être d'emploi utile immédiat.

Le commandement Suprême, duquel le général Albricci sollicita à l'envoi urgent de 6000 hommes déjà parfaitement instruits, d'un certain nombre d'officiers de divers échelons, de 500 chevaux et de 300 mulets, assigna, en un premier temps, seulement 4000 hommes, 200 chevaux et autant de mulets, et, successivement, à deux reprises, 400 officiers, prévenant qu'il n'aurait pu envoyer rien d'autre, étant donné que les réserves du Pays avaient été presque complètement absorbées par la bataille du Piave.

En présence de telles difficultés inéluctables, les commandements français convinrent sur l'évidente nécessité de concéder aux unités italiennes un plus important laps de temps pour leur reconstruction; il fût donc décidé que le corps d'armée prépare une seule division pour le 8 août s'occupant entre-temps d'accélérer le plus possible la mise en condition de l'autre aussi.

Il fût donc imprimé un rythme encore plus fébrile et intense de travail aux détachements de la ligne, le retrait étant à peine commencé, pour renforcer leur consistance matérielle et morale.

Le matériel, les équipements et les armes nécessaires furent demandés d'urgence aux autorités compétentes italiennes et françaises et distribués aussitôt arrivés. Le manque de quadrupèdes, toujours existants après les envois d'Italie, fut rempli par le commandement du G.A.C.

Avec des cours spéciaux et profitant largement des écoles françaises on veilla à créer les nombreux spécialistes nécessaires pour combler les vides qui s'étaient vérifiés dans leurs rangs. Employant tous des militaires formés comme mitrailleurs on remit en service les compagnies mitrailleuses moins durement éprouvées; d'autres, par contre, furent reconstituées presque "ex novo"; les deux de la brigade Alpi (997ème et 1411ème), au départ fournies de mitrailleuses Fiat, furent complétées de nouveau personnel et armées avec matériel 807 F (St Etienne) uniformisant ainsi leur armement à celui des autres compagnies de mitrailleuses de brigade.

Les hommes venant des bataillons complémentaires, du régiment de marche et d'Italie, assignés aux détachements furent instruits rationnellement, et l'entraînement fut basé sur les principes fondamentaux du combat d'infanterie, résumés par la 5ème armée dans sa circulaire des premiers jours de juillet, et orienté dans le but d'avoir au plus vite des unités de sûre cohésion et d'un haut potentiel moral et matériel.

Pour consacrer l'oeuvre accomplie, le 4 août, dans un vaste champ près de Arcis-sur-Aube, le général Albricci, avec une cérémonie religieuse et militaire tout à la fois, commémora les Morts, décora les rescapés avec les insignes à la valeur conquis sur le champ de bataille et tira, à la lumière de la gloire récente, les auspices pour l'avenir.

Le même jour la 4ème armée prévenait le IIème corps qu'il devrait bientôt assumer un secteur sur le front de la 2ème armée française dans l'Argonne, remplaçant avec sa 3ème division, la 35ème division française, aile gauche du XIIIème corps d'armée. Le général Albricci ordonnait au commandement de la 3ème division de pourvoir immédiatement aux reconnaissances préalables nécessaires.

Conformément aux ordres successivement donnés par le commandement de la 4ème et 2ème armée, le 7 août commençaient les mouvements pour le transfert de la division italienne. Dans la journée les éléments montés, les chariots, les convois de ravitaillement et le train se déplaçaient, avec leurs propres moyens, dans la région Charmontois, Le Chemin , Villers-en-Argonne, et là s'arrêtaient, ils reprirent le mouvement dans la nuit suivante, se dirigeant dans la zone Florent, Les Islettes, Clermont, Passavant, que les troupes à pied rejoignirent avec des auto-transports, dans la matinée du 8 août et dans la nuit du 8 au 9. Le lendemain la concentration de la 3ème division, passée le 8 à la disposition du XIIIème corps d'armée français, était achevée. Le 9 le commandement du corps d'armée français assignait à la division le XIVème groupe de 105 P.C. qui commençait immédiatement la marche de déplacement. Dans la nuit du 10 août au 11 commençait la substitution en ligne de la 35ème division française; substitution qui était complétée pendant les nuits du 12 et 13.

Le 13 août, à 8h., le général Pittaluga prenait le commandement du secteur de l'Argonne, tandis qu'à la même date les commandants de l'artillerie divisionnaire et des brigades d'infanterie assumaient ceux de leur compétence respective. Le secteur assigné à la division dans la forêt d'Argonne s'étendait de la route Haute Chevauchée - cote 285 -Lochères, (limite orientale) à la ligne cote 175 (à l'ouest de Vienne-le-Château) - Moiremont (limite occidentale), et était réparti d'est à l'ouest dans les quatre secteurs suivants : Haute Chevauchée, assigné au 76ème régiment d'infanterie; Chalade, au 75ème; Croix-Gentin au 89ème et Rond - Champ au 90ème. Chaque régiment avait deux bataillons en première ligne et un en réserve.

S'agissant d'un secteur depuis quelque temps stabilisé et relativement tranquille, le dispositif défensif avait, dans l'ensemble, assez progressé; trois successives et excellentes positions se développaient, en effet, front au nord, peu au nord du parallèle de Verdun avec un cours général d'ouest - est.

La première des trois positions se développait à cheval de la Biesme jusqu'à la hauteur de Le Four-de-Paris et la Chalade se dirigeait ensuite vers est remontant les ramifications occidentales de la montagne de Villers et comprenait la ligne de surveillance, celle des grandes gardes, celle de résistance.

La deuxième position suivait la lisière méridionale Des-Petits-Bâtis, passait au nord de Le Claon et se dirigeait vers l'est au plateau de la Gorgia; la troisième, enfin, suivait le cours de la route Ste Menehould - Les Vignettes, passait environ à 1 km. au sud de Les Islettes, et puis, par la cote 187, continuait en direction de Clermont.

Ces deux dernières positions étaient intégrées par une solide bretelle le long de la Vallée de la Biesme.

La zone, boisée et vallonnée, parcourue dans tous les sens par de bonnes communications était la même dans laquelle la légion des volontaires garibaldiens avait glorieusement combattu vers la fin de 1914 et au commencement de 1915.

Le 21 août, l'ampleur du secteur était réduite, la 3ème division ayant cédé le sous-secteur d'extrême gauche, tenu par le 90ème d'infanterie, au 358ème régiment de la 71ème division française. La limite de ce côté (ouest) était donc déplacée à la ligne qui, partant peu à l'ouest de La Harazée, passait avec cours N.S., par La Placardelle - Ferme La Seigneurie - étang de Florent.

Cette réduction du front permettait à la 3ème division de laisser seulement trois régiments en première ligne et d'en garder un en réserve : le 90ème d'infanterie, qui se déplaçait dans les alentours de Florent.

A 8h. du même jour, le commandement du IIème corps qui le 15 août avait rejoint Triaucourt et était passé à la dépendance de la 2ème armée remplaçait celui du XIIIème corps français dans le commandement du front comprenant le secteur de l'Argonne défendu par la 3ème division italienne et le voisinage de l'Aire (entre cote 285 et Avocourt) tenu par la 36ème division française. A la dépendance du commandement du IIème corps passaient donc, en plus des deux divisions en ligne et la 73ème division française placée en deuxième ligne, aussi 20 batteries (10 de 120 L , et 10 de 155 C.) mises à sa disposition par l'armée, et l'artillerie assignées en renfort direct de la 3ème division (trois batteries de 75, deux de 155 C. deux de mortiers de 58 et une de 150).

Entre le 13 et le 21 août les éléments non divisionnaires du corps d'armée s'étaient, entre-temps, déplacés et installés dans la zone au nord de Triancourt (Eclaires, Passavant, Rarécourt, Froidos, Lavoye, Autrecourt, Fleury, Pretz).

Entre le 13 et le 16 août la 8ème division aussi s'était portée (éléments montés par V.O., éléments à pied par camions) dans la zone de Rarécourt, Auzéville, Vraincourt, Récicourt, Baleicourt, Blercourt, Ippécourt, Deuxnouds-devant-Beauzée, Fleury, Froidos passant en réserve de la 2ème armée. Ensuite, avec des déplacements effectués entre le 19 et le 20 août, avait complété et amélioré l'installation des détachements dépendants, abandonnant les cantonnements excentrés et insuffisants des territoires de Blercourt et de Baleicourt et utilisant, par contre, ceux de la zone Futeau, Beaulieu, Brizeaux. Toute la division, ainsi, s'était trouvée toute déplacée dans le territoire du IIème corps, au sud de la route Ste Menehould - Clermont - Récicourt.

Pendant les nuits du 24-25-26 août la 73ème division française remplaçait en ligne la 36ème destinée à un autre front; à 8h. le 26 août, le commandant de la 73ème assumait le commandement du secteur de l'Aire.

Le 6 septembre la 2ème armée envoya au IIème corps trois ordres successifs: avec le premier elle le prévenait qu'au début du jour suivant arriverait à l'armée le commandement et les troupes non "endivisionnées" du IXème corps destinées à remplacer le commandement et les troupes du IIème corps. Le changement commencera le 8 septembre et le commandant du IXème corps assumera le commandement de la zone à 12h. le 11 septembre.

Par un autre ordre elle demandait que la 8ème division commence le mouvement le 7 septembre, de nuit et par V.O. devant se rassembler dans la région Nettancourt, Contrisson, Cheminon-la-Ville, Vassincourt, où elle doit se tenir prête à prendre embarquement en chemin de fer à partir du matin du 10 septembre.

Le troisième ordre communiquait que pour le 10 elle se déplace dans la région Blercourt, Jouy, Nixeville, Bois La Ville la 120ème division française, destinée à remplacer la 3ème division italienne, laquelle, une fois remplacée en ligne, se regroupera à l'arrière du corps d'armée, de façon à être prête, dès 12h. le 14 septembre, à s'embarquer aux gares de Villers - Dancourt - Givry-en-Argonne - Sommeille - Nettancourt. Le relève doit s'effectuer dans les nuits du 12 et du 13 septembre.

Par un ordre suivant du 7 septembre, l'armée précisait que la 8ème division commencerait le chargement de ses éléments sur le train à 15h. le 10 septembre, pour être transférée dans la région de Château-Thierry, Dormans, et, après, remplacer la 77ème division américaine.

Mais, à cause des lourdes difficultés que les chemins de fer rencontraient pour faire front aux nombreux transports, consécutifs aux opérations en cours, le 10 septembre l'armée décidait que la 3ème division accomplisse son déplacement par V.O. plutôt qu'en train : les troupes à pied avec des camions, les nuits du 14 au 15 septembre, et les troupes montées, les chariots et les convois de ravitaillement d'utiliser leurs moyens respectifs, par étapes, à partir de la nuit du 14 septembre.

Sous une pluie persistante, la 8ème division commença, à 20h. le 7, les marches pour se rendre à la zone d'embarquement; la 8ème stationna dans les bois autour de Laheycourt, d'où, le soir, encore et toujours sous la pluie, reprit le mouvement l'achevant le 9 au matin. Le jour suivant commença le transport par chemin de fer et le matin du 12 septembre la division était rassemblée dans une zone immédiatement au nord de la Marne entre Barzy et Verdilly.

Dans l'après-midi du 11 septembre le commandement du IIème corps, ayant cédé le commandement du secteur à celui du IXème, s'était déplacé à Charmontois et le jour suivant à Chierry. Le 12 les troupes restantes se déplacèrent en train à Château-Thierry.

Entre-temps, était effectuée par le IXème corps français la relève en ligne de la 3ème division. Le 13 le remplacement était terminé et, à 10h., le commandant de la 120ème assumait le secteur de l'Argonne.

Le déplacement suivant, des éléments à pied de la 3ème division, fut réalisé dans les nuits des 14, 15, et 16 septembre. Les troupes montées, les convois de ravitaillement et les chariots effectuèrent le déplacement répartis sur deux groupes, distancés entre eux de 24h. et faisant ensuite étape dans la zone de Vinay, St Martin d'Ablois, Brugny, Vaudancourt. Le 18 septembre le dernier échelon rejoignait les corps respectifs et les détachements au sud de la Marne dans la zone de Château-Thierry., Artonges, Dormans.

La période dans les tranchées d'Argonne s'était dans l'ensemble passée sans événements dignes d'intérêt particulier. Les troupes de la 3ème division s'étaient alternées normalement à tour de rôle dans les tranchées et avaient déployé une intense activité de patrouilles opposant vive et prompte réaction à celle analogue de l'ennemi.

Elles avaient, en outre, accompli des travaux visant à perfectionner et à maintenir efficacement l'aménagement défensif du secteur. Pour la complète connaissance du terrain et leur parfaite orientation les officiers avaient exécuté de nombreuses et systématiques reconnaissances. Sur la base des directives du commandement de la 3ème division, données le 16 août et modifiées ensuite le 20 après la réduction du secteur, des études détaillées avaient été dressées et des exercices développés pour le prompt emploi des troupes de réserve.

L'artillerie avait pourvu, à son tour, en conformité aux dispositions données le 26 août par le commandement du IIème corps, à dresser des plans spécifiques pour les barrages, la contrebatterie et la contre-préparation. La 8ème division avait profité, étant en deuxième échelon, pour s'appliquer activement à compléter la réforme des détachements, l'installation des matériels et surtout l'instruction du personnel. Des exercices particuliers avaient été exécutés sur l'emploi des moyens de liaison tant entre les détachements qu'avec les avions. Enfin, avaient été institués des cours spéciaux pour former des spécialistes pour les mitrailleuses et pour les "arditi" des régiments, en ne négligeant rien afin que la division retrouve son efficacité dans tous les domaines.

De cette période rappelons aussi la revue que le Président de la République française M. Poincaré, passa le 26 août prés de Futeau, à une délégation de nos troupes. A cette occasion le Président parla en italien aux soldats d'Italie exprimant "les remerciements et les félicitations de la France"; il orna de la Croix de guerre avec Palmes le drapeau du 89ème régiment d'infanterie et le IIème détachement d'assaut et distribua des décorations et médailles à la valeur militaire.

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