LE 2ème CORPS D'ARMÉE ITALIEN ET LA CONTRE-OFFENSIVE ALLIÉE DU 18 JUILLET

Un énorme travail de traduction a été réalisé par Monsieur Angelo ZAMBON, avec l'aide du Colonel MAGLIOCCHETTI, Attaché Militaire Italien à Paris. Merci, à tous deux, pour ce travail .....

LE 2ème CORPS D'ARMÉE ITALIEN ET LA CONTRE-OFFENSIVE ALLIÉE DU 18 JUILLET , LES ÉVÉNEMENTS DU 18 AU 20 JUILLET - TRANSFERT DE LA 8ème DIVISION DANS LA ZONE DE ST. OUEN

Le 18 juillet, à 7h.30, l'artillerie du IIème corps de concert avec celles du Vème corps français, commencèrent la préparation. L'infanterie commença l'avancée à 9h.. L'ennemi, favorisé par un terrain très boisé et touffu, et rendu encore plus impraticable à cause des trous des projectiles et par les arbres abattus et brisés par les bombardements, oppose partout une résistance très tenace. La lutte se fractionne, dès le commencement, en combats locaux, dans lesquels les deux adversaires s'engagent avec une égale habileté, courage et ténacité. Avec des vicissitudes alternées l'action se prolonge jusqu'au soir. Sur le front de la 14ème division le III/44ème réussit à mettre pied sur la route Pourcy-Nanteuil et continue vers le bois de Courton.

Dans le bois le II/35ème dépasse Courton-Ruines; cependant le mouvement du régiment est, dans l'ensemble, lent, car le Ier bataillon est fortement gêné par le feu d'un centre de résistance, que l'ennemi a organisé au nord de la lisière du bois de Sarbruge d'où il bat avec efficacité, également, les éléments du II/44ème et I/44ème qui ne réussissent pas à avancer.

A gauche du IIème corps les unités du Vème corps avancent et à 10h. réoccupent Belval-sous-Chatillon; le commandant de la 14ème division ordonne alors au III/60ème et au I/35ème de suivre ce mouvement.

Dans l'après-midi, le III/60ème met le pieds sur l'ancienne deuxième position; le III/44ème, à l'aile droite de la division, rejoint, vers 15h., le tronçon sud-occidental de la ligne: carrefour de St. Denis - ramifications de la corne nord-est du bois de Courton. Le II/44ème qui devrait profiter des progrès du I/35ème et du I/44ème pour occuper le centre de résistance à l'ouest de Nanteuil, ne réussit pas , par contre, à progresser.

Plus chanceux, les bataillons du 35ème avancent, tandis que le I/44ème, au prix de grosses pertes, dépasse de peu, par le nord-ouest, le centre ennemi.

L'avantage atteint n'est pas, cependant, tel de faciliter l'action du II/44ème qui, seulement après avoir été renforcé avec des éléments du I/60ème et avoir soutenu une âpre lutte, rejoint, à 18h. environ, son objectif. Les deux bataillons Ier et IIème du 35ème réussissent aussi à avancer encore plus au nord. Dans l'ensemble, les régiments de la 14ème division, après une journée d'âpres combats, ont gagné du terrain sur environ un km. en profondeur et ont dégagé Nanteuil-la-Fosse.

La 120ème a poussé en avant le III/38ème qui, suivant de près les progrès réalisés par la 14ème division, conquiert, dans la matinée, les pentes nord-ouest de la côte 207 et, à 12h. environ, occupe St Denis et le carrefour au sud de l'agglomération. L'ennemi, pressé par la 14ème division au sud et par la 120ème à l'est, abandonne, après 16h., le bois Liberty rendant ainsi possible la liaison matérielle avec le III/408ème.

Sur la droite, en concomitance avec l'action jusqu'ici décrite, la 3ème division et les troupes coloniales avaient, à leur tour, attaqué et obtenu de bons avantages.

Le commandement du 2ème corps avait, pour cette action, pris des accords directs avec celui du 1er corps d'armée colonial, qui, moins éprouvé dans les journées précédentes, disposait encore de nombreuses réserves efficaces. Sur la base de tels accords il avait été établi qu'en ce secteur l'action devait être menée en stricte collaboration entre les troupes de la 3ème division italienne et de la 2ème coloniale française. Le commandant de la 5ème armée, afin de garantir une plus grande unité dans la direction et la conduite des opérations, avait ordonné que le général Mordrelle (Commandant de la IIème division coloniale), plus âgé que le général Pittaluga, assume le commandement de toutes les troupes destinées à opérer dans le secteur, entre le bois de Vrigny et le bois du Petit-Champ; le général Pittaluga gardait le commandement des troupes italiennes avec la tâche d'assurer l'intégrité des positions défendues et de participer éventuellement à l'action offensive dans les limites consenties par l'efficience de ses troupes selon les directives du général Mordrelle.

Sur la base des ordres donnés par le commandement de la 2ème division coloniale un régiment de formation avec trois bataillons (deux du 23ème régiment d'infanterie coloniale et le XXXIIème bataillon tirailleurs sénégalais) devait commencer l'attaque à 18h. pour rejoindre le front. La Maisonnette - limite méridionale et occidentale du bois du Petit-Champ jusqu'au sentier Courmas - Chaumuzy, qui côtoie le parc de Commetreuil - saillant septentrional du bois du Petit-Champ - bosquet de la côte 233. Se mouvant une heure après, le 104ème d'infanterie français devait s'infiltrer dans Courmas, tandis que, simultanément, la 3ème division devait occuper le bosquet au sud ouest de celui des Grands Savarts et les bois situés entre Ourézy et le ruisseau de Courmas.

L'action devait être précédée par une demi-heure de préparation faite par l'artillerie des divisions : 2ème coloniale française, 120ème française et 3ème italienne. Pendant l'attaque l'infanterie auraient été précédées par un barrage mobile avec une progression de 25 mètres minute; en même temps les bois de Rouvroy, de Hyermont, de Commetreuil et Courmas devaient être tenus sous une constante interdiction.

La 3ème division italienne confiait l'exécution de l'attaque au commandement de la brigade Salerno, qui devait la développer avec les bataillons sous ses ordres (exclu le II/89ème); ordonnait que toutes les mitrailleuses en condition de pouvoir le faire appuient activement l'action et que la Salerno veille à en placer quelques unes sur l'éperon du bois de Fourches, pour exécuter, entre 18h. et 20h., une interdiction efficace interdiction dans la zone du parc de Commetreuil et du bois de Hyermont. Ordonnait, enfin, au commandement d'artillerie de prendre des accords directs avec celui de la 2ème division coloniale pour concourir à l'opération avec le plus grand nombre possible de batteries.

La 120ème division française, appelée à donner sa contribution à l'action, dispose pour l'intervention de toute l'artillerie et afin que le Ier bataillon du 38ème d'infanterie exploite l'opération dans le bois du Petit-Champ pour lancer trois grandes reconnaissances : une sur Cuitron (une demi-compagnie d'infanterie et une section de mitrailleuses), l'autre sur Marfaux (une compagnie et deux sections de mitrailleuses) et la troisième sur le moulin de l'Ardre (une demi-compagnie et une section de mitrailleuses), avec la tâche de s'emparer des dites localités et de se porter à l'alignement Pourcy-Marfaux - corne sud-ouest du bois du Petit-Champ. Il était prévu que ces reconnaissances devaient commencer à 21h. précédées par une préparation d'artillerie de 15 minutes à effectuer sur les trois points indiqués, et soient appuyées par le feu des mitrailleuses du 86ème régiment d'infanterie français. Le I/38ème, si l'attaque réussissait, devait passer aux ordres du 86ème, dont, en définitive, il aurait constitué la ligne avancée.

A 17 h. l'ennemi tente une attaque sur le front du 76ème infanterie italien, mais il est repoussé par la violente réaction de la 8ème compagnie du régiment qui s'élance résolument en contre-attaque, vaillamment soutenue par le tir de la 1718ème compagnie de mitrailleuses. Du bon succès obtenu tire un prompt avantage un détachement du 404ème régiment français qui, avec une jolie initiative, s'élance au dehors de la ligne, rejoint et occupe un tronçon de la lisière ouest du bois de Courmas.

A l'heure fixée l'artillerie commence le feu, auquel suit l'action de l'infanteries de la 2ème division coloniale, auxquelles s'unissent spontanément des noyaux du 76ème d'infanterie italien et un de ses détachements de soldats d'assaut. La réaction de l'ennemi est prompte et violente, toutefois l'attaque se poursuit lente mais continue; le XXXIIème bataillon sénégalais, appuyé à droite par le II/23ème et à gauche par le I/23ème, réussit à s'établir le long la route provenant de Courmas et qui traverse de nord à sud le bois du Petit-Champ.

A 19h. des détachements du 104ème d'infanterie français (deux compagnies) et la 9ème compagnie du III/90ème italien avancent sur Courmas, y pénètrent d'élan et y capturent armes et prisonniers; plus au nord les 7ème et 8ème compagnies du III/90ème conquièrent les bois entre Onrézy et le ruisseau de Courmas (sud-ouest de Onrézy). Entre-temps, la 8ème compagnie du 89ème d'infanterie italien, renforcé d'un détachement de sapeurs et d'une section pistolets-mitrailleurs, débouche de Onrézy. L'ennemi tente de s'opposer partout au mouvement; des rafales violentes de mitrailleuses s'abattent sur nos fantassins; des tirs d'artillerie, en majorité avec des projectiles à gaz, martèlent nos positions de départ et toute la zone face à elles; toutefois, malgré les graves pertes, nos soldats avancent courageusement sur tout le front. Ainsi ils s'emparent du bois à l'ouest de Onrézy, duquel ils rejoignent, avec une âpre lutte corps à corps, la lisière ouest. Dans le cours de l'action s'étant manifestée quelque difficultés de continuité entre les détachements du 90ème, la 6ème compagnie du régiment accourut pour fermer la brèche, tandis qu'en renfort de la 8ème compagnie du 89ème, qui a subi et subit des pertes graves, sont envoyés des détachements et des sections de mitrailleuses du IIIème bataillon du 89ème.

Au soir, la ligne de surveillance dans ce tronçon du front était organisée sur la rive droite du ruisseau de Courmas. Pour l'aménagement défensif dans le tronçon plus au sud le commandement de la 2ème division coloniale ordonnait (22h.) que le IIIème et le IIème/104ème, avec le concours du I/86ème, occupent la ligne: bois de Ruez (en liaison avec le 43ème régiment colonial à la corne nord-est du même bois - bois de Fourches - Courmas - mettant deux bataillons en ligne et un bataillon en réserve, au bois de Maître - Jean. Le 23ème régiment colonial était chargé d'occuper et de défendre le front: route Courmas - Cuitron - lisière sud du bois du Petit-Champ, prenant ici liaison avec le 86ème régiment d'infanterie français (de la 120ème division). Le XXXIIème bataillon sénégalais, retiré de la ligne, passait en réserve dans la partie ouest du bois d'Ecueil.

Les troupes italiennes du bois du Petit-Champ avaient l'ordre de continuer à défendre la ligne qu'elles occupaient avant l'attaque et qui maintenant constituait la ligne des réserves.

A l'heure indiquée la 120ème division avait poussé les reconnaissances préparées sur Marfaux, sur Cuitron et sur le moulin de l'Ardre provoquant immédiatement le déchaînement d'un très intense barrage. Marfaux et Cuitron étaient solidement défendues : là, en effet, l'adversaire opposait aux reconnaissances françaises une très vive réaction en leur empêchant toute progression et en infligeant des pertes particulièrement graves aux détachements qui agissaient vers Marfaux. Le moulin de l'Ardre, qui était vide, fut par contre occupé.

Dans l'après-midi le général Albricci reçut du commandement de la 5ème armée le préavis qu'au soir du 19 juillet le IIème corps serait remplacé par le XXIIème corps d'armée anglais et que les éléments italiens, petit-à-petit substitués, auraient à rejoindre la région d'Arcis-sur-Aube pour se réorganiser.

Dans la journée la 8ème division eut l'ordre de se transférer, de la zone d'Epernay, où elle était toujours déplacée, à la zone à est de Mailly-le-Champ, comprise entre Humbauville, Breban, St Léger sous Margerie, Margerie, Hancourt, Somsois, en laissant sur place les éléments indispensables au secteur.

Les mouvements des détachements à transférer devaient commencer le 19 juillet.

Dans la nuit du 19, les troupes italiennes et françaises qui avaient participé à la reprise-offensive, vaquaient au ratissage et à l'organisation du terrain conquis.

Des bombardements intermittents mais violents auxquels étaient mêlés des tirs à gaz toxiques, s'abattaient sur les premières lignes, sur les pentes sud de la côte 240, sur Clairizet, sur le bois des Grands Savarts, sur celui de Fourches et sur le Pâtis d'Ecueil.

Au nord de l'Ardre fût organisée l'installation des troupes, prévue par ordre de la 2ème division coloniale; toutefois le 75ème régiment d'infanterie italien et le LXème bataillon du génie italien remplacèrent, à la bataille du bois de Fourches, le I/86ème français lequel, à son tour, prit la place du 75ème sur le flanc de Courmas.

Le général Mordrelle, averti que dans la zone Le Cadran - Courtagnon était arrivée une des deux divisions du XXIIème corps britannique(la 62ème) et que la CLXXXVIIème brigade de la division avait été mise à sa disposition comme réserve, ordonna qu'elle se déplace dans la zone de Chamery, Nogent, Montchenot.

Sur le front de la 2ème division coloniale et de la 120ème division il n'y eut pas, pendant la journée du 19, d'événements dignes d'intérêt. Les deux divisions s'appliquèrent à la réorganisation des troupes et à perfectionner l'organisation des secteurs respectifs. Sur le front de la 14ème, par contre, fut continuée la reconquête méthodique de la deuxième position.

La résistance de l'ennemi parut, dans l'ensemble, discontinue et peu tenace. Les informations tirées des interrogatoires des prisonniers, des reconnaissances et de diverses sources concordaient dans les signes que l'adversaire se préparait à se replier.

Le général Berthelot télégraphia, en effet, à 18h., à ses corps d'armée :" un repli de l'ennemi sur notre front devient possible, il ne faut qu'il nous échappe. Sur tout le front doit être maintenu un très strict contact avec les patrouilles offensives et des "coups de sonde".

Peu après 19h. la prompte intervention de l'artillerie du corps d'armée dispersa la menace d'une attaque allemande appuyée par des " tanks" dans le bois de Courton.

Dans la matinée du même jour, 19, à Mareuil, près du siège du IIème corps d'armée, eut lieu une réunion à laquelle participèrent le commandant à la 5ème armé, celui du XXIIème corps anglais, ses divisionnaires, le commandant de la 14ème division française et le général Albricci. Au cours de cette réunion le général Berthelot présenta les critères à suivre pour l'entrée en ligne du XXIIème corps d'armée anglais et pour la continuation de la contre-offensive.

Selon les intentions du G.Q.G. français, l'entrée en ligne du XXIIème corps anglais ne devait pas avoir les caractéristiques du normal et graduel remplacement prévu dans un premier temps par le commandement G.A.C., mais celles d'une vraie et propre attaque, à effectuer à cheval sur l'Ardre et en direction générale de Fismes par tout le corps d'armée. L'action aurait été appuyée, à droite par I.C.A.C. qui aurait attaqué, avec des éléments de la 2ème division coloniale , renforcés par un groupe de trois bataillons italiens, les hauts plateaux au nord de Méry-Prémecy et à gauche, par le Vème corps, qui avec la 9ème division, aurait agi en direction de Champlat, Ville en Tardenois. Dans la journée du 19 les officiers anglais accomplirent les reconnaissances préalables nécessaires, assistés des officiers italiens et français et de guides qui les orientèrent sur les diverses positions, défenses, itinéraires etc.

Pour constituer le groupe des troupes italiennes destinées à agir avec la 2ème division coloniale furent désignés les bataillons : Ier du 76ème - Ier du 89ème (qui cessaient d'être sous la dépendance de la 120ème division) et le IIème détachement d'assaut. Avec ces unités (force totale environ 1300 hommes) fut constitué un régiment de manoeuvre, dont le commandement fut confié au commandant du 76ème d'infanterie.

Le soir, suite à la requête du commandant de la 2ème division coloniale, la brigade Napoli au complet (moins le I/76ème), deux compagnies mitrailleuses divisionnaires (2209ème et 2224ème) et le LXème bataillon du génie passèrent en réserve aux ordres directs du commandant de la 3ème division dans les bois de Courtagnon et de Montchenot, au sud de la route : ferme de Presle-Sermiers. Sur ordre du IIème corps d'armée le I/22ème colonial cessa lui aussi d'être à la dépendance tactique de la 120ème division et rentra dans la 2ème division coloniale, à la dépendance de laquelle furent placées aussi les quatre compagnies mitrailleuses de corps d'armée. Le 52ème d'infanterie, toujours à la dépendance de la 120ème division, se transféra de la zone des étangs de St. Imoges dans le bois de St Quentin à 2km. environ de Courtagnon, où commencèrent les travaux pour une ligne défensive entre Nanteuil et Courtagnon.

Pendant la nuit les deux divisions (62ème et 51ème) du XXIIème corps d'armée anglais s'établirent sur la ligne Courmas - lisière ouest du bois de Pourcy- Pourcy. Courton - Ruines. Sur la base de l'ordre d'opérations de la 5ème armée, la zone d'action du corps d'armée anglais était délimitée à droite par la ligne Onrézy - Ste Euphraise - Méry-Prémecy (toutes localités au I.C.A colonial) et à gauche par la ligne Paradis-Champlat - Ville en Tardenois (localités toutes au Vème corps d'armée français). Puisque, comme ligne de contact entre les deux divisions anglaises avait été choisi le cours de l'Ardre, la 62ème division dans son avancée aurait dû dépasser les troupes de la 120ème division française et de la 2ème division coloniale, qui étaient en ligne entre Ardre et Onrézy, tandis que la 51ème aurait dépassé, au sud de l'Ardre, les détachements de la 120ème et de la 14ème division.

Sur ordre du commandement de l'armée, quand l'attaque aurait rejoint les "objectifs minimaux" à côte 204, ouest de la côte 215, dos à ouest de Méry-Prémecy, créée à ouest de Aubilly, Montagne de Bligny, lisière ouest du bois "des Eclisses", Champlat, Cuchery, lisière est du bois de Rodemat, les unités de la 14ème division et de la 120ème devaient passer en réserve à la disposition du commandant de l'armée, se rassemblant : celles de la 14ème division, dans la zone Courton-Ruines-Pourcy, et celles de la 120ème division dans la région Courmas, Pâtis d'Ecueil.

Toute l'artillerie du IIème corps en position dans le secteur passèrent à la disposition du XXIIème corps, dont l'attaque n'aurait été, toutefois, précédé d'aucune préparation, mais seulement du normal tir de neutralisation et de contre-batterie, pendant son déroulement, l'action aurait été appuyée par le barrage mobile, avec des déplacements à vitesse moyenne de 100 mètres en 4 minutes. Le commandement de la 2ème division coloniale, qui, à droite du XXIIème corps britannique était chargé de la conquête des objectifs compris entre Vrigny et la crête à l'ouest d'Aubilly, envisagea l'emploi de deux groupes tactiques : l'un (groupe F), constitué du 24ème d'infanterie coloniale, du 43ème d'infanterie coloniale et du régiment italien de manoeuvre, avec la tâche de conquérir du terrain au nord de Vrigny, la côte 204 et le bois à l'ouest de la côte 204; l'autre (groupe D), formé du 23ème régiment d'infanterie coloniale et de deux bataillons du 104ème d'infanterie français, eut pour objectif le bois au nord de Ste Euphraise et le bois de la Vallotte.

Étant donné l'obliquité des fronts d'attaque des deux groupes tactiques et la divergence de la direction générale d'avancée de la division par rapport à celle du XXIIème corps anglais, le commandant de la 2ème division coloniale décida que les deux groupes devaient se mouvoir seulement quand les troupes anglaises auraient assez avancé pour garantir qu'un vide ne se soit pas créé entre les unités françaises et anglaises. A cette fin, une heure et demi après le commencement de l'attaque du XXIIème corps d'armée anglais, le 104ème d'infanterie (aile gauche du groupe D ), aurait dû déboucher du bois au nord-ouest de Onrézy, attaquer, en liaison avec les alliés, le bois de La Vallotte et continuer, ensuite, son avancée jusqu'à Ste Euphraise. Arrivé là, il aurait attendu que le commandant de la division donne l'ordre à tout le dispositif d'avancer.

Pour ce qui est des troupes italiennes, les 89ème et 90ème régiments d'infanterie reçurent l'ordre de rester sur leurs positions respectives, passant sous la dépendance directe du commandant de l'infanterie divisionnaire de la 2ème division coloniale; le régiment italien de manoeuvre reçut l'ordre de se déplacer dans la nuit et de rejoindre pour les premières heures du 20 juillet : avec le commandement du régiment le bois de Vrigny; avec le I/74ème le bois des Grands-Savarts; avec le 1/89ème et le IIème détachement d'assaut la partie est du bois de Vrigny.

En réalité le régiment - entravé dans son mouvement par les unités anglaises, elles aussi en marche pour prendre leurs places respectives dans le déploiement pour la bataille - fût obligé d'effectuer son transfert en plein jour à travers un terrain découvert. Après Ville-Dommange il fut, en effet, martelé par les tirs d'artillerie, chargés même à gaz, qui lui causèrent de lourdes pertes et l'obligèrent à ralentir tellement le mouvement, que seulement vers 12h. il pût rejoindre le lieu de déplacement indiqué.

Le commandant du régiment de manoeuvre, considérant que le 1/89ème , avec des effectifs assez réduits, avait subi les pertes les plus importantes, ordonna qu'il fut remplacé dans le déploiement d'attaque par le 1/76ème, duquel le 1/89ème prit la place au bois des Grands-Savarts.

Sur la base des ordres que le Commandement de l'infanterie divisionnaire diffusa le 20, le 1/89ème italien, le III/24ème et le III/43ème constituèrent la réserve du groupe tactique F. : le bataillon italien avec la tâche spécifique de se porter, dès qu'il en aurait reçu l'ordre, à l'orée sud du bois de Vrigny. Les autres deux bataillons du régiment italien, déplacés dans le bois de Vrigny, assumèrent la fonction de réserve du sous-secteur de la côte 240 et passèrent, avec le commandement du régiment, à la dépendance tactique de ce secteur, dans les limites, s'entend, à ce qui se référait à la défense du même secteur.

Le 89ème et le 90ème d'infanterie furent préavisés de se tenir prêts à avancer vers le nord pour réoccuper l'ancienne première position dès que l'action du régiment italien de manoeuvre l'aurait permis, et après l'ordre du commandant du groupe F.

Des quatre compagnies mitrailleuses de corps d'armée, une fut placée dans la région St.Lié, Heurtebise, les trois autres constituèrent un groupe divisionnaire, cantonné à Ville-Dommange dans l'attente d'être utilisé, tout ou en partie, à renforcer la ligne que le régiment italien de manoeuvre devait conquérir.

Sur le front des régiments de la brigade Salerno le 20, vers l'aube, de gros groupes d'ennemis tentent d'attaquer les occupants du petit bois à l'ouest de Onrézy, mais ils sont sanglantement repoussés; des patrouilles du 89ème d'infanterie, envoyées en reconnaissance offensive vers le village de St Euphraise, provoquent une vive réaction de la part de l'ennemi, qui se révèle équipé de nombreuses mitrailleuses et décidé à défendre jusqu'à l'extrême le terrain conquis.

A 8h., le XXIIème corps britannique commence l'attaque, précédée par le barrage mobile confié, en cette première phase, aux batteries du IIème corps qui s'employaient pour donner aux alliés toute l'aide possible.

Le commandement du secteur est passé - entre-temps - au XXIIème corps anglais qui, s'étant placé aux côtés du IIème corps italien dans la journée du 19, avait déjà reçu de ce dernier toutes les consignes nécessaires.

Le commandement du corps d'armée italien se déplacera, ensuite, le 22 juillet, à Arcis-sur-Aube.

La 62ème division se déplace avec les brigades CLXXXVII et CLXXXV en premier échelon (CLXXXVII à droite) et la CLXXXVI en deuxième. Sur la droite, le régiment de tête de la CLXXXVII brigade se déplace sur Bouilly et sur le parc de Commetreuil; à gauche un autre régiment pénétrant dans le bois de Reims cherche à battre les défenses de Commetreuil; Bouilly est occupée mais le château de Commetreuil, un vrai nid de mitrailleuses, résiste avec ténacité.

Plus au sud la CLXXXV brigade, au début clouée au sol par le barrage de l'artillerie ennemie, réussit ensuite à reprendre le mouvement, mais elle est bientôt arrêtée à nouveau par les nombreuses mitrailleuses placées aux lisières du bois du Petit-Champ et devant Cuitron et Marfaux. Avant midi, une contre-attaque organisée par les Allemands, au couvert dans le bois de Dix-Hommées, arrache aux anglais Bouilly. La CLXXXV brigade, épuisée, est remplacée par la CLXXXVI; un régiment réussit à s'infiltrer, à travers le bois d'Ecueil, vers le bois du Petit-Champ en occupant la lisière sud-ouest.

Vers 20h., une tentative des Anglais pour s'emparer des positions de Cuitron et de Marfaux venant du nord est nettement arrêtée par les mitrailleuses en position dans la corne sud-ouest du bois du Petit-Champ et sur l'éperon de Cuitron.

La 51ème division britannique, avec la droite appuyée à l'Ardre, dépasse, à son tour, la première ligne alliée; les régiments écossais avancent, dans un premier temps avec rapidité; sortant du bois de Courton ils s'efforcent de faire tomber, par encerclement, les défenses allemandes des centres de résistance de Marfaux, de Bullin et d'Espilly. Des rafales des mitrailleuses s'abattent sur les assaillants et peu à peu le mouvement ralentit.

L'artillerie ennemie réagit elle aussi avec véhémence battant en particulier la deuxième position et les arrières. Après-midi de nouvelles tentatives d'avancée n'ont pas une meilleure chance; au soleil couchant, les Allemands tentent de reprendre le terrain perdu :

Vers 19h., avec une suite de contre-attaques, ils cherchent à reprendre la lisière du bois de Courton. Au terme des combats le front se stabilise sur une ligne qui, d'un point à environ 400 m. au sud-ouest de Marfaux, passe par Bullin, Espilly, forme un saillant vers Nappes, plie vers sud-est à 400 m. au nord-est de Neuville-aux-Larris et à l'est de Paradis se relie à des éléments de la 9ème division française.

Sur le front de la 2ème division coloniale, à l'heure prévue, les deux bataillons du 104ème régiment d'infanterie français partent avec un bel élan à l'attaque et après un vif combat occupent leurs objectifs: d'abord, vers 10h. le bois de la Vallotte, et, dans le cours de l'après-midi, Ste Euphraise, capturant une centaine de prisonniers de la 86ème division et de la 50ème division - Au soir une compagnie du 1er bataillon du 86ème régiment d'infanterie, mise à la disposition par le commandant du 104ème, prend possession de Bouilly, évacuée pendant la nuit par les Allemands.

L'arrêt du XXIIème corps, avant qu'il puisse rejoindre son premier objectif, suggéra au général Mordrelle de ne pas donner suite aux actions prévues dans la zone du bois de Vrigny. Le même motif ne consentit pas que les troupes de la 14ème et de la 120ème division soient repliées, les dégageant de la fonction de défense de la ligne d'où était partie l'attaque anglaise.

Au soir, le commandement de la 2ème division coloniale ordonnait quelques modifications au déploiement des troupes dépendantes, de façon qu'elles assument un plus grand échelonnement en profondeur et aient un flanc de protection dans la zone boisée à gauche du même échelonnement, qui permette de prévenir les effets d'un éventuel retour offensif allemand de ce côté là.

En conséquence de ces ordres le 104ème français et le I/86ème auraient organisé la défense de Ste Euphrasie et le bois de la Vallotte en liaison vers Bouilly avec la CLXXXVIIème brigade britannique et vers Clairizet avec le I/90ème d'infanterie italien; le 23ème colonial aurait occupé, plus en arrière, la ligne: ferme de Heurtebise - tête de la tranchée de Courmas, se rattachant à celle déjà occupée: route de Courmas -Cuitron - lisière sud du bois du Petit-Champ; le I/22ème, en réserve divisionnaire à Chamery, se serait tenu prêt à rejoindre le bois de la Fosse pour contre-attaquer éventuellement en direction du sud-ouest.

Une compagnie du 90ème, la 4ème compagnie II/90 fut envoyée pour renforcer la défense de Courmas; elle se relia avec le 23ème régiment colonial vers le coin est du bois du Petit-Champ, avec les troupes anglaises près de la lisière sud-est du bois de Commetreuil.

Comme on l'a déjà écrit, le 19 juillet commence le mouvement des détachements de la 8ème division, qui devaient se déplacer dans la zone de St. Ouen. A 13h. tous les éléments furent transportés en camions à la Fère-Champenoise d'où, le jour suivant, ils furent partagés en quatre échelons sur l'itinéraire : Fère - Champenoise - Connantray - Montepreux - se portèrent par V.O. à Mailly-le-Champ; le 21, enfin, de Mailly ils rejoignirent les localités respectives de cantonnement.

Les détachements montés, les convois de ravitaillements, et les chariots, répartis en trois colonnes, commencèrent la marche le matin du 20 et en trois étapes, le long de la route : Avize - Villeneuve - Soudron - Vatry - Bussy - Lettrée - Dommartin - Soudé - Coole , rejoignirent eux aussi les localités respectives de cantonnement.

Les éléments qui après le 15 juillet étaient restés employés dans le secteur du IIème corps, se déplacèrent dans la zone de St. Ouen entre le 22 et le 24 juillet, une partie par chemin de fer, une partie avec camions et une partie, enfin, par voie ordinaire..

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