LES COMBATS DU 16 JUILLET

Un énorme travail de traduction a été réalisé par Monsieur Angelo ZAMBON, avec l'aide du Colonel MAGLIOCCHETTI, Attaché Militaire Italien à Paris. Merci, à tous deux, pour ce travail .....

LES COMBATS DU 16 JUILLET

LES ÉVÉNEMENTS DU 16 JUILLET

A 1 heure 15 le général commandant la 14ème division, devançant ses troupes, se présenta à Hautvillers au poste de commandement du IIème Corps.

Le général Albricci, après un entretien avec lui, ordonna que, en modification partielle des ordres donnés par la 5ème armée, la 14ème division se borne, pour le moment, à passer la Marne et à se rassembler dans la zone au nord de Hautvillers, derrière la gauche de la 120ème division. Ensuite, il ordonna que la 14ème division, à la tombée de la nuit du 17 juillet, remplace les détachements de la 120ème qui se trouvaient dans le secteur entre La Poterne (point de contact avec le Vème Corps) et la lisière nord du bois de Courton (liaison avec la 120ème)

De son secteur primitif la 120ème division aurait donc gardé seulement la partie comprise entre les bois de Courton et de Maître-Jean, conservant à sa disposition, en plus de ses trois régiments réglementaires, le 52ème d'infanterie italien. Le Ier bataillon du 86ème français qui était sous la dépendance de la 3ème division serait rentré à la 120ème division, laquelle, à son tour, aurait restitué le Ier bataillon du 76ème à la 3ème division. Celle-ci, aurait eu ainsi l'entière disponibilité de toutes ses troupes réglementaires, moins les bataillons II et III du 76ème avec le commandement du régiment qui, remplacés en ligne par la 120ème division, devaient se rendre aux environs de Courtagnon pour constituer, avec le détachement d'assaut et les deux compagnies mitrailleuses de corps d'armée déplacées dans la zone de Nanteuil, la réserve de corps d'armée. La 14ème division aurait eu à disposition tous ses régiments et aussi, pour la journée du 17, le Ier bataillon du 52ème régiment. Les déplacements du 76ème et du détachement d'assaut devaient avoir lieu le 17 au matin.

Pendant la matinée du 16, les régiments de la 14ème division se déplacèrent sur les objectifs indiqués : 35ème régiment dans le bois de Sarbruge; 44ème au sud de l'étang de Centaines; 60ème dans le bois au nord-est de Hautvillers.

Les 14ème et 120ème divisions, à leur tour, donnèrent les directives pour la réalisation des changements et pour l'aménagement des secteurs respectifs; les événements de la journée, comme nous le verrons, en empêchèrent ou en bouleversèrent en grande partie l'exécution.

Dans la matinée, toutefois, quelques prédispositions furent réalisées, et ainsi : le I/38ème se déplaça dans la région au nord-ouest de la ferme d'Ecueil, pour être prêt à renforcer soit la soudure des deux bataillons du 76ème italien, soit la liaison entre ce régiment et le 86ème régiment français; le I/76ème rejoignit le bois d'Ecueil.

Pour les Allemands, pendant la journée du 15 juillet, dans le but de faciliter l'activité d'une autre grande unité opérant au sud de la Marne, le groupe Schmettow avait reçu l'ordre de déplacer la direction d'attaque de la 195ème division, en la faisant converger vers le sud et de faire entrer en ligne, à la gauche de cette division, la 12ème division bavaroise, restée jusqu'alors en deuxième ligne. Mais, étant donné que cette division avait rejoint son nouveau déploiement seulement le soir, son intervention dans la bataille avait été différée au jour suivant.

Dans la nuit du 16, la 103ème division, de deuxième ligne à l'extrême droite du groupe Schmettow, avait été déplacée dans la zone comprise entre Ville-en-Tardenois, Chambrecy et Boujacourt pour être employée sur la gauche de la 123ème bavaroise dans la zone comprise entre cette division et la 86ème du groupe Borne.

Le groupe Schmettow, qui avait ainsi en ligne, du nord au sud, les divisions : 103ème, 123ème saxonne, 22ème, 12ème bavaroise et 195ème, devait - conformément aux ordres donnés dans la nuit par le commandement de la 7ème armée - rejoindre le 16 la route Reims-Epernay, jugée un des objectifs les plus importants du front de l'armée.

Sur la base des dispositions particulières données pendant la nuit par les commandements intéressés : la 86ème division (groupe Borne) devait, le 16, continuer la pression exercée le jour précédent contre les italiens sans attendre le commencement de l'action de la 103ème division, aidée par le concours de son artillerie; la 103ème division après l'indispensable préparation d'artillerie, devait s'avancer sur les hauteurs de Reims et conquérir l'orée des hauteurs au dessus de Chamery de façon à pouvoir dominer, ensuite, la plaine de Reims; la 123ème division saxonne avait comme objectif Pourcy; la 22ème Nanteuil, la 12ème par contre devait - dans un premier temps - se déplacer à cheval de la route Neuville-Fleury et, s'emparer de cette localité, pointer vers l'est et, à partir de ce moment, assumer le secteur et les objectifs affectés, précédemment, à la 195ème, qui fut chargée de la conquête des bois de Rodemat et "du Roi".

Dans l'ensemble, excluant la 195ème division et la 12ème bavaroise, qui opéraient en d'autres secteurs, quatre divisions allemandes, le 16 juillet, tentèrent avec acharnement de mettre en déroute la défense opposée par les troupes italo-françaises de notre IIème corps d'armée.

Front de la 3ème division

La nuit s'écoule assez tranquille. Dans le secteur du 89ème régiment d'infanterie se développent, vers l'aube, des actions vives et des patrouilles : dans un accrochage deux prisonniers du 344ème régiment sont capturés; ils annoncent qu'une attaque allemande est proche.

En réalité, l'attaque n'arrive pas et les détachements en profitent pour organiser, avec ardeur, la défense des nouvelles positions, pour améliorer le déplacement des troupes, les emplacements des armes et à renforcer les communications.

Entre-temps, l'adversaire, par petits groupes, se concentre dans le bois de la Vallotte et de là il descend vers Bouilly et dans le bois Commetreuil; de la Croix-Ferlin il avance vers le bois de Dix Hommes et de Hyermont; notre artillerie et l'action coordonnée des mitrailleuses en ligne entravent et ralentissent le mouvement.

Par rapport aux ordres déjà donnés le 14 juillet par le commandement de l'armée et sur la base des accords passés entre les deux divisions intéressées les positions dans le bois de Vrigny passent, avec les troupes qui les défendent, (II/89ème régiment) sous la dépendance de la 2ème division coloniale. Par conséquent, la limite nord-orientale du secteur confié à la 3ème division italienne est déplacée à la ligne : Méry-Prémecy, la lisière sud du bois de Vrigny, chemin charretier qui de la limite sud-est de ce bois mène à la Carbonnerie, donc à l'ancienne limite.

Aux environs de midi, le calme relatif qui avait régné jusqu'alors dans ce secteur est rompu par des concentrations de feu que l'artillerie allemande effectue sur toute la ligne, mais avec une particulière violence sur les pentes de la cote 240 et sur le bois de Vrigny. Des avions allemands volent à basse altitude sur les lignes tenues par la 2ème division coloniale française et sur celles de la 3ème division italienne, mitraillant les troupes et fournissant d'utiles données de tir aux différentes batteries. La rapide intervention des batteries des divisions alliées réussit à ralentir l'intensité du feu adverse sans, du reste, le neutraliser complètement : les pertes dans les premières lignes et à l'arrière sont sensibles.

Le commandant de la 3ème division, - dans le but de réduire le saillant formé par la nouvelle ligne d'occupation à proximité du bois de Vrigny - , ayant pris des accords avec la 2ème division coloniale, ordonne au commandement de la Brigade Salerno de réoccuper dans la journée Clairizet.

Vers 20 heures le tir ennemi de destruction et à gaz s'intensifie à nouveau, avec une violence particulière sur les anfractuosités des pentes de la cote 240, sur la hauteur même et sur le bois de Vrigny. A 20 heures 30 une puissante attaque déborde, dans un premier moment, une partie de la défense de la cote 240 (2ème division coloniale française) : la prompte et décisive réaction des Sénégalais rétablit très vite la situation. Le II/89ème participe à l'action appuyant efficacement avec le feu de ses armes la contre-attaque et repousse à son tour de grosses patrouilles qui cherchent à pénétrer dans les lignes pour arriver dans le dos des positions de la cote 240. La 3ème division, attaquée à son tour, fait face au choc de l'ennemi et en décevait toute espérance. Dans la nuit une compagnie et une section de mitrailleuse du I/90ème reprennent, après un bref mais violent bombardement, Clairizet et fixent une ligne avancée de petits postes, qui se relie à droite avec le II/89ème à la corne sud-ouest du bois de Vrigny et, à gauche, avec le III/89ème à la corne ouest du bois des Grands Savarts.

Au soir le 37ème régiment d'artillerie français "porté" était mis à disposition du IIème corps, et affecté par celui-ci à la 3ème division, qui prenait position à cheval sur la route carrossable Ferme de Presle - Montaneuf, de façon à pouvoir agir sur le front, soit de la 3ème division soit de la 120ème.

Front de la 120ème division

Vers 4 heures l'artillerie allemande, qui dans ce secteur avait été pendant la nuit plutôt active, reprend le bombardement concentrant le tir de ses lance-mines, en particulier, sur les positions italo-françaises du bois de Courton.

L'artillerie de la 120ème division réagit avec une énergique contre-préparation et, dans le but de s'opposer à la progression méthodique des réserves ennemies vers le moulin de Voipreux, dans la vallée de l'Ardre, vers Espilly, dans le bois de l'Aulnay, et particulièrement dans le bois de Courton, frappe, avec des tirs de barrage intermittents, les routes, les voies d'accès et surtout les petits bois devant les premières lignes. Ces mouvements de l'adversaire sont le prélude à une attaque en force, qui se déchaîne vers 8 heures 30 contre la ligne défendue par le Ier bataillon du 52ème italien et par le IIème bataillon du 408ème français; le feu rapidement ouvert par la défense réussit à contenir l'impétuosité de l'ennemi, mais il ne peut empêcher que des éléments, rejoignent et dépassent les premières lignes, puis débordent au delà d'elles.

Une contre-attaque lancée immédiatement par la 7ème compagnie du 38ème d'infanterie français ferme la brèche, tandis que la 5ème compagnie du 52ème régiment d'infanterie italien élimine, dans le tronçon compris entre la ligne avancée et celle des réserves, les éléments allemands qui ont réussi à avancer au delà des premières lignes; autour de 10 heures 30 la situation est, pour ainsi dire, tout à fait rétablie. La compagnie du 52ème, toutefois, est laissée à la disposition du IIème bataillon du 408ème régiment français.

A l'extrémité gauche du secteur les Allemands, qui dans le cours de la matinée avaient tenté, à plusieurs reprises, d'avancer à l'ouest de la zone boisée de Courton et de s'infiltrer au travers de la jonction des deux divisions limitrophes, attaquent avec violence, après 12 heures 30, le I/52ème italien et le III/52ème colonial (extrême droite du Vème corps). Le IIème détachement d'assaut italien accourt promptement en renfort de la ligne qui menace de céder sous la pression ennemie. Son intervention rétablit la situation; les soldats d'assaut réoccupent, en effet, par une attaque irrésistible les tranchées que les coloniaux avaient été obligés d'abandonner et ensuite repoussent, vers 14 heures, une nouvelle irruption.

Presque simultanément dans le bois de Courton se manifeste un retour offensif de l'ennemi, précédé et soutenu par une action animée d'artillerie. L'attaque est particulièrement dirigée contre le front tenu par le III/408ème français. Le groupe du 228ème d'artillerie et le III/ du 53ème effectuent des tirs opportuns et efficaces de contre-préparation et de barrage; la progression de l'ennemi continue plus lente, mais, tout de même, tenace et menaçante.

Vers 12 heures 20, un ordre était arrivé au IIème corps, de la part du commandement de la 5ème armée, par lequel le Général Berthelot - attendu que les corps d'armée dépendants avaient été, le soir précédant ou pendant la nuit, renforcés et que l'ennemi, tout en étant, évidemment, intéressé à poursuivre son avancée, s'attardait en s'arrêtant - affirmait que le moment opportun de passer à la contre-attaque était arrivé et ordonnait qu'une telle action fût sans faute effectuée avant 17 heures, avec pour objectif la reprise des positions occupées, au commencement de la bataille.

Le général Albricci, toutefois, avait fait remarquer que, pour le moment, il ne jugeait ni possible ni conseillable une action de ce type sur son front, mais qu'il l'aurait sans aucun doute organisée dès que possible.

En effet, divers éléments concourraient à conseiller un tel report : la 14ème division ne pouvait entrer en ligne que pendant la nuit suivante; la troupe de la 120ème, qui avec sept bataillons italiens défendait la deuxième position, était fatiguée et éprouvée par la lutte jusque-là soutenue et toujours en cours; la 3ème division avait subi de graves pertes et, enfin, raison décisive, on attendait d'un moment à l'autre une nouvelle et plus violente attaque de l'ennemi.

Depuis quelques temps, en effet, le commandement du corps d'armée avait reçu de plusieurs sources des informations de mouvements ennemis dans le bois de Reims, dans la vallée de l'Ardre et dans le bois de Courton.

Le commandant du IIème corps, pour parer à l'évidente menace, avait ordonné à l'artillerie du corps d'armée de déplacer le tir sur le bois de Courton et dans le vallon d'Espilly, tandis qu'il avait renforcé la 120ème division avec les deux autres compagnies de mitrailleuses du corps d'armée de sa réserve.

Vers 16 heures, après une intense préparation effectuée en particulier avec les lance-mines, s'annonce l'attaque. Dans la vallée de l'Ardre l'attaque est arrêtée, mais dans le bois de Courton les colonnes d'assaut allemandes, soutenues par de nombreux lance-flammes, ont rapidement raison de la tenace défense du IIème bataillon (de gauche) du 408ème d'infanterie français et ils réussissent à ouvrir, entre la 6ème et la 7ème compagnie de ce bataillon une ample brèche.

Déferlant rapidement au delà des positions occupées l'ennemi tente d'écraser les détachements latéraux (III/408ème français à l'est et I/52ème italien à l'ouest). Le commandant du II/408ème signale sa dangereuse situation au commandant du II/38ème, qui fait rapidement intervenir la seule compagnie qui est encore disponible.

Le commandant du 408ème, à son tour, ordonne aux deux bataillons du 52ème régiment infanterie italien, placés sous ses ordres par le commandement du corps d'armée le jour précédent, de passer à la contre-attaque. Le IIème et le IIIème bataillons du 52ème avancent courageusement; l'action, menée avec décision et habileté, réussit, dans un premier temps, à ralentir la fougue de l'adversaire, mais, après, sont à leur tour arrêtés par les tirs de nombreuses mitrailleuses, qui, avec leur feu précis et meurtrier, obligent, à la fin, les deux bataillons à se replier.

Le commandant du 408ème ordonne (à 21 heures environ) aux rescapés du 52ème de se déplacer sur la rive gauche du ruisseau de Nanteuil (affluent de gauche de l'Ardre) pour y constituer un échelon de couverture à l'arrière front à l'ouest, avec la droite vers le carrefour de St Denis.

Le Ier bataillon du 52ème, entre-temps, pour maintenir la liaison à droite avec les Français, qui ont été obligés à un nouveau recul, réalise une conversion pivotant avec la gauche dans la zone de La Poterne et prend position, avec une compagnie française du II/38ème et avec des éléments du II/408ème, entre ladite localité et Courton-Ruines.

L'infiltration de l'ennemi, entre-temps, continue : quelques éléments allemands réussissent, même, à gagner la cote du bois de Courton qui descend vers Nanteuil et de cette position prennent sous le tir de leurs mitrailleuses les commandements de la 3ème et de la 120ème division. Les deux commandements, avec leur personnel, improvisent une défense dans la Ferme de Courtagnon, mais doivent après se déplacer : le commandement de la 3ème division à Sermiers, celui de la 120ème à Saint Imoges.

Les deux bataillons du 52ème prennent position sur la berge de l'affluent de l'Ardre; l'artillerie ennemie repère la position et la frappe, tandis que des mitrailleuses allemandes, se dévoilant le long de la route Pourcy - Nanteuil-la-Fosse, prennent en enfilade les détachements qui se défendent avec héroïsme repoussant les attaques réitérées d'éléments qui les investissent de toute part.

Le IIIème bataillon du 408ème, auquel se sont unis des éléments de la 5ème et 6ème compagnies du IIème bataillon, la compagnie commando du régiment et une section de la 26ème compagnie du IIIème bataillon du génie, accroché au terrain, faisant front au nord et à l'ouest, oppose à son tour une tenace résistance. Reste ouverte, toutefois : une brèche entre les deux zones de combats du 408ème et un couloir entre la ligne occupée par les deux bataillons du 52ème et celle plus avancée tenue par des détachements en première ligne.

La situation en ce secteur, par sa nature déjà particulièrement délicate, semble, dans l'ensemble, incertaine et préoccupante. Le combat, dans le début de l'obscurité de la nuit, est toujours vif, mais il semble qu'il se déplace, toujours plus menaçant, vers l'ouest; les nouvelles portées au commandement par les blessés et les estafettes sont alarmantes, confuses et contradictoires. Dans cette circonstance le général Albricci envoie un officier de son Etat-Major sur la ligne de front pour chercher des informations précises, il ordonne que toute l'artillerie, qui est dans la possibilité, concentre ses feux sur la brèche, qui reste ouverte, il ordonne que le détachement d'assaut accourt à nouveau pour assurer la soudure avec le Vème corps. En même temps il appelle l'attention des coloniaux (droite du Vème corps) sur la situation qui s'est créée sur le front de la 120ème division et demande qu'ils se tiennent prêts à envoyer, en cas de nécessité quelques renforts. Ensuite, personnellement, il se rend auprès de la 14ème division, il demande au général Baston d'accélérer l'entrée en ligne et, après l'avoir informé sur la situation, lui donne verbalement les ordres nécessaires. Mais le général Mordacq, ayant pris connaissance des événements qui s'étaient développés au nord de Nanteuil et dans le bois de Courton, préoccupé par la progression de l'ennemi, avait déjà envoyé (17 heures 30) directement à chaque régiment de la 14ème division le message suivant : "Le 44ème, le 35ème et le 60ème régiments rapprochent immédiatement leurs éléments de tête, de façon à pouvoir appuyer, si nécessaire, les unités de la 120ème division, qui n'a plus de réserves".

Les régiments de la 14ème division étaient donc déjà en mouvement quand le Général Albricci sollicitait l'intervention de la division.

Vers 19 heures 30, le bataillon de tête du 44ème(II), en marche sur Nanteuil-la-Fosse, débouche dans la vallée de l'Ardre; il y trouve des éléments allemands et est accroché par des feux venant du bois de Courton. En conséquence, il se déploie rapidement à l'ouest de Nanteuil pour couvrir le village et retenir l'adversaire. A droite du II/44ème se déploie le III/44ème avec l'ordre de prolonger vers l'est le front et de chercher la liaison, de côté là, avec les éléments de la 120ème.

Le I/44ème est destiné à constituer une réserve et est déplacé à la lisière nord-est du bois de Sarbruge avec la mission de couvrir le flanc gauche du déploiement et de chercher à se relier avec le 35ème d'infanterie vers l'ouest.

Ce dernier régiment à 18 heures 30 avait déjà ses Ier et IIème bataillons en marche, à travers les bois, sur Courton- Ruines; leur mouvement avançait lentement et avec difficulté. et seulement à une heure très avancée de la nuit ils réussissaient à se déployer le long d'un sentier juste au delà de Courton-Ruines; plus tard encore ils se reliaient à gauche avec le 60ème régiment tandis que seulement dans la journée du 17 juillet ils purent trouver le contact à droite avec le 44ème.

Le III/35ème, s'étant porté dans les environs de Cormoyeux, y resta en réserve. Vers 18 heures le 60ème d'infanterie se mit à son tour en mouvement son IIIème bataillon en direction de Romery, d'où il aurait dû aller dans le bois de Fleury. Informé, au cours du déplacement des événements survenus dans la zone, le bataillon se déploya et avança à cheval du chemin qui de Fleury conduit à Espilly. Après avoir repoussé vers le nord des éléments ennemis, il se heurta contre la défense consistante que l'ennemi avait ébauché sur le tronçon de la deuxième position où il avait réussi à prendre pied; seulement aux alentours de minuit, après diverses vicissitudes le III/60ème pût reconquérir environ 300 mètres de ligne. Comme nous l'avons déjà indiqué, vers 3 heures le 17 juillet ce bataillon réussit à retrouver la liaison à droite avec le 35ème, qui était déployé sur une ligne arrière et à angle droit par rapport à celle tenue par le III/60ème.

Les autres deux bataillons du 60ème régiment (I et II) s'en allèrent en réserve dans le bois de la Montagne de Reims au nord de Hautvillers.

Depuis 23 heures 30 le tronçon de la ligne compris entre La Poterne (exclue) et Nanteuil-la-Fosse (inclue) passa sous la responsabilité du commandement de la 14ème division. La limite commune entre la 14ème et la 120ème division resta fixée à l'orée Nord-Est du bois de Courton - intersection des routes Nanteuil - Pourcy et Nanteuil - Presle - chemin de Nanteuil-la-Fosse - sentier orienté de N.O à S.E., qui, passant par le bois de St Quintin, va à St Imoges - église de St Imoges, 500 m. au N.E. de La Neuville. A 24 heures le commandement du 2ème corps d'armée se déplaça à Mareuil. Pendant la nuit le I/52ème italien, le II/408ème français et le II/38ème français furent retirés du front et envoyés pour se réorganiser près de l'étang de St Imoges.

Le commandant de la 2ème division coloniale, informé des événements arrivés sur le front de la 120ème division, préoccupé des conséquences qu'ils auraient pu avoir sur la solidité de la défense de la Montagne de Reims, se dépêcha de diriger des troupes

vers la Ferme de Presle pour y établir un barrage qui pouvait affronter d'éventuelles progressions de l'ennemi par la brèche ouverte dans les lignes défendues par la 120ème division française.

A 22 heures le I/22ème reçut, ainsi, l'ordre de se déployer à la lisière nord du bois de Courtagnon pour empêcher les infiltrations de ce côté. Pour soutenir ce bataillon le commandant de la 2ème division coloniale envoya à Villers-aux-Noeuds le XXXIIème bataillon d'infanterie sénégalais et plus tard, informé par une reconnaissance de sa cavalerie, envoyée à Pourcy, que cette localité était encore aux mains d'éléments du III/86ème français et que le III/38ème français tenait la rive sud de l'Ardre, ordonna au I/22ème de se fixer à Presle pour être en mesure de soutenir tant le bataillon du 86ème que celui du 38ème.

En résumé, au sud de l'Ardre s'était constituée une nouvelle ligne non continue, qui avec un cours irrégulier, s'appuyait à droite à Presle, passait à l'ouest de Nanteuil et arrivait, avec une direction générale est-ouest, à La Poterne où les soldats d'assaut du IIème détachement et le I/52ème avaient, avec des contre-attaques répétés et avec ténacité, maintenu la liaison avec le Vème corps. Sur cette ligne des détachements de la 14ème division française et de la 120ème cherchaient à communiquer entre eux pour fermer les divers intervalles existants dans l'occupation, au travers desquels l'ennemi menaçait de continuer sa lente pénétration.

Particulièrement critique apparaissait la situation du IIIème bataillon du 408ème : sous la poussée de l'ennemi ce bataillon avait été obligé, en effet , d'infléchir de plus en plus sa ligne de défense jusqu'à faire un front nettement au Sud, également à droite , il se maintenait, désespérément cramponné à la deuxième position, où cependant il avait perdu la liaison avec les éléments contigus de la division, qui, avaient été contraints ,eux aussi, à céder du terrain.

Ainsi, encerclé de toutes parts, avec des communications insuffisantes vers l'arrière, rendu toujours plus précaire par le tir des mitrailleuses ennemies, ce courageux détachement, qui constituait une espèce d'îlot avancé, il se maintint et résista sur place jusqu'au 18 juillet, c'est-à-dire jusqu'à ce que la contre-offensive des alliés obligea l'ennemi à se replier. Entre-temps l'aviation était parvenu à le ravitailler en vivres et munitions.

La crise, qui avait eu des moments tragiques et préoccupants était désormais en voie de résolution, même si sur l'aile gauche du déploiement du corps d'armée pesait toujours la menace de l'ennemi, qui sur le front du Vème corps, entre La Poterne et la Marne, avait effectué des progressions remarquables.

La 8ème division, sur ordre du commandement du IIème corps, envoya la 2208ème compagnie de mitrailleuses divisionnaire aux ponts de Mareuil pour renforcer la défense et constitua, avec des éléments tirés des mitrailleurs du 51ème d'infanterie, une compagnie de mitrailleuses provisoire qu'il envoya à Mareuil.

Les détachements d'infanterie essayaient entre-temps avec les matériels et les hommes rescapés de constituer des compagnies et des bataillons provisoires destinés, au besoin, à porter leur contribution dans la lutte en cours.

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