LE 2ème CORPS D'ARMÉE ITALIEN AVANT L'OFFENSIVE ALLEMANDE DE 15 JUILLET

Un énorme travail de traduction a été réalisé par Monsieur Angelo ZAMBON, avec l'aide du Colonel MAGLIOCCHETTI, Attaché Militaire Italien à Paris. Merci, à tous deux, pour ce travail .....

LE 2ème CORPS D'ARMÉE ITALIEN AVANT L'OFFENSIVE ALLEMANDE DE 15 JUILLET

OFFENSIVE ALLEMANDE A L'EST ET A L'OUEST DE REIMS ET SUR LA MARNE ( 15 17 juillet )

LA CONTRE-OFFENSIVE FRANÇAISE ( 18 juillet - 7 août )

Aussitôt terminée la bataille sur la Lys ( avril 1918), le Commandement Suprême allemand avait ordonné au prince héritier Rupprecht, commandant le groupe d'armées des Flandres, de préparer la reprise des opérations. Hindenburg était, en effet, plus que jamais convaincu qu'une victoire sur les côtes de la Manche aurait eu des conséquences décisives pour la guerre, mais il n'ignorait pas que pour battre l'Angleterre dans les Flandres il était nécessaire d'attirer sur un autre partie du front les forces françaises de réserve, qui auraient pu, comme en avril, accourir et sauver, encore une fois, les Anglais de la défaite.

D'un autre côté l'offensive entre Noyon et Reims ( mai - juin ), si elle avait permis aux Allemands de remporter un remarquable succès local, elle n'avait pas atteint le but que le Commandement Suprème allemand espérait : c'est-à-dire, séparer les deux alliés : des nombreuses réserves françaises étaient, en effet, restées dans les Flandres et en des localités aptes pour un transport rapide. En conséquence, avant de reprendre les opérations contre les Anglais au nord, on considéra nécessaire une nouvelle offensive à caractère de diversion; pour la réaliser le secteur à ouest de Reims parût le plus apte. Le choix de ce secteur offrait non seulement la certitude qu'un succès allemand à sud de la Marne, menaçant Paris d'une part et tout le déploiement des armées de l'est d'autre part, auraient contraint le Commandement Suprème français à jeter dans la lutte tous les moyens disponibles, mais il y avait aussi la nécessité de sortir de la situation critique dans laquelle les troupes allemandes se trouvaient entre Reims et Soissons.

Pendant les études de cette attaque, conçue à l'origine comme principalement une diversion, acquit toujours plus d'importance et d'ampleur, s'étendant aussi à l'est de Reims et faisant surgir l'espoir qu'elle pouvait rapporter des succès même plus importants de ceux prévus au commencement.

L'organisation de l'action et sa direction furent confiées au Kronprinz Impérial, commandant le groupe d'armées formé avec les 3ème, 1ère, 7ème, et 18ème armées, auxquelles, après, s'ajouta la 9ème. Les dites armées étaient rangées, front au sud, d'Avocourt (est) à Moreuil. Leur occupation avait, d'Avocourt jusqu'à Reims, un cours presque rectiligne et direction est-ouest; il passait ensuite au nord de Reims, ceinturant la ville de trois côtés; se dirigeait ensuite, avec un tracé tout saillants et rentrants, vers sud-ouest jusqu'à la Marne près de Verneuil; il suivait, ensuite, les sinuosités du fleuve jusqu'à Château-Thierry d'où, avec un tracé sud-nord, avançait jusqu'à l'Aisne, qu'il coupait une dizaine de km. à ouest de Soissons, pour se courber, tout de suite après, au nord-ouest et rejoindre Moreuil.

Entre Reims et Soissons la ligne allemande formait, donc, une poche d'environ soixante km. d'ouverture et une profondeur d'environ trente cinq km. Cette poche était non seulement sous la menace continuelle d'une attaque française qui viserait à en fermer l'ouverture, mais présentait aussi l'inconvénient d'être desservie par la seule voie ferrée, à rendement plutôt faible, Laon-Soissons.

Avec cette action destinée à l'éliminer, le Kronprinz Impérial décidait d'engager les 7ème, 1ère et 3ème armées. La 7ème armée devait percer, par surprise, les positions adversaires entre Chambrecy et Gland et s'emparer des ponts d'Epernay et des hauteurs sud-ouest de la ville. Son flanc droit aurait été garanti par une percée jusqu'à la ligne : Gland - St Eugène - Orbais - les hauteurs de Brugny au sud; pour la défense du flanc gauche de l'attaque l'aile gauche de l'armée devait pousser au nord de la Marne le plus loin possible et, au moins, jusqu'à la ligne Mancy - Chonilly - Ay - Dizy - Magenta - Hautvillers - Nanteuil-la-Fosse - Chaumuzy - Chambrecy.

A la première armée ( à l'est de la 7ème ) avait été assignée la tâche de rompre les résistances ennemies entre Prunay et Aubérive et, prenant garde vers la Montagne de Reims, franchir la Marne entre Condé et Châlons-sur-Marne. Le contact avec la 7ème armée devait se réaliser en avançant au delà de la ligne Bouzy-Condé en direction d'Epernay.

A la 3ème armée ( aile gauche extrême du groupe d'armées ) était confiée la protection du flanc gauche de l'attaque, elle devait y veiller en s'emparant, dans un premier temps, de la ligne : hauteurs à est de St. Étienne - pentes sud-est de la cote 182 ( entre les rus de Suippes - Châlons et Suippes - Somme - Suippes ) - hauteurs à l'est de Perthes. Ensuite, avec la progression de l'attaque de la 1ère armée, la 3ème aurait rejoint la ligne Courtisols - Tilloy et Bellay - Somme - Tourbe assurant ainsi le passage de la Marne à l'aile est de la 1ère armée.

Dès que les autres armées auraient rejoint les positions que leurs avaient été indiquées, l'aile gauche de la 7ème devait s'unir à l'avancée générale et s'emparer de la ligne: Verdon - hauteurs de la Chapelle - hauteurs de Beaunay - hauteurs à sud-ouest de Bergères.

L'opération ainsi conçue excluait l'attaque directe de Reims, qui serait tombée en vertu de la manoeuvre tournante de la 7ème et de la 1ère armée, et requérait que la droite du front d'attaque de la 7ème armée abordât le passage de la Marne en présence, et à brève distance de l'ennemi.

Pour la réussite de son plan le Commandement allemand comptait beaucoup sur la surprise et sur l'irrésistible rapidité de la progression de ses troupes : les premiers deux jours et la nuit intermédiaire étaient donc considérés décisifs pour le bon résultat des opérations.

Le début de l'attaque, prévu tout d'abord pour le 10 juillet, fût, ensuite, renvoyé au 15 du même mois. A cette date l'importance des forces destinées à l'attaque était dans l'ensemble de 50 divisions réparties dans le territoire de 12 corps d'armée. De ces divisions 29 étaient placées en première ligne (cinq d'entre elles toutefois : la 33ème du XVIème corps, la 238ème du VII; la 242ème du VII et la 213ème du XV et la 86ème du VI devaient entrer en action en un deuxième temps), 10 étaient de deuxième échelon et 11 de troisième.

L'artillerie était représentée par un bloc de 1656 batteries ( 1047 de campagne et 609 lourdes ) et de 2214 lance-mines.

Comme nous avons eu l'occasion de dire, le Commandement Suprème français eut à temps connaissance des desseins offensifs allemands; bientôt il fût en mesure de connaître non seulement le front choisi pour l'attaque, mais aussi le jour où elle devait avoir lieu et même l'heure exacte du commencement.

Le groupe des armées du centre ( 4ème, 5ème et 6ème armées) sous le commandement du général Maistre, en ligne, sur le front menacé, fût, donc, rapidement renforcé avec des divisions, d'autres secteurs, tandis que furent prises toutes les mesures propres à contenir le choc imminent. Tirant ensuite avantage des préparatifs en cours déjà depuis un certain temps dans la 10ème et la 6ème armée pour une attaque entre Aisne et Marne , destinée à réduire la poche de Château-Thierry, fût prise la décision de répondre à l'offensive allemande avec une contre-offensive en direction de Fère-en-Tardenois, laquelle, en plus des avantages qu'elle pouvait apporter directement, aurait neutralisé l'offensive allemande à l'ouest de Reims, consentant par conséquence à consacrer à la défense à l'est de Reims toutes les forces de la région de Châlons.

Le 12 juillet le général Pétain affectait à la 10ème armée la tâche de rompre le front allemand à sud de l'Aisne, en direction d'Oulchy-le-Château, et à la 6ème ( qui pour la contre-offensive serait passée sous le commandement du G.A.R. ) celui d'appuyer la 10ème attaquant en direction du haut plateau de Breny, Armentières. Les deux armées reçurent l'ordre d'être prêtes à entrer en action le matin du 18 juillet.

Les forces réunies pour la bataille de défense entre Argonnes et Château-Thierry s'élevèrent au total à 49 divisions dont 33 en premier et deuxième échelon, affectées aux armées en ligne: 4ème et 5ème et l'aile droite de la 6ème ( IIIème et XXXVIIIème Corps d'Armée ), et 16 en réserve générale. L'artillerie possède 380 batteries de campagne, 385 lourdes , longues et courtes, 60 pièces lourdes de grande puissance ou sur chemin de fer, 18 batteries de tranchée et 11 antichars. A la contre-offensive entre Marne et Aisne furent destinées 27 divisions appartenant à la 10ème armée et à l'aile gauche de la 6ème.

La nuit du 14 au 15 juillet, à 23h.30 la bataille commence avec le tir de contre-préparation déclenché de front par toutes les bouches-à-feu du groupe des armées du centre français. La surprise, sur laquelle le Commandement allemand comptait énormément, a échoué ! Vers le 0h.10, le 15 juillet, l'artillerie allemande entre en action. A 1 heure, leur tir atteint le maximum d'intensité. Autour de Reims, du Fort de la Pompelle à Vrigny, la préparation est, dans l'ensemble, plutôt faible, mais de Vrigny à la Marne d'une part et de l'ouest de la Pompelle jusqu'à Massige de l'autre, le bombardement s'abat avec une très grande violence sur les premières lignes, tandis que de puissantes concentrations enveloppent de fer, de feu et de gaz toxiques les batteries, et que des tirs d'interdiction se déversent sur les routes carrossables, sur les arrières, dans la région d'Epernay, et sur les ponts de la Marne.

Presque en même temps commence, pour les troupes du génie de la 7ème armée allemande, le transport sur le bord de la Marne des pontons destinés au passage des troupes d'assaut et .à la construction de ponts sur le fleuve. Entre 4h.45 et 5h.30 commence l'attaque précédée par le barrage mobile réglé à temps. Des vagues clairsemées, renforcées de mitrailleuses légères et, parfois, de lance-flammes précèdent des petites colonnes suivies d'autres plus importantes.

Les troupes avancées de la défense réagissent avec énergie, mais, malgré cela, sont mises en déroute sous la violence de l'assaut. De l'est de Reims et jusqu'à Massiges ( front du 1er C.A. colonial de la 5ème armée, et du IVème, XXIème et partie du VIIIème C.A. de la 4ème armée) les Allemands, vers 7h.30 sont déjà au contact des positions de résistance de leurs adversaires, et tentent, à plusieurs reprises, de passer. Quelques avantages partiels sont, toutefois, annulés par les rapides contre-attaques, qui aboutissent partout à l'arrêt de la progression.

A l'ouest de Reims entre Vrigny et Gland ( front du IIème corps italien et du 5ème français de la Vème armée, du IIIème corps et de l'aile droite du XXXVIIIème de la VIème armée ) l'attaque allemande remporte des succès. Ayant dépassé, avec élan, les positions avancées, l'attaque s'abattit avec violence contre les positions de résistance. Les troupes qui les défendent, surtout celles de la Vème armée, ont essuyé des pertes considérables pendant le bombardement, toutefois elles se battent avec ténacité, mais sont obligées, à la fin, de céder du terrain sous la poussée formidable .

La position de résistance est rompue en plusieurs endroits et puis dépassée; les troupes allemandes pénètrent toujours plus en profondeur et sont menaçantes pour l'organisation de la défense. A la limite, vers Reims la 3ème division italienne maintient solidement, à droite, dans le bois de Vrigny, le contact avec le 1er corps colonial, mais à gauche elle est obligée de reculer pour s'appuyer à la deuxième position sur laquelle sont disposés les rescapés de la 8ème division italienne, très éprouvée, et la 120ème division française.

Plus à l'ouest, les 40ème et 8ème divisions françaises du Vème corps perdent du terrain et sont contraints à la défense désespérée de la deuxième position qui, en quelques tronçons, est elle aussi touchée par l'ennemi.

Sur le front du IIIème corps, la 51ème division, durement éprouvée, recule sur la ligne Comblizy - Chapelle-Monthodon contraignant sa voisine, la 125ème, qui court le risque d'être enveloppée par l'est, à replier son aile droite vers St. Agnan.

Sur le front du XXXVIIIème corps, l'attaque allemande, qui se déploie seulement dans le secteur compris entre Gland et Mézy-Moulins est contenu devant les positions par les troupes de la 3ème division américaine.

Dans l'ensemble les Allemands réussissent, dans la journée, à se créer sur la Marne une tête de pont, qui, entre Gland et Vrigny mesure 35 km., et a, dans le secteur du Vème corps, en direction d'Epernay, une profondeur d'environ 6 km. "Les résultats ne correspondent pas à nos grandes espérances; mais nous attendons du mieux le jour suivant", écrit le général Hindenburg.

Du côté français les pertes subies furent considérables surtout pour les divisions en ligne à l'ouest de Reims, lesquelles eurent leurs rangs décimés : la 8ème division italienne, la 40ème, la 8ème 1a 51ème et même 125ème françaises avaient été réduites à quelques restes sanglants; quelques unes furent éloignées du camp de bataille sans tarder. Même les réserves d'armée et une bonne partie de la réserve générale avaient été jetées dans la fournaise.

Au cours de la bataille le général Pétain avait même considéré la possibilité de différer l'offensive du groupe d'armées de réserve et d'utiliser, dans le secteur attaqué, quelques unes des divisions de ce groupe. L'intervention du général Foch évita la réalisation de ce projet et la 168ème division seulement fut soustraite aux réserves de l'aile gauche de la 6e armée.

Le soir du 15 juillet, le haut commandement français, outre la 168ème division, disposait encore, pour faire front aux nécessités de la défense, encore de 6 divisions fraîches. Le général Pétain considérait encore, avec une certaine inquiétude, les progrès réalisés par l'ennemi au sud de la Marne; en outre, il ne se cachait pas le danger qu'une ultérieure avancée allemande dans la même direction aurait pu représenter; néanmoins au général Foch, qui insistait sur l'opportunité de réaliser au plus tôt l'offensive entre Aisne et Marne, il répondait que, très probablement, les journées du 16 et 17 auraient été suffisantes au G.A.C. pour repousser l'attaque et que, par conséquent, la contre-offensive aurait pu commencer, comme prévu, le 18 juillet.

Le Commandement Suprême allemand ordonne au groupe d'armées du Kronprinz Impérial de persister, le 16, dans l'attaque. Toutefois, puisqu'il doit commencer l'envoi déjà préparé de batteries lourdes, de détachements lance-flammes etc... au groupe d'armées du Komprinz Rupprecht pour l'offensive dans les Flandres, il est décidé que l'attaque aura moins d'intensité sur le front de la 3ème armée, laquelle devra s'engager seulement avec l'aile gauche: le centre de gravité de l'action est déplacée, en ce secteur, vers la 1ère armée.

A la 7ème armée, par contre, reste confié le rôle de contraindre l'adversaire à renoncer à la position de Reims. " Il importe, surtout, conclut l'ordre du Commandement Suprême, gagner du terrain en direction de Mourmelon-le-Petit et de Mourmelon-le-Grand et réaliser, même à plus petite échelle, les concepts stratégiques initiaux Conformément à ces ordres, le 16 juillet, on note une série d'attaques sur le front de la 4ème armée française, ordres qui, dans l'ensemble, ne modifient pas sensiblement la situation respective des deux belligérants. L'action se développe, par contre, particulièrement violente à l'ouest de Reims, sur le front de la 5ème armée française, où les Allemands réussissent à progresser en direction de Nanteuil-la-fosse, dans le secteur défendu par 120éme division française, et encore plus à cheval de la Marne, en direction d'Epernay où, entamée la seconde position, ils avancent jusqu'à la lisière ouest de Venteuil et occupent la Cave et Montvoisin.

A l'aile droite de la 5éme armée, la 3éme division italienne résiste vaillamment à la poussée de l'ennemi sur ses positions entre Vrigny et le sud de Courmas. A l'extrême gauche du secteur attaqué, en face de la 3éme division américaine, les Allemands ont renoncé à agir, quittent Mézy et replient leur 10éme division sur la rive droite de la Marne; plus à l'est ils s'opposent avec efficacité aux contre-attaques que l'aile droite du IIéme corps d'armée français réalise pour les repousser au nord du fleuve.

Le résultat des combats de la journée confirme pour le Commandement Suprème allemand l'impression que son plan a déjà raté et que ni à l'est de Reims ni au sud de la Marne il n'y a plus à espérer dans une nouvelle avancée; mais le Commandement croit encore possible de progresser dans la zone montagneuse au nord du fleuve. "La destinée de Reims, écrit le général Hindenburg, semble suspendu à un fil, le reste de l'opération peut être dès maintenant considéré comme raté, Reims au moins doit tomber. La ville est un objectif militaire de grande importance pour nous, telle qui vaut l'enjeu : et sa chute ne sera pas exempte d'un grand effet sur l'adversaire".

Les ordres pour le 17 juillet prévoient, en conséquence, que la 3ème armée, la 1ère et les unités de la 7ème passées à sud de la Marne renoncent aux attaques et assument une attitude défensive; les détachements, par contre , de la 7ème armée, qui sont au nord du fleuve, doivent continuer l'offensive.

A son tour le général Pétain, même ayant encore des préoccupations au sujet de la situation dans la région de la Marne, estime que la bataille défensive, désormais, dans l'ensemble, présente une tournure pleinement favorable aux armes françaises.

Il télégraphie donc au commandant du G.A.C. que l'échec subi par les Allemands sur le front de la 4ème armée doit permettre non seulement de renforcer la 5ème armée de façon qu'elle puisse prendre l'offensive et reconquérir ce qu'elle a perdu, mais aussi d'affecter des unités fraîches à la 6ème armée. Et puis dans le but que cette dernière puisse se dédier en plein à la préparation de l'offensive qu'elle doit conduire en concomitance avec la 10ème, ordonne que le commandement de la 9ème armée entre en ligne engageant dans ses propres dépendances les deux corps d'armée à droite de la 6ème (IIIème et XXXVIIIème) engagés dans l'attaque allemande.

La journée du 17 est caractérisée par une suite d'attaques et contre-attaques violentes sur le front de la 5ème armée française qui se concluent en laissant presque inchangée la situation générale. Mais la situation allemande devient d'heure en heure plus précaire et intenable : en effet, si les troupes impériales au sud de la Marne réussissent, au prix de graves pertes, à se maintenir sur les positions conquises, elles sont ,toutefois, dangereusement adossées au fleuve, que chaque contre-attaque peut être pour elles fatale. D'un autre côté, les tirs toujours plus intenses et efficaces de l'artillerie et des avions sur les ponts jetés à travers la Marne, rendent les provisions de munitions et les ravitaillements des vivres toujours plus difficiles et aléatoires.

Dans la zone montagneuse les avantages obtenus sont minimes : il est évident que de ce côté est nécessaire une nouvelle préparation appropriée, si on veut atteindre les objectifs pour lesquels on combat désormais sans interruption depuis trois jours.

Le Commandement Suprème allemand ordonne, donc, de procéder au retrait systématique des troupes employées au sud de la Marne. Un tel repli doit être réalisé dans la nuit du 21 juillet. "De tout ce que nous espérions atteindre, il reste bien peu : l'entreprise semble ratée et ne nous apporte aucun avantage positif par rapport au front français. Mais avec cela il n'est pas dit qu'il n'en découle pas une utilité pour notre attaque dans les Flandres"... Ainsi le général Hindenburg commente la décision prise.

Le général Pétain, entre-temps, avait diffusé les ordres afin que le lendemain commence la contre-offensive projetée de la 10ème et 6ème armée et afin que les 4ème, 5ème, et 9ème reprennent leurs contre-attaques pour reconquérir le terrain perdu.

Commence ainsi, le 18 juillet, la deuxième bataille de la Marne, dans laquelle cinq armées s'engagent saisissant tout le front entre Oise et Argonnes. L'initiative des opérations passe dès ce moment à Foch, qui la gardera jusqu'à la fin de la campagne. Tandis que la 6ème et la 10ème armée avancent victorieuses vers l'est, au sud les 4ème, 5ème et 9ème gagnent elles aussi du terrain, nonobstant la résistance tenace et valeureuse des troupes allemandes.

La lutte se prolonge pendant plusieurs jours, mais, à la fin, le Commandement Suprème allemand décide de retirer ses troupes sur la ligne Aisne-Vesle.

Le mouvement de recul commençait le 27 juillet. Le 4 août était atteint le nouveau déploiement. Le 7 août la deuxième bataille de la Marne était terminée; le Commandement Suprème allemand avait été obligé d'y engager et de d'y épuiser une grande partie des forces qu'il avait préparées pour l'attaque dans les Flandres. Sur les champs de Picardie tonne déjà la préparation d'une nouvelle offensive alliée.

LE II CORPS D'ARMÉE DANS LA BATAILLE ( 15-24 JUILLET 1918 )

DANS LA VALLÉE DE L'ARDRE A LA VEILLE DE L'OFFENSIVE ALLEMANDE

Le 15 juillet au déclenchement de l'offensive allemande, le déploiement des troupes du IIème corps italien dans la vallée de l'Ardre était le suivant :

3ème division - Sur la ligne de première résistance se trouvaient quatre compagnies des Ier et IIIème bataillons du 90ème d'infanterie et IIème et Ier du 75ème : sur la ligne de surveillance en face, des petits groupes de vedettes.

La ligne de résistance était défendue sur le tronçon compris entre le bois de Vrigny (point de contact avec la 2ème division du 1er corps colonial français) et Onrézy du 2ème bataillon du 89ème d'infanterie, du 1er bataillon (moins une compagnie en avant-postes), du 90ème, du 3ème bataillon du 89ème, renforcés par quatre compagnies de mitrailleuses : deux de division (2073ème et 2209ème) et deux de brigade (2086ème et 2092ème) ; entre Onrézy et bois de Commetreuil par le 3ème bataillon (moins une compagnie en avant postes), du 90ème d'infanterie et entre le bois de Commetreuil et le moulin de Chaumuzy, des 2ème et 1er bataillons (moins une compagnie chacun en avant-postes) du 75ème infanterie, plus la 1715éme compagnie de mitrailleuse du III/75 et deux compagnies de mitrailleuses de brigade (2133ème et 2139ème).

Dans l'ensemble, donc, la ligne de résistance était tenue par six bataillons (deux pour chacun des régiments 75ème; 89ème; et 90ème) plus sept compagnies de mitrailleuses. Sur un embranchement de la ligne de résistance qui, se détache de la précédante entre Onrézy et Courmas, rejoint à l'est la chapelle de Ste Lie, longeant la lisière nord des bois de Fourches et de Ruez, il y avait, en outre, un bataillon du 86ème régiment d'infanterie français (1er bataillon) et deux compagnies de mitrailleuses divisionnaires italiennes (1095ème et 2224ème).

Dans le bois du Petit-Champs la division avait, en plus, en réserve le 3ème bataillon du 75ème d'infanterie (moins la 1715e compagnie de mitrailleuses) et le 2ème du 90ème. Le LXème bataillon du génie avait ses compagnies placées, pour divers travaux, dans le bois de Courtagnon, à Commetreuil et dans le bois des Grands Savarts.

Le commandement de la division était à Courtagnon.

8ème division - Sur la ligne des avant-postes, sur le tronçon qui de l'Ardre par la Montagne de Bligny arrivait jusqu'au bois "des Eclisses", étaient placées deux compagnies du 1er bataillon et 2 du 2ème bataillon du 20ème; dans le tronçon entre le bois "des Eclisses" et Champlat il y avait 2 pelotons du 1er bataillon et une section de mitrailleuses du 2ème bataillon plus une compagnie et une section de mitrailleuses du 3ème bataillon tous du 19ème. Le bois "des Eclisses", considéré comme une fortification de la défense était défendu par le 1er bataillon du 408ème régiment d'infanterie française et par le 2ème bataillon du 51ème, tous deux dépendants du Commandant de ce dernier.

Sur la ligne de résistance étaient placés : le 3ème bataillon du 20ème d'infanterie, entre le moulin de Chaumuzy sur l'Ardre et le bois "des Eclisses"(frontière nord); au dos de ce bataillon, le premier bataillon du 20ème (moins les deux compagnies fusils en avant poste) défendait la bretelle Chaumuzy - bois "des Eclisses"; le 1er bataillon du 51ème renforcé par deux compagnies de mitrailleuses divisionnaires (2207ème et 2074ème) et par deux de brigade (997ème et 1411ème) était rangé entre l'ensellement (sud-est) du bois "des Eclisses" et le bois de Courton; le 1er et le 2ème du 19ème (moins les quatre pelotons et la section de mitrailleuses en avant-postes) renforcés par deux compagnies de mitrailleurs de brigade (2100ème et 8080ème), tenaient la ligne de la lisière nord-ouest du bois de Courton jusqu'au village de La-Neuville-aux-Larris, où ils trouvaient la liaison avec les Sénégalais de la 40ème division du Vème corps d'armée française.

Dans le bois de Courton, en réserve de sous-secteur, se trouvait le 3ème bataillon du 19ème d'infanterie (moins la 9ème compagnie qui était en avant-postes). En résumé, la 8ème division avait sur la ligne de résistance, y compris la fortification du bois " des Eclisses" et la réserve de sous-secteur huit bataillons d'infanterie, renforcés par six compagnies de mitrailleurs de brigade et de division.

Sur la ligne secondaire bois de Courton - moulin de Voipreux étaient installées les armes de deux compagnies mitrailleuses divisionnaires (2075ème et 2208ème). Le 3ème bataillon du 51ème, posté dans la partie nord-est du bois de Courton et le 2ème bataillon du 20ème (deux compagnies) déplacé à Marfaux, constituaient la réserve divisionnaire.

Les compagnies du XXVème bataillon de génie sapeurs étaient réparties pour exécuter des travaux dans la zone de Nanteuil, Nappes-la-Fosse, bois de Courton, Chaumuzy.

Le commandement de la division était à Nanteuil-la-Fosse.

120ème division - La 120ème division française avait rangés, pour la défense de la deuxième position, sept bataillons: du bois d'Ecueil à la rivière de l'Ardre les bataillons 2ème et 3ème du 76ème italien (sous-secteur d'Ecueil) et les 2ème et 3ème bataillon du 86ème français (sous secteur de Pourcy), et de l'Ardre à la limite ouest du bois de Nanteuil les 2ème et 3ème bataillons du 408ème français et 1er bataillon du 52ème italien (sous-secteur de Courton). Dans la réserve divisionnaire elle avait laissé le 38ème d'infanterie en déplaçant le 1er bataillon dans le bois d'Ecueil, le 3ème dans le bois de Pourcy et le 2ème dans le bois de Fleury à l'extrême gauche du secteur.

Les compagnies du Génie étaient ainsi déplacées: la 26/LVIème (moins une section) à Pourcy , la 26/IIIème (moins une section) dans le bois de Courton à disposition, pour les travaux sur la deuxième position, respectivement du 86ème et du 408ème régiment d'infanterie. La compagnie 8ème/XXII et les deux sections susdites dans le bois de St Quentin (1 km. au sud de Nanteuil), en réserve de la division.

L'organisation défensive de la deuxième position, actualisée par la 120ème division était constituée d'une ligne de postes de combats, rapprochés entre eux , autant qu'il avait été retenu nécessaire pour empêcher toute infiltration ennemie; cette occupation avait été doublée en correspondance des points retenus plus favorables aux infiltrations. Les troupes qui la défendaient avaient l'ordre de résister sur place, sans prévoir aucun repli. A portée immédiate de la ligne étaient prédisposés des renforts partiels, prêts soit à renforcer les points qui pendant la lutte couraient le risque d'être rompus, soit à fermer les éventuelles brèches. D'autres troupes, plus en arrière, étaient destinées aux contre-attaques ou aux retours offensifs à exécuter, sur ordre du commandant de la division, sur le devant de la seconde position ou, si nécessaire, sur elle.

Le commandement de la division était fixé à Nanteuil-la-Fosse.

La réserve du corps d'armée était représentée par le Commandement du 52ème régiment d'infanterie avec les 2ème et 3ème bataillons du IIème détachement d'assaut, de 4 compagnies mitrailleuses de corps d'armée déplacées dans le bois de Courton et du premier bataillon du 76ème dans la vallée de l'Ardre entre Courtagnon et Pourcy. Le commandement du corps d'armée était à Hautvillers.

Les batteries lourdes du IIème corps d'armée et celles qui avaient été mises à sa disposition avaient été placées dans les regroupements suivants :

9ème regroupement P.C. italien :

XIVème groupe ( trois batteries de 105 )

XVIIIème groupe ( deux batteries de 149 )

regroupement A.L.C. :

VIIème groupe du 108ème A.L. ( trois batteries de 155)

VIIème groupe du 109ème A.L. ( trois batteries de 155)

IIIème groupe du 330ème A.L. ( trois batteries de 155)

IIIème groupe du 342ème A.L. ( trois batteries de 155)

regroupement A.L.L. :

Ier groupe du 107ème A.L. ( trois batteries de 105)

Ier groupe du 109ème A.L.. ( trois batteries de 105)

Ier groupe du 341ème A.L. ( trois batteries de 120)

IIIème groupe du 105ème A.L. ( trois batteries de 155) ;

regroupement A.L.A.

un groupe ( trois batteries de 155);

un groupe ( deux batteries de 145);

une section de 16 marine.

En ce qui concerne l'artillerie de campagne, nos divisions en plus de leur régiment respectif disposaient aussi de deux groupes français de 75 à remorquage automobile (8ème division: Ier et IIème groupe du 228ème régiment d'artillerie de campagne; 3ème division : IIIème groupe du 228ème régiment d'artillerie de campagne et Ier groupe du 212ème régiment d'artillerie de campagne).

Dans l'ensemble, donc, le corps d'armée à la veille de la bataille disposait de 134 bouches à feu lourdes et 164 pièces de 75, y compris les 36 pièces du régiment de la 120ème division d'infanterie.

Dans un premier temps toute l'artillerie du IIème corps avaient été placée avec des critères nettement offensif; par la suite, toutefois, avec les ordres en date 7 juillet de la 5ème armée, elles furent, en grande partie, reculée pour satisfaire aux nécessités de la défense à outrance sur la position choisie de résistance; successivement, suite aux directives données par le général Berthelot le 13 juillet, toutes les batteries lourdes qui étaient encore placées entre la position de résistance et la deuxième position reçurent l'ordre de se replier derrière cette dernière.

Ces derniers déplacements accomplis dans la nuit du 14, tout juste à la veille de l'offensive allemande, concernèrent quatre batteries et parmi elles celles des obusiers de 149 lesquels, qui ayant une portée plutôt courte, avaient été jusqu'alors placées le plus en avant possible. Mais pour pallier cet inconvénient nos artilleurs se dépensant sans compter firent une nouvelle implantation.

L'artillerie de campagne de la 3ème et de la 8ème division, qui était pour la plus part en position à 2500-3000 mètres environ derrière la première ligne, a été laissée dans leurs emplacements. Ainsi, pendant la bataille il a été possible d'avoir un appui plus efficace pour l'infanterie, mais on sacrifia aussi plusieurs batteries. Le 53ème régiment d'artillerie de la 120ème division était complètement en batterie derrière la deuxième position.

A propos de la dépendance de l'artillerie, celle de campagne fût laissée aux ordres directs des commandants d'artillerie de division et l'artillerie lourde aux ordres du commandement d'artillerie de corps d'armée; l'artillerie lourde courte fût aussi subordonnée aux divisions de façon à pouvoir accéder rapidement à leurs demandes; pratiquement elle finit par être complètement absorbée par les divisions.

Des appuis feux réciproques furent prévus et préparés entre regroupements, divisions et corps d'armée voisins; afin de les faciliter des communications téléphoniques directes furent établies et les commandements intéressés se communiquèrent leurs plans de feux respectifs.

Le service d'observation, étant donné la pénurie de bons observatoires terrestres, qui par suite furent augmentés en en créant des nouveaux se basa largement sur les moyens de l'aviation et spécialement sur les avions des escadrilles affectées aux spécialistes d'artillerie. Pour l'emploi, des plans détaillés avaient étés créées et rédigés.

Pour battre, en simultanéité, avec un grand nombre de bouches à feu de tous les calibres et avec des données de tir préalablement calculées, des lieux déterminés d'une importance particulière comme dépôts de munitions, Postes de commandement, dépôts, stocks, renforts, etc.. un plan de tir avait été préparé, sur lequel les zones désignées étaient baptisées avec des lettres conventionnelles.

Un plan de destruction prévoyait la destruction systématique des batteries ennemies exactement repérées; tandis qu'un autre en prévoyait la surveillance et la neutralisation de la part de l'artillerie lourde. Dans celui de la contre-préparation, qui concernait seulement l'artillerie lourde, avaient été désignées, comme objectifs normaux, quelque zones d'une particulière importance, les positions de batteries, etc...

A la veille, toutefois, de la bataille les objectifs normaux de la contre-préparation furent modifiés, négligeant tous ceux non immédiats; le tir de contrebatterie fut supprimé aussi. L'artillerie lourde, en conséquence, fut toute destinée à l'interdiction proche et les batteries de campagne au barrage .Le commandement du IIème corps de son côté prescrit comme norme que, quand l'artillerie de campagne aurait porté le feu sur le devant de la position principale, l'artillerie lourde devait établir trois barrages sur les directions les plus probables de l'attaque ennemie : Ville-en-Tardenois - Chambrecy, celui de - Champlat - Chantereine - Ferme; le long de la vallée de l'Ardre; le long de la vallée du Noron et le bassin de Courmas, réglant le feu sur la base de ce qu'elle aurait pu voir directement du déroulement de la lutte et sur les informations qu'elles auraient reçues.

Afin de faciliter un prompt repérage d'objectifs imprévus qui auraient pu se dévoiler pendant la bataille et la rapide concentration du feu sur eux, une carte "des points de référence" fut préparée, dans laquelle les points opportunément choisis furent numérotés de 1 à 100 et après unis dans le sens du front avec 10 lignes brisées, dont chacune touchait 10 points désignés avec les nombres progressifs de la même dizaine.

A l'artillerie de la 3ème division fut confiée particulièrement la mission de battre le terrain face aux positions occupées par la 8ème division, et celui à l'ouest des mêmes positions. Ensuite, conformément au plan avancé par le général Albricci dans son ordre du 9 juillet, cette artillerie fût mise en mesure de battre aussi la cuvette entre le bois "des Eclisses" et de Courton.

A l'artillerie de la 120ème division fût assignée la tâche de participer dans un premier temps au barrage devant la position de résistance (Ier et IIIème groupe dans le secteur de la 3ème division; IIème groupe en soutien de la 8e division) et ensuite à la défense de la deuxième position.

De la configuration du terrain on déduisit que l'adversaire aurait pu employer utilement les chars d'assaut tant dans la vallée de l'Ardre que dans celle du Noron, quelques pièces de campagne furent préalablement chargées de l'éventuel tir antichar et des observateurs spéciaux furent désignés pour la surveillance des directions les plus probables pour l'emploi des chars.

Si tout le front de la 5ème armée n'était pas complètement au point en fait d'organisation défensive, celui du IIème corps, malgré l'activité que le commandement et que les troupes exerçaient était bien loin d'avoir atteint, au moment de l'attaque ennemie, la consistance désirée.

Malheureusement cette insuffisance était sensible particulièrement sur le front de la 8ème division, destinée à subir le coup le plus dur.

Assumant la défense de leur secteur respectif, nos divisions n'avaient presque rien trouvé comme infrastructure : la 8ème division, entrée en ligne une semaine après la 3éme, avait été, qui plus est, souvent détournée du travail à cause de l'activité ennemie sur son front, cette activité l'avait obligée à des alarmes plus fréquentes et aux combats sur la Montagne de Bligny, auxquels on a déjà fait allusion.

La préparation de l'offensive voulue par le commandement de la 5e armée, avait exigé beaucoup de reconnaissances, la construction d'abris spéciaux pour l'artillerie, mitrailleuses, etc... et sûrement n'avait pas été utile à la progression rapide de l'aménagement défensif.

Avoir déplacée plus en arrière, au dernier moment, la ligne de résistance, y compris une partie de la position auparavant considérée comme intermédiaire et par conséquent à peine ébauchée avait contribué à réduire l'efficacité déjà faible de l'ensemble.

Sur le front de la 3ème division, le calme plus grand, avait permis d'étendre des barbelés tant le long de la position des avant-postes, que devant la position de résistance et, en grande partie, aussi devant les lignes secondaires. Dans les portions boisées avaient été créées, dans des angles morts, de vastes zones d'obstacles passifs et de difficultés. Toutes les lignes avaient été organisées en fortifications avec des rideaux intermédiaires d'éléments détachés pour tireurs et emplacements défensifs.

Mais l'état des excavations était tel qu'elles n'offraient qu'une protection relative. Le cours du tracé avait été établi de façon à obtenir un bon soutien avec les armes automatiques; soutien qui avait été particulièrement étudié dans les zones plus épaisses du bois, où la visibilité moins importante avait obligé à une densité supérieure de moyens et à la création de positions spéciales avancées. Chemins, observatoires, postes de commandement et différents abris à l'essai avaient été achevés, d'autres étaient en construction.

Par contre, l'organisation défensive de la lisière ouest et sud du bois des Petits-Champs était à l'état de simple projet.

Cette organisation, en continuation de celle du bois de Dix-Hommes, déjà en exécution avancée, devait former une bretelle de jonction entre la position de résistance et la deuxième position. Cette bretelle aurait dû permettre la défense de la vallée de l'Ardre avec le front au fond de la vallée.

Dans le territoire de la 8ème division, pour les raisons exposées, les travaux, quand bien même menés avec des critères analogues et le maximum d'ardeur consenti par les circonstances, étaient bien moins avancés et consistants.

Devant les avant-postes, sur un bref tronçon adossé à l'Ardre, et devant les pentes sud de la Montagne de Bligny jusqu'à Champlat la construction d'une bande de fil de fer barbelé ou de chevaux de Frise, même doublé en certains points était en cours d'achèvement. Devant la position de résistance les fils de fer barbelé manquaient tout à fait entre le bois "des Eclisses" et l'Ardre et étaient très insuffisants entre le bois et La Nouvelle.

Éléments détachés de tranchée et petits emplacements pour mitrailleuses, très sommaires, constituaient la position avancée et celle de résistance, bien que la première fût incontestablement la plus consistante, car sur elle avait été prévue la résistance à outrance, dans un premier temps. Les deux lignes serpentaient distantes entre elles entre l'Ardre et le bois "des Eclisses", elles s'identifiaient avec la fortification du bois "des Eclisses", elles se séparaient à nouveau pour se diriger, avec un trajet parallèle, mais très peu éloignées entre elles, une sur Champlat, l'autre sur La Neuville.

Même les travaux pour la défense de la fortification "des Eclisses" étaient plutôt sommaires : ils consistaient, en effet, seulement en quelques éléments de tranchée et quelques affûts pour mitrailleuses. Le fil de fer barbelé, en partie constitué de chevaux de Frise, n'était pas continu.

Une ligne le long de la lisière nord-est du bois de Courton, en face de la vallée de l'Ardre, qui aurait dû raccorder le vallonnement existant entre le bois de Courton et celui "des Eclisses" avec la deuxième position, était à peine marquée par tronçons; dans les mêmes conditions étaient deux autres bretelles qui auraient dû servir à barrer la vallée de l'Ardre, front nord-ouest. Quelques postes de commandement, divers observatoires et quelques entrées de galeries creusées dans les pentes de la Montagne de Bligny complétaient l'aménagement en ce secteur.

Sur la deuxième position la 120ème, à son tour, avait préparé les positions de feu destinés à constituer la ligne des postes de combat, avait complété et serré les fils de fer barbelés sur la plus grande partie du front, tout en laissant les passages nécessaires pour les contre-attaques et avait commencé la construction d'abris pour les troupes en ligne, pour les commandements et pour les réserves.

Dans l'ensemble, toutefois, même les travaux pour l'organisation de la deuxième position étaient bien loin d'avoir atteint le degré nécessaire d'efficacité.

Sur l'arrière de toutes les lignes, pour faciliter les déplacements des réserves et les mouvements des troupes, en général, des itinéraires faits exprès, qui opportunément tiraient profit de la couverture offerte par le terrain, avaient été reconnus et marqués, tandis qu'étaient réalisés différents travaux pour masquer les communications découvertes.

Les positions avancées et arrières avaient été soigneusement reconnues par les officiers de tous grades; les troupes avaient réalisé, même la nuit, de nombreux exercices d'occupation soudaine des différentes tranchées pour s'entraîner à des déplacements rapides et surs dans toutes les éventualité.

Le réseau téléphonique avait été refait presque entièrement car celui qui était sur place, étendu pour la plus grande partie le long des routes, offrait de trop faibles probabilités d'échapper à un bombardement intense.

A la veille de la bataille tous les moyens de communication disponibles fonctionnaient: téléphones, télégraphes, géotéléphone, radio, pigeons voyageurs, héliographes et estafettes. En prévision de la bataille imminente, le corps d'armée mit à la disposition de chaque division d'abord un et puis deux pelotons de cavalerie du groupe d'escadron Lodi; un peloton fut assigné au commandement de défense de la Marne; et un peloton fût donné en renfort aux CC pour le service de police; le commandement du groupe et les quelques disponibilités, restant à Cumières à la disposition du commandement du C.d'A.

Ces détachements de cavalerie furent largement utilisés pendant la bataille, employant les cavaliers comme estafettes, et représentèrent un précieux et souvent l'unique moyen de communication.

Le IIème corps avait en face l'aile gauche de la 7ème armée allemande et précisément (de nord-est à sud-ouest) : le VIème corps d'armée de réserve (Borne) et à la gauche du LXVème (Schmettow). Le corps Borne avec la 86ème division (341ème - 343ème - et 344ème régiment) occupait le front sur le tronçon entre Vrigny (à l'est) et Bligny; celui de Schmettow poussait sa droite jusqu'à Anthenay et avait en premier échelon, la 123ème division saxonne (106ème - 178ème - et 351ème régiments); à gauche la 22ème division.(82ème - 83ème - et 167ème) au centre et la 195ème (6ème - 8ème - et 14ème régiment Jäger). A droite; en deuxième ligne, la 12ème division bavaroise et la 103ème.

Des divisions citées, la 86ème faisait face à notre 3ème, tandis que la 8ème avait en face la 123ème division saxonne et une partie de la 22ème.

L'artillerie à disposition des deux corps d'armées allemands étaient les suivantes :

 

Btr campagne

Btr lourde et très lourde

Lance-mines lourds

Lance-mines moyens

Lance-mines légers

VIème corps

Borne

21

7

-

7

18

LXVème corps

Schmettow

138

71

43

102

108

TOTAL

159

78

43

109

126

A ces pièces il faudrait rajouter celles du XVème C.A. (Ilse) de la 1ère armée qui, tout en faisant face à Reims, avait toutefois une bonne possibilité de feu sur les positions tenues par le IIème corps.

A la 22ème et 123ème divisions avaient été assignées, pour l'attaque, quelques sections de chars d'assaut. Les ordres de la 7ème armée (général Von Boehn) concernant l'offensive, établissaient que le VIème corps devait participer à l'action générale dès que les résistances ennemies auraient affaibli; le LXVème corps, par contre, devait rejoindre au plus tôt la ligne Bligny - Nanteuil-la-Fosse - Ay.

A son tour la 86ème division (groupe Borne) avait pris des dispositions afin qu'après avoir paralysé la résistance de l'ennemi devant son front, son aile droite (344ème d'infanterie) cherche le combat avec la 123ème division du groupe Schmettow, à travers la zone boisée de Bouilly, le centre (343ème) suivait le mouvement du 344ème et l'aile gauche (341ème) se dirige en direction sud-est, rejoignant, par la cote 209 et la Chapelle St Lié, la crête des hauteurs, d'où l'artillerie aurait pu battre la plaine de Reims.

Le général Von Schmettow avait ordonné à son groupe d'assurer le flanc gauche du groupe voisin Conta (IVème C.d'A.) conquérant la zone boisée au nord-ouest d'Epernay et de barrer pour la défense de Reims, la route d'Epernay. Pour atteindre ce but son aile droite devait au plus tôt dépasser la route Epernay-Reims. En particulier, la 123ème division devait assurer le flanc gauche de la 7ème armée et protéger la 22ème division pendant l'occupation du bois de Courton; la 2ème division devait occuper rapidement la dorsale montagneuse à l'ouest de Belval de façon à faciliter l'avance de la 195ème et avancer avec rapidité dans le bois de Nanteuil et de Courton, afin de pouvoir, ensuite, depuis les dites positions, barrer par le feu la route Epernay-Reims; à la 195ème division avait été confiée la conquête du bois de Rodemat et de la cote, prédominante, 263 à l'ouest de Fleury la Rivière.

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