LE 42ème RÉGIMENT D'ARTILLERIE DE CAMPAGNE, EN JUILLET ET DÉBUT AOÛT 1918

Le 42ème RAC est le régiment d'artillerie de la 4ème Division, qui, à ces dates, se bat dans le 3ème C.A.. Le 42ème RAC appuie de ses feux les 120ème et 147ème RI et le 9ème et 18ème BCP de la 4ème DI.

Le 15 juillet, au matin, les Allemands ont engagé leur suprême offensive et ont réussi à passer la Marne. L'alerte est donnée au régiment à 4h 35 et les groupes gagnent leurs positions de rassemblement prévues :

E.-M. et 3e groupe, à Orly;

2e groupe, à Boitron;

ler groupe, à Sablonnières.

Le mouvement est terminé vers 10 heures, mais aussitôt l'ordre arrive qu'il faudra être prêt à le poursuivre à partir de 13 heures. La marche est reprise à 13h 30 direction Fontenelle, pour être en mesure de contre-attaquer vers le nord ou le nord-est en liaison avec les 3e et 38e C. A. Les groupes stationnent à 19 heures à.:

Marchais-en-Brie (E.-M. et 2e groupe);

L'Épine-aux-Bois (3e groupe);

Le Tremblay (ler groupe).

A 21h 15, La marche est reprise à nouveau, direction Le Breuil par Villemoyenne, Artonges et Verdun; des ordres. seront donnés au Breuil; les reconnaissances devancent les batteries. L'A.D. 4 vient renforcer l'A. D. 20 en vue d'une attaque qui doit avoir lieu le 16 à partir du 10 heures; tous les groupes sont installés à 7 heures après avoir parcouru 60 kilomètres en vingt- quatre heures :

ler et 2e groupes, au sud des Glapieds;

3e groupe, au nord de l'Huis.

Le 42 R. A. C. et le 2e/10 forment, sous les ordres du lieutenant-colonel de Bourgues (10eR.A.C.), un groupement qui a pour mission d'appuyer le: 2e R. I. renforcé par un bataillon américain, direction de l'attaque vers le nord; dès que la Ferme de la Bourdonnerie sera solidement tenue, le 3e groupe doit prendre une position avancée lui permettant de battre la. rive nord de la Marne. L'attaque se déclenche à midi, mais la progression est insuffisante à droite et à gauche et la 4e D. I. n'a pas eu le temps d'arriver à sa position de réserve; les vagues d'assaut se replient et occupent le soir une ligne à 500 ou 1.000 mètres en avant, de la base de départ; Saint-Agnan et La Chapelle-Monthodon restent entre nos mains. Le 42e R. A. C. a consommé 8.000 coups.

Le lendemain, 17 juillet, le 147e a relevé le 2e R. I.; l'attaque est fixée à 11 heures, elle commence, mais la 73 D. I, à droite n'attaquant pas, la progression s'arrête aux lisières du bois au nord de la vallée de Saint-Agnan-la-Chapelle; l'infanterie ramène 200 prisonniers, 1 canon de 37 et 8 mitrailleuses; la consommation a été de 12.500 coups.

Le 18 juillet, le lieutenant-colonel Sayet prend le commandement de toute l'artillerie de campagne qui est divisée en trois sous-groupements :

Sous-groupement de gauche, lieutenant-colonel Beau, du 11e, 1er/11e, 3e/11e, appui des B. C. P.;

Sous-groupement du centre, lieutenant-colonel Hersant, du 245e, deux groupes du 245e, appui du 120e;

Sous-groupement de droite, chef d'escadron Garreaux, le 1er/42e, 2e/42e, appui du 147e;

Un sous-groupement de Bourgues comprenant le 2e/10e et le 3e/42e est prêté à la 18e D. I.

19 juillet. - Une attaque générale pour rejeter l'ennemi au delà de la Marne doit avoir lieu le 20 juillet, une compagnie de chars légers appuiera le régiment du centre, 120e R. I. D'ici là chaque groupe consomme par jour son jour de feu 3.600 coups, employés en grande partie en tirs d'interdiction la nuit.

20 juillet. - Entre 2 heures et 4 heures, le tir est raccourci sur les premières lignes ennemies pour masquer l'arrivée des chars d'assaut. A 6 heures, l'attaque se déclenche; l'infanterie trouve peu de résistance, l'artillerie ennemie est faible également, le plateau de la Vitarderie est occupé à 7h 30; à 8 heures, l'ennemi s'est retiré et passe au nord de la Marne laissant de nombreux cadavres dus au barrage roulant et un important matériel. Dès 7h 15, le 1er groupe se porte par échelons dans la région de la Ferme Savigny, le 3e groupe s'installe vers la cote 243 ouest de Comblizy; l'infanterie gagne le Signal de Soilly, elle est à Courthiézy à 11h25, ce qui permet au 2e groupe de se mettre en batterie aux Coqs; il n'y a plus d'Allemands au sud de la Marne. La 4e D. I. a l'ordre de passer la rivière et les ler et 3e groupes font encore un bond en avant.

Le 21 juillet, au matin, le ler/42e est à la Fontaine-Creuse, le 2e/42e toujours aux Coqs et le 3e/42e au nord du Clos-Milon. L'artillerie commence à préparer un passage de vive force de la Marne, le lieutenant de Lur-Saluces suit la rivière à cheval sous les balles pendant 4 kilomètres pour reconnaître les passerelles. L'opération est contremandée, la 4e D. I. est retirée du front.

Le 22 juillet, à 2 heures, le 42e est regroupé à Ville-sous-Orbais. Pendant cette période relativement courte, le régiment a eu des pertes assez sensibles, les batteries ont été souvent bombardées les observatoires également; les agents de liaison d'infanterie, les téléphonistes ont toujours montré le même allant, il en fut de même aux pièces dont le feu ennemi ne ralentit pas le service.

Le 23 juillet. - Repos.

Le 24 juillet. - La 73e D. I. s'est installée au nord de la Marne; la 4e D. I. doit se tenir prête à la dépasser. Les groupes sont mis en mouvement, le 2e groupe pour reprendre son emplacement des Coqs, les deux autres, après une première destination, sont dirigés également sur les Coqs pour être en mesure d'appuyer dans la matinée du 25 une attaque du 77e R. I. sur la cote 216, nord-est de Tréloup. Les reconnaissances et les mises en batterie se font la nuit au clair de lune.

Le lieutenant-colonel Sayet installe son P. C. aux Coqs. Le séjour sur ces positions est rendu très pénible par le nombre incalculable de cadavres de chevaux que les Allemands y ont laissés.

25 et 26 juillet. - Soutenu par l'artillerie, le 77e progresse et gagne successivement Chassins, le bois au nord de Tréloup, la côte 216, la Ferme Avize, la cote 234. La 1ère batterie contre-bat une batterie en lisière du Bois de Gèvres et constate une explosion. Les observatoires aux environs du Signal de Soilly offrent un panorama splendide dans lequel il est extrêmement facile de suivre à vue la progression de l'infanterie.

27 juillet. - Pendant ce temps, la 4e D. I. a occupé la Forêt de Ris, le 42e est remis à sa disposition et passe la Marne le soir sur des ponts de bateaux: 1er et 2e groupes à .Sauvigny, 3e groupe à Courtémont-Rozay. L'ennemi semble retranché à la lisière sud du Bois Meuniere.

28 juillet.- Au petit jour, les groupes occupent dans la région qui leur a été fixée des positions correspondant à leur mission, les mises en batterie ont été assez difficiles à cause du terrain détrempée :

1er/42e, Ferme Avize, appui du 9e B. C. P.;

2e/42e, au sud-ouest du précédent, appui du 120e R.I.;

3e/42e, environs de la Ferme de la Fosse (nord-est du Charmel) appui du 18e B. C. P..

Les deux premiers sont sous les ordres du lieutenant-colonel Sayet, le 3e à la disposition du lieutenant-colonel Beau.

L'objectif de l'infanterie est le Bois Meunière, elle est à Champvoisy à 7h 30; à 8h 50,1a 1ère batterie envoie une section à 1.500 mètres au sud de La Chapelle-Hurlay pour battre les mitrailleuses signalées à la lisière sud du Bois Meunière. A 9 heures, la Défense est prise et le 2e groupe se porte par échelons au sud de la Ferme du Bois de la Forge. La 7e batterie est assez sérieusement bombardée, le sous-lieutenant Reberget peut néanmoins faire continuer le tir.

A 15 heures, une brigade américaine à la gauche de la 4e D. I. s'empare de Ronchères, le 18e B. C. P. atteint le Télégraphe détruit, mais est obligé de ramener ses éléments avancés, nous tenons le bois nord de la Défense.

La lisière du Bois Meunière est solidement organisée; des trous disséminés à 100 ou 200 mètres au sud du bois sont garnis de mitrailleuses protégées par un réseau Brun; l'artillerie ennemie paraît également assez puissante, elle tire vigoureusement sur nos lignes avancées des obus explosifs et toxiques.

Les 29 et 30 juillet, plusieurs tentatives de l'infanterie sur le Bois Meunière avec ou sans artillerie restent sans résultat. Le Bois Meunière est bombardé jour et nuit par les batteries.

Le 31 juillet, les officiers de liaison signalent de bonne heure que des reconnaissances sont entrées dans le bois sans difficulté et que l'infanterie les suit. Les commandants de groupe se portent aussitôt en avant, et les batteries se tiennent prêtes à se déplacer. Une résistance se manifeste sur la ligne Ferme Reddy-Ferme Courteaux-Bois de Rognac, de nouvelles positions sont occupées:

3e groupe, est de Ronchères;

2e groupe, vers la Grange-aux-Bois; 1er groupe, lisière du Bois Meunière. Les batteries arrivent à temps pour tirer sur des éléments d'infanterie visibles qui laissent de nombreux cadavres trouvés les jours suivants. Le 18e B. C. P. envoie ses félicitations, et le général Lebrun, commandant le 3e C. A., qui a la 4e D. I. sous ses ordres complimente le 42e pour la rapidité de son mouvement.

Le ler août, la progression est arrêtée momentanément afin que les divisions de droite et de gauche se mettent à l'alignement les batteries tirent sur les arrières; le lieutenant-colonel Sayet reprend le commandement des trois groupes

1er groupe, appui du 9e B. C. P.;

2e groupe et 1er/11e, appui du 147e;

3e groupe, appui du 18e B. C. P.

Le 2 août, au lever du jour, après une préparation sommaire l'infanterie se porte en avant et ne trouve aucune résistance. Les troupes se déplacent; cette fois le repli ennemi a été plus considérable, la cavalerie patrouille jusqu'au delà de Cohan, certaines batteries sont mises en position à hauteur de la ferme de Courteaux mais n'auront pas à intervenir; l'ennemi incendie ses approvisionnements.

Le 3 août le mouvement continue; la cavalerie signale que les hauteurs entre Ardre et Vesle sont occupées par l'ennemi. Le 147e R. I. forme avant-garde de gauche ayant à sa disposition le 2e groupe du 42e qui prend position à l'ouest de Mont-sur-Courville et peut tirer sur différents objectifs visibles. Les ler et 3e groupes se portent à leur tour en avant pour renforcer l'action du 2e. A 23 heures, le 1er groupe est désigné pour appuyer le 120e R. I. (avant-garde de droite) et doit être installé vers la Ferme Bonnemaison le lendemain à 3 heures; le 3e groupe reçoit l'ordre de coopérer à l'action du 38e régiment américain sur Fismes. Le 147e R. I. est arrêté un peu au delà de l'Ardre et le 2e groupe ne peut pas encore franchir la rivière.

Le 4 août, la 6e brigade U. S. atteint Fismes, le 147e est aux boqueteaux au sud de la Butte de tir. Vers 6 heures, la 2e batterie franchit l'Ardre sur un pont que les habitants délivrés la veille ont construit eux-mêmes, les autres batteries du 1er groupe passent ensuite, et le capitaine Anselme place lui-même une pièce à faible distance d'un centre de résistance bien organisé, il le fait tomber malgré le bombardement qu'il subit lui-même.

Le 5 août, avant le jour, pendant que les avant-gardes progressent jusqu'à la Vesle le 2e groupe franchit l'Ardre à l'est de Saint-Gilles sur un pont de chevalets que les Allemands n'ont pas détruit mais qui est battu par les 150 et les 210; les voitures passent par petites fractions au trot, entre les coups, et le groupe prend position entre Saint-Gilles et Courville. Le colonel commandant le 38e régiment U. S. adresse ses félicitations à l'artillerie et en particulier au 2e groupe, pour sa brillante coopération.

Du 6 au 9 août, la résistance ennemie s'accentue, les batteries sont fortement contre-battues par obus explosifs et toxiques, les routes subissent des tirs de harcèlement, les avant-trains de la 1ère batterie ont 2 hommes tués, 2 blessés, 22 chevaux tués et 34 blessés le même jour.

Les groupes font de même des tirs sur toutes les voies d'accès, mais plusieurs essais de progression au delà de la Vesle ne réussissent pas. Le 8, le 3e groupe porte deux batteries au nord de l'Ardre et une batterie dans le parc du château de Courville; l'ordre de relève arrive dans la soirée; les groupes sont remplacés par ceux du 232e (164e D. I.); le mouvement se fait par section en deux nuits et les unités se rassemblent: ler groupe, à la Colletterie, la Chêneharderie; 2e groupe et E.-M., à Champvoisy; 3e groupe, à la Défense, le Parc.

Le 9 août, la 3e batterie qui n'a plus en position qu'une section, subit de 12 heures à 13 heures un réglage de 150 fait par avion. Vers 14 heures, le tir d'efficacité commence, les hommes se terrent dans leurs tranchées individuelles, mais tout à coup un caisson prend feu, le camouflage flambe, les servants sont obligés de sortir, un même obus en tue cinq: les maîtres pointeurs Richard, Le Guilloux et Leroy, les servants Chuat et Moreaux, en outre le maître pointeur Scheepens, grièvement blessé, est évacué et meurt quelques jours plus tard, le servant Gossier est blessé également.

Après avoir été rassemblé, le régiment est envoyé par étapes ainsi que tous les éléments montés de la 4e D. I., en Champagne sur le territoire de la IVe Armée, pendant que l'infanterie est transportée en camion.

Furent cités à l'ordre de l'armée à l'occasion des combats du 16 juillet au 10 août: les maréchaux des logis Dohet, de la 5e batterie, Aimé, de la 7e, agents de liaison auprès de l'infanterie; à l'ordre du corps d'armée :les capitaines Génin et Ancelme, le lieutenant Pavy, officier téléphoniste du 3e groupe, les maréchaux des logis Gavelle, observateur de la 5e batterie, Choquenet,, chef de pièce de la 9e batterie, le brigadier Lamy, observateur de 1a 4e batterie, et 1e téléphoniste Mercier, de la 7e

RETOUR VERS LE MENU DES TROUPES FRANCÇAISES

RETOUR VERS LE MENU PRINCIPAL

RETOUR VERS LE MENU DES RÉGIMENTS, DES DIVISIONS ET DES C.A.