ÉRIC BURGRAFF

Août 1914. Les Allemands envahissent la Belgique à partir du Luxembourg. L'horrible guerre commence par une horrible bataille. Une rencontre en fait, entre l'armée allemande et l'armée française qui monte au front pour défendre l'intégrité de son territoire. C'est " la bataille des frontières ". Une boucherie... au fusil d'assaut, à la baïonnette, au canon.

Le choc se produit en Belgique, les 22, 23 et 24 août, tout au long d'une ligne qui va de Ethe (Virton) à Ochamps (Libin) en passant par Rossignol (Tintigny), Bertrix et Maissin (Paliseul).

Non contents des militaires ennemis, les Allemands s'en prennent aux civils, aux maisons. Ils exécutent 282 citoyens à Ethe, 117 à Rossignol, 67 à Tintigny... Ils ravagent avec sauvagerie Ethe, Latour, Musson, Tintigny, Rossignol, Izel, Herbeumont, Maissin, Porcheresse... Les Français y laissent 20.000 hommes, les Allemands n'ont jamais dit combien. Après la défaite, les premiers se replient sur la Marne tandis que les Belges tiennent sur l'Yzer. Pour quatre longues années.•

JEAN-LUC BODEUX

Ainsi parle cette Sedanaise, à la sortie d'un des deux cimetières militaires de Rossignol, hier, sur le coup de 13 heures.

Rossignol, un nom qui chante aujourd'hui le jazz et la paix, mais qui, voilà nonante ans, le 22 août 1914 précisément, fut un terrible terrain de combats entre Français et Allemands, avec les civils en tenaille. Les historiens estiment que 3.000 à 5.000 hommes tombèrent ici, ce jour-là. Et 5000 autres furent blessés ou pris en otages.

Rossignol est en fait le premier maillon d'une chaîne de 32 jours de commémoration, jusqu'au 19 août, pour revivre en France ces terribles combats, sous le titre " De la Belgique à la Marne ". Pour des raisons pratiques, cette commémoration a été avancée de près de deux mois. Mais la solennité n'y perd rien.

L'organisation de ce périple historique est placée sous la houlette de l'association " La Cavalerie de la bataille de la Marne " et de l'Organisme national des anciens combattants, explique Anne Dionnet, une jeune Ardennaise " assistant mémoire " au sein de l'Onac. Cela fait partie de tout un travail de sensibilisation et de mémoire.

Hier, le Cdt Maurel et l'historien Gérald Dardart ont évoqué ces combats, dont l'issue est surtout due à des erreurs stratégiques, les gradés français refusant de croire les civils sur qui les attendait dans la forêt. Le bourgmestre Philippe Labranche a quant à lui évoqué ce que la population civile a subi, laissant Rossignol martyrisé à jamais : des dizaines de maisons incendiées et plus d'une centaine d'otages fusillés le 26 août en gare d'Arlon.•